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Théâtre : « J’aime beaucoup ce que vous faites »

Auteure de théâtre, actrice et metteuse en scène, Carole Greep co-écrit aussi des woman show . Après une première carrière dans la publicité, elle quitte cet univers à 30 ans et rencontre immédiatement le succès avec J’aime beaucoup ce que vous faites (2000), sa première pièce jouée. Avec le théâtre, elle déclare avoir trouvé une vraie famille. Elle a accepté de répondre à nos questions avant les représentations du 24, 25 et 26 avril prochain.

Propos recueillis par Marion Demeneix

Trait d’union : Pour vous, faire du théâtre, qu’est-ce que c’est?
Carole Greep :
Malgré les contraintes de lieu et de temps liées au genre théâtral et celles de la production (l’argent, et le nombre de comédiens), écrire pour le théâtre, représente une certaine liberté de ton et d’écriture.
C’est la possibilité de se faire plaisir avec les mots en allant un peu plus loin que « la vie ».

Comment y êtes-vous venue ?
Après des années de frustration dans la pub ou l’écriture se résume souvent à « idée, slogan, client, contraintes et argent », j’avais envie de développer une histoire. Je voulais mettre mes idées au service d’autre chose qu’une marque que je n’aurais pas forcément revendiquée.

Quel est votre processus d’écriture ?
Tout part d’une idée. Je peux être inspirée dans la rue, par une anecdote ou en l’occurrence, pour cette pièce, par une expérience personnelle. Cela m’est réellement arrivé. Des amis ont fait une fausse manipulation sur mon portable et je les ai entendus parler de moi.
Je me suis dit que c’était une bonne idée de départ pour parler de l’hypocrisie quotidienne. On a tous un espion caché dans sa poche. Il me semblait possible de moderniser le thème déjà beaucoup traité et joué par les « classiques ».

Pour votre pièce “J’aime beaucoup ce que vous faites”, vous attendiez-vous à̀ un tel succès ? À votre avis, qu’est-ce qui a tant plu au public ?
Je ne m’attendais absolument pas à un tel succès ! Mon seul souhait était de savoir si je savais écrire et si je pouvais éventuellement changer de vie. Allais-je pouvoir vivre de l’écriture théâtrale ?
Le public a sûrement pu s’identifier aux personnages : “ça pourrait nous arriver ; ça nous est arrivé ; c’est exactement ce qui s’est passé avec un tel ou une telle”. C’est consternant. Tout le monde est un jour confronté aux aléas de l’amitié.

Le thème principal de la pièce est-il l’amitié ?
L’hypocrisie entre amis et le rapport que l’on entretient avec la vérité.

Pouvez-vous nous expliquer comment ont évolué́ Carole, Marie, Charles et Pierre ? Dans quelle mesure leur aventure les a-t-elle transformés ?
Ils sont tous allés très loin dans « la torture mentale ». Ils se sont dit leurs quatre vérités. Ça passe ou ça casse.
Parfois, c’est un bon assainissant pour une relation qui ne tient plus que par la couture.
Comme tout trauma, il fait changer. Cela dépend des susceptibilités. Dans ma pièce, l’humour prend le dessus.
Les amis se reverront avec un « gros souvenir » en plus.

En tant que dramaturge, essayez-vous de faire passer un message ? Souhaitez-vous changer un peu les gens et la société́ ?
Cela dépend des projets. Mais il vaut toujours mieux écrire quand on a quelque chose à dire.
On est toujours plus sincère et l’inspiration est aussi plus forte. Je ne sais pas si je fais passer des messages, mais l’humour est un bon laissez passer.

Écrivez-vous en pensant au public. Vous censurez-vous ?
Non, en général, la production s’en charge !
Pour rester sincère, je me dis que ce qui touche l’intime touche souvent l’universel. Sans volonté de plaire forcément, car la séduction est déjà un mensonge.

Que demandez-vous à̀ un metteur en scène ? Y a-t-il des choses que vous n’aimez pas qu’il se permette ?
De me surprendre à travers son art, ses idées, ses points de vue, son inventivité. Qu’il me fasse découvrir ma pièce comme si elle n’était pas de moi.
Évidemment, la mise en scène dans ce genre de comédie de mœurs ne doit pas forcément se voir ou nuire au propos. Au gré des pays qui la montaient, j’ai parfois vu de très belles idées.

Avez-vous un conseil pour Emmanuel, Bertrand et Delphine(s), les comédien/nes qui incarnent un des personnages de “J’Aime beaucoup ce que vous faites” ?
Soyez sincères, Amusez-vous, ça sera jouissif !

Celle que vous voudriez que je vous pose.
He bien, je vais bien, merci, et je suis ravie que cette pièce au parcours improbable se joue encore dans le monde et particulièrement à Hong Kong ! Mes amitiés à toute l’équipe !

“J’aime beaucoup ce que vous faites”

les 24, 25 et 26 avril à 20h au Youth Square-Y Studio
Une pièce de Carole Greep.

L’histoire : Comment une fausse manœuvre avec un téléphone portable vous fait découvrir ce que vos meilleurs amis pensent de vous en réalité et ceci juste avant leur arrivée pour un week-end, finalement pas comme les autres, dans votre maison de campagne ! Bouleversés par ce qu’ils ont entendu, Charles et Carole sont prêts à tout pour se venger.


Un irrésistible règlement de compte entre amis avec son lot de non-dits, de quiproquos et de sourires grimaçants.
Cette comédie enlevée et diablement efficace, jouée plus de 4.000 fois, a déjà conquis plus d’un million de spectateurs !

Mise en scène : Marion Demeneix

Comédiens : Bertrand Leduby, Delphine Canard-Moreau, Delphine Chicheportiche et Emmanuel Lefort

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