Événement

Primaire de la droite et du centre: Interview de Bruno Lemaire

Les 20 et 27 novembre prochains, primaire de la droite et du centre

Exclusif : Interview des candidats dans Trait d’Union.
 
Les partis de la droite républicaine française organisent une primaire afin de sélectionner le candidat de la droite et du centre à l’élection présidentielle de 2017.
Une première pour les partis de droite, prenant exemple sur le parti socialiste qui avait ouvert la voie en 2011 désignant ainsi un candidat commun pour la course à l’Elysée de 2012.
Tous les candidats, ils sont au nombre de sept, ont pris l’engagement de soutenir celle ou celui qui sera désigné à l’issue de ce scrutin. Vote ouvert à tous, à la condition de s’être préalablement inscrit sur le site des primaires (l’inscription était jusqu’au 16 octobre), de s’acquitter de deux euros par tour et de signer une charte, indiquant partager les « valeurs républicaines de la droite et du centre », et s’engageant à soutenir « l’alternance afin de réussir le redressement de la France », cette primaire dont l’organisation coûtera environ 8 millions d’euros, devrait s’autofinancer à partir de 2 millions de participants. Environ 60.000 Français de l’étranger se sont inscrits pour y participer dont près de 1.200 Français de Hong-Kong et 1.100 de Chine continentale.
Désireux de toucher la communauté française établie hors de France, six des sept candidats ont accepté de répondre à nos questions.
Aujourd’hui retrouvez l’interview de Bruno Lemaire.
Propos recueillis par Catya Martin

www.brunolemaire.fr

Trait d’Union : Quelle votre vision des Français de l’étranger ?

Bruno Lemaire : Les situations ne sont évidemment pas les mêmes pour les professionnels expatriés et les résidents permanents, les bi-nationaux bien installés et ceux qui envisagent de rentrer en France, les résidents de l’Union européenne et ceux qui vivent ailleurs dans le monde.

Les Français de l’étranger sont, pour moi, ceux qui incarnent le mieux l’esprit de conquête que je veux que la France retrouve. Il faut du courage pour vivre loin de ses racines, parfois loin de sa famille. Il faut du courage pour entreprendre dans des pays dont on ne maîtrise pas forcément tous les codes.

Tous les Français de l’étranger ont cependant en commun un lien charnel avec notre pays, une langue, un héritage culturel partagé. Ils sont nos meilleurs ambassadeurs. Être Français de l’étranger, c’est porter partout le savoir-faire, la compétence, la culture française, tisser des relations avec des institutions, des communautés d’affaires et culturelles du monde entier. Ils ressentent, viscéralement, la fierté d’être Français. Et à l’inverse, ils ressentent, les manques et les absences de la France, en particulier dans sa politique internationale.

Elu président de la République, quelles seraient vos premières mesures ?

On ne peut pas demander aux Français de changer si leur classe politique refuse tout changement. Voilà pourquoi la première décision que je prendrai en 2017 sera de leur proposer un référendum, qui aura lieu au moment du second tour des élections législatives, sur le renouvellement de la classe politique et l’amélioration de la vie politique française. Les Français seront consultés sur le non-cumul dans le temps avec la limitation à trois mandats successifs pour les députés ou les sénateurs, sur l’obligation de démission de la fonction publique pour tous les hauts fonctionnaires qui font de la politique et qui sont élus à un mandat national et sur la réduction du nombre de députés de 577 à 400 et du nombre de sénateurs de 348 à 210.

Je propose de refonder notre modèle économique et social, devenu aussi inefficace qu’injuste. Pour réinventer la France, il faut aller vite et poser des fondements solides. Il faudra donc prendre trois séries d’ordonnances dès l’été 2017. La première série concernera le travail pour que chacun retrouve un travail, la seconde portera sur la solidarité, pour mettre fin au social et défendre la solidarité et la troisième portera sur l’autorité de l’Etat et son nécessaire recentrage sur ses missions régaliennes pour arrêter de s’occuper de tout et n’importe quoi.

Et concernant les Français établis hors de France quel est votre message ?

Je veux dire aux Français établis hors de France combien je leur suis reconnaissant, combien il est important qu’un grand nombre de nos compatriotes puissent défendre nos idées, notre créativité, notre culture sur tous les continents.

Il est donc essentiel de s’assurer que les conditions de vie de ces compatriotes soient favorables. Cela passe par un accès amélioré à l’école Française pour ceux qui le souhaitent, sans pour autant faire de promesses illusoires. Cela passe également par une fiscalité juste, pour ceux qui continuent de payer des impôts en France. Cela passe enfin par une évolution des rapports des administrés avec les administrations, que la numérisation des services doit contribuer à simplifier. Et comme certains sont partis, certains reviennent et la France doit savoir accueillir les siens comme il se doit.

Enfin, je veux leur dire combien je souhaite que la France retrouve sa place sur la scène européenne et la scène mondiale, dont elle a disparu. Mieux que quiconque parmi nos compatriotes, ils savent qu’il est temps de retrouver une ligne indépendante et claire dans la politique internationale de la France. C’est une question de dignité, mais c’est aussi une question de sécurité pour beaucoup de Français de l’étranger.

En quoi votre candidature est-elle différente ?

Ma candidature est celle du renouveau que je porte depuis quatre ans. Le renouveau des pratiques politiques avec la fin du cumul des mandats et leur limitation dans le temps, le renouveau de la conception du travail qui doit toujours plus rapporter que les revenus de l’assistance et enfin le renouveau de l’Etat qui doit se recentrer sur ses missions essentielles de protection des Français contre le terrorisme, à l’intérieur et à l’extérieur des frontières, d’éducation des enfants grâce à une éducation nationale qui au lieu de trier et d’éliminer permettra à chaque élève de trouver sa place selon ses goûts et ses talents et stabilisation fiscale et réglementaire pour permettre aux entreprises d’investir et de croître et aux salariés de profiter réellement des fruits de leur travail.

Que proposez-vous de différent dans le paysage politique actuel ?

Je propose une voie entre l’outrance sans limite, qui se paie de mot et la continuité du système politique comme nous le connaissons depuis 30 ans.

Je propose de rompre avec les échecs du passé dont la classe politique actuelle porte la responsabilité: échec dans la lutte contre le chômage, échec dans la lutte contre le terrorisme, échec dans la modernisation de notre système de solidarité, échec dans notre capacité à réformer notre économie.

Si la droite a été battu en 2012 c’est parce qu’elle avait déçu les Français en leur promettant des réformes qu’elle n’a jamais osé mettre en place une fois au pouvoir. Si la gauche est en train de décevoir c’est parce qu’elle mène une politique sans cohérence qui se révèle totalement inefficace face au chômage.

Notre système politique actuel est une machine à décevoir, les candidats aux élections présidentielles promettent tout et au final les Français ne voient pas leur quotidien s’améliorer, bien au contraire. Il faut rompre avec cette logique et c’est pour cela que j’ai publié mon contrat présidentiel de 1012 pages, pour présenter aux Français toutes les mesures que je mettrais en place au lendemain de mon élection.

Pour demander un mandat clair aux Français encore faut-il avoir un programme clair et c’est ce que je veux porter auprès d’eux, c’est cela le renouveau politique dont nous avons besoin.

Comment valoriser la place des Français de l’étranger dans la République ?

C’est d’abord une question d’état d’esprit de la République, qui valoriserait l’esprit de conquête. C’est ensuite une question institutionnelle. A l’heure actuelle, malgré 443 conseillers consulaires, 11 députés et 12 sénateurs, la représentation des Français de l’étranger reste insatisfaisante. Alors que les conseillers consulaires sont appelés à jouer un rôle de plus en plus important, celui-ci est souvent peu lisible et peu valorisé. Ils subissent un transfert de charge important de la part des services des ambassades et des consulats, sans que leurs moyens ne suivent. Souvent, ces élus exercent leur charge à leurs frais. De plus, la place qui leur est accordée varie fortement en fonction des administrations.

Aujourd’hui, la faible participation des Français de l’étranger aux élections nationales et locales est un obstacle. Dans mon contrat présidentiel, je propose des mesures concrètes pour améliorer cette représentation. D’abord, par la généralisation du vote électronique et l’accompagnement des électeurs qui le souhaitent pour faire croître significativement la participation aux élections. Ensuite, par la considération, les moyens financiers et matériels donnés aux élus pour exercer leurs fonctions, comme la possibilité d’obtenir un passeport de service. Par les symboles aussi comme le port de la cocarde. C’est en donnant à leurs représentants toute leur place que la République pourra valoriser les Français de l’étranger.

* Pour toutes informations sur l’organisation de la primaire : www.primaire2016.org

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