Tranche de vie

Lockdown

Mardi 14 avril, assise dans mon canapé à Hong-Kong devant moi une verveine et une tablette de chocolat déjà à moitié avalée. Cela fait quatre semaines que nous ne sommes pas sortis et tout va bien.

Par Perrine Tavernier*

 

Etat des lieux

  1. La cata…

Et ça dure ! Jamais, je n’aurais imaginé une telle situation dans le monde. Les débuts de l’épidémie à Hong-Kong m’ont fait connaître la peur, la panique jusqu’au paroxysme de l’angoisse. Et maintenant que l’épidémie a envahi le monde et s’est installée en France, au-delà d’être définitivement névrosée, je suis aussi devenue hystérique. Pourquoi ?

Réponse en 2/

 

  1. Le nombre de débiles

Lorsque que l’épidémie a frappé la France, j’ai pensé que le confinement serait respecté… mais que font tous ces gens dehors ? Entre “le sport, je ne peux pas m’en passer” dit par un homme bedonnant, les “gnagnagna, c’est trop dur d’être à la maison quand il fait beau” et les théories sur le port du masque, les bras m’en sont tombés. Il s’agit d’une infime partie de la population française mais enfin tout de même, ils m’ont sciée.

Entre l’angoisse et les débiles, la coupe était pleine. Et c’est ainsi qu’à la remise en place du télétravail de mon mari, lors de la deuxième vague de contaminations à Hong-Kong, nous avons décidé de rester chez nous.

On a déplacé les meubles de la maison pour faire de l’espace, mon mari a installé son bureau dans notre chambre et le lockdown dans l’appartement était lancé pour tous les quatre. Cette décision nous l’avons prise en pensant à toutes les personnes qui n’ont pas la possibilité de rester chez eux et nous nous sommes trouvés chanceux de pouvoir être tous les quatre enfermés.

 

Bilan

  1. Les repas

Sujet prioritaire pour le moral des troupes. Histoire de bien nous détendre, un média francophone à Hong-Kong a prédit une pénurie alimentaire mondiale avec une vigilance rouge pour Hong-Kong… Alea jacta est…

Hormis les crèmes vanille Monoprix, on a réussi à tout se faire livrer, absolument tout. Pourvu que ça dure !

 

  1. Les enfants

Le sujet sur lequel j’ai culpabilisé parce qu’à Hong-Kong, le confinement n’est pas obligatoire. J’ai pensé qu’être enfermés serait compliqué pour mes fils de 5 et 2 ans, j’avais tort. J’ai aussi pensé qu’ils avaient trop de jouets, je ne le pense plus du tout. Même les cages de but ont été installées pour un foot dans le salon. J’admets avoir crié, voir hurlé, cela en a même interrompu une réunion de mon mari (réunion organisée au moment critique de la journée, le bain) et, je me suis détendue. Croyez-le ou non, je ne crie plus.

 

  1. Le télétravail

Cette fois c’est sûr, mon mari a été moine anachorète dans une autre vie. Il est installé dans notre chambre toute la journée, un cheval dans un box. Il ne s’en plaint pas. Depuis le salon, on entend des “yes”, des “ok”, des “thanks” et parfois des “fait chier”.

 

  1. La télé

Enfants couchés, dîner préparé, encéphalogramme plat activé : tous les soirs, c’est plateau télé. En ce qui concerne les victuailles, je nous considère en très bonne voie pour intégrer une école de sumo.

En revanche, après the Crown, Glow et la Casa de Papel, armez-vous de patience pour trouver un programme sans meurtres, viols, harcèlements, drogues… Une programmation propice au bien être mais uniquement pour les psychopathes sur Netflix.

 

  1. Les cheveux et le reste

Traitons à présent du sujet qui pourrait devenir critique à la sortie… Le physique, voici le résultat de mes expérimentations.

“No bra” aka une vie sans soutif. C’est pas mal mais pour moi, cela n’aura qu’un temps. J’ai moyennement envie d’avoir la poitrine aux genoux en sortant de l’appartement.

“No poo” pour no-shampoo. Là, on entre dans le dur. Se laver les cheveux uniquement à l’eau c’est quand même très compliqué.

J’ai aussi pris conscience que mes séances d’épilation définitive ne fonctionnaient pas. Là aussi, la nature a repris ses droits, à Hong-Kong les pandas d’Ocean Park ont fait tagada tsoin tsoin après huit ans d’abstinence, mais le vrai scoop, c’est l’apparition de l’orang-outan dans le sud de l’île.

Pour les cheveux… on a passé commande d’une tondeuse ce matin.

 

Quand je lis des messages de personnes s’interrogeant sur leurs vacances de cet été, de mon côté, je suis incapable de me projeter d’une semaine à une autre. J’ai des hauts et des bas. Je suis parfois enthousiaste au regard de la gestion de l’épidémie magistralement maîtrisée à Hong-Kong et parfois, je suis saisie par des interrogations sans réponses : si on ne trouvait pas de traitements, si le vaccin n’arrivait pas, si le virus mutait… STOP ! Dans ma tête et dans mon cœur, une seule chose : l’espoir.

 

Ma playlist

Artiste : Chantal Goya

Titre : Pandi-Panda

 

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