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L’ archipel de Palawan : Une insularité tropicale restée authentique

Entre la pointe nord de Bornéo, au Sabah, et l’île de Mindoro aux Philippines, l’archipel des îles Palawan s’étale tout en longueur entre la mer de Chine méridionale et la mer de Sulu. Situé à l’écart des sentiers touristiques, ce territoire insulaire conserve une nature vierge, offrant une panoplie de sites exotiques, parfois même grandioses. 

Par Christian Sorand

 

L’immensité longitudinale de cet archipel regroupe un ensemble de 1,780 îles et îlots formant une sorte de trait d’union entre l’île de Bornéo et le reste des Philippines. Cette particularité géographique va donc avoir une répercussion non seulement sur le peuplement, mais aussi sur la faune et la flore locale.

L’archipel porte le nom de l’île principale. Palawan est toute en longueur. Elle mesure 450km de long, sur une largeur d’environ 50km. Il ne faudra pas moins de deux articles pour en brosser un tableau complet.

Ce premier article évoque la partie centrale de l’île de Palawan, au départ de Puerto Princesa, la capitale régionale.

 

Histoire et peuplement

À l’époque glaciaire, l’archipel de Palawan a servi de pont terrestre entre Bornéo et le reste de l’archipel philippin. Cette particularité physique explique pourquoi la faune et la flore de Palawan se rapprochent de celles de Bornéo. En fait, certaines tribus indigènes de la grande île de Palawan parlent un dialecte malais proche de celui du nord de Bornéo.

L’aspect physique des lieux va donc de pair avec le peuplement humain. Il y a 47,000 ans, l’homme moderne, de type Homo sapiens, a laissé ici une première empreinte, L’homme de Tabon a été découvert sur la côte occidentale de l’île, près de la ville de Quezon. Il y a là un ensemble d’environ 200 grottes (Tabon Caves) situées dans des formations karstiques. Certaines ont servi de refuge aux premiers hommes durant la période glaciaire. Ce site a été classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 2006.

Le pont terrestre, reliant l’île de Palawan à Bornéo, a permis l’implantation d’une population proto-malaise. Leurs descendants actuels sont les Batak, les Palawanon et les Tagbanua. Curieusement, l’île a été sous la tutelle des sultans de Jolo et de Bornéo jusqu’à l’arrivée tardive des Espagnols dans cet archipel.

Ferdinand de Magellan (1480-1521) colonise les Philippines au XVIe siècle. Il est assassiné sur l’île de Mactan, à Cebu. Pourtant, ce n’est qu’au XIXe siècle que les Espagnols peuvent revendiquer l’administration de l’archipel de Palawan.

Au Xe siècle de notre ère, des Chinois s’établissent autour de Puerto Princesa, sur la côte orientale de Palawan. Ils nomment ce lieu “Palao-Yu”, “la terre du beau mouillage”, un sobriquet à l’origine du nom de l’île.

 

Puerto Princesa

À la période coloniale, les Espagnols qualifient la ville de “princesse des ports’’ (Puerto Princesa). Aujourd’hui, la ville est devenue une capitale régionale de 300,000 habitants. Puerto Princesa a la réputation de se préoccuper de la conservation et de la protection de son environnement. Surnommée “Eco-city” par les Philippins, elle est renommée pour sa propreté et ses espaces verts. Puerto Princesa est le siège du Capitole provincial. Elle possède un musée (Palawan Museum) et une cathédrale (Immaculate Conception Cathedral) jouxtant un beau parc (Rizal Park). À l’extérieur de la ville, il existe aussi un sanctuaire de crocodiles et un petit parc zoologique consacré aux espèces endémiques. L’aéroport de Puerto Princesa offre des vols fréquents vers Manille et Cebu. C’est donc un lieu de passage obligé, où se trouvent les principaux hébergements et surtout les moyens de communication régionaux malgré un état des routes aléatoire. En outre, l’hôtellerie n’est pas toujours aux normes internationales selon les destinations.

Toutefois, le relatif isolement de l’archipel a permis de préserver une nature encore sauvage. Les îles sont particulièrement appréciées des plongeurs pour les fonds coralliens, malheureusement souvent menacés par des pratiques de pêche destructives.

 

 

Honda Bay

Au nord de Puerto Princesa, la baie de Honda reste l’un des haut lieux touristiques de cette partie de Palawan. 

La mer de Sulu offre toutes les images idylliques attribuées aux mers du sud : des couleurs chatoyantes aigue-marine, des eaux cristallines, des fonds coralliens abritant une faune marine exotique. Dans cette zone du Pacifique, les bateaux locaux ont des voiles colorées et sont à double balancier. Il faut donc emprunter l’une de ces embarcations pour partir à la découverte d’une myriade d’îlots égrenant la baie de Honda. Certaines sont habitées par des familles de pêcheurs, d’autres sont désertes. L’une d’entre lles, Snake Island, présente un long banc ondulé de sable blanc, à l’origine de son nom.

L’archipel de Palawan a la particularité d’avoir des îles investies par des complexes hôteliers. L’une d’entre-elles se trouve dans la partie septentrionale de la baie de Honda. Dos Palmas Resort est un de ces lieux privilégiés possédant quelques bungalows sur pilotis, sa propre plage de sable et une rondeur insulaire faisant office de jardin tropical. Pour la petite histoire, en 2001, ce lieu paradisiaque a défrayé la chronique mondiale. Une escouade du groupe Abu Sayyaf, arrivée par vedettes, a pris en otages vingt personnes, dont trois touristes étrangers. Certains ont été exécutés.

 

 La côte occidentale

Au nord de Puerto Princesa, la côte occidentale recèle des sites uniques et grandioses, ainsi que les plus belles plages qu’il soit donné de connaître, encore sauvages et fort heureusement non exploitées.

Cette partie de l’île est le domaine de la forêt tropicale. surplombée par une montagne en forme d’aiguille, haute de 1,593m. Elle est appelée Cleopatra’s Needle. L’habitat de cette région renferme des espèces animalières endémiques, tels que le binturong, mammifère arboricole, aussi appelé le chat-ours (“bearcat”, en anglais); le calao de Palawan, le paon-faisan, le cochon barbu, le crapaud de Palawan, l’écureuil volant, le moucherolle (“flycatcher”, en anglais)…

Or, cette partie de l’île abrite aussi une formation géologique créée par un relief karstique humide. La côte de la mer de Chine méridionale est toute proche. Là, une grotte, accessible par bateau, marque l’entrée d’une rivière souterraine. Ce véritable tunnel naturel est navigable sur 8.2km. Le site de Sabong Underground River a donc été inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco en 1999. On a longtemps considéré cette rivière souterraine comme la plus longue au monde. Mais depuis on a découvert un autre site identique au Laos (grotte de Tham Khuon Xe) et plus récemment encore un autre au Yucatan (Sac Actun).

Plus au sud, sur cette même côte, aux alentours de Nagtabon Beach, il existe des plages tropicales merveilleuses, connues des seuls pêcheurs locaux.

Le périple se poursuivra dans la partie nord de l’archipel. L’intérêt majeur de l’archipel de Palawan réside dans le fait qu’il est situé à l’écart des lieux touristiques traditionnels, comme Puerto Galera sur l’île de Mindoro, ou surtout les îles de Boracay ou de Cebu. Palawan est souvent considérée comme l’ultime frontière des Philippines. Son développement est resté en retrait, ce qui a donc permis à l’archipel de conserver une nature encore vierge. Il est connu aussi pour avoir plusieurs îlots aménagés pour le tourisme international. Certains sont même réservés à un tourisme restreint et exclusif.

 

 

Bibliographie:

Philippines, Lonely Planet, 2003, ISBN: 1-74059-210-7

Philippines, Insight Guides, 2002, London, ISBN: 981-234-947-2

 

Liens:

Wikipedia

-UNESCO: The Tabon Cave Complex: https://whc.unesco.org/en/tentativelists/1860/

-UNESCO: Puerto Princesa Subterranean River National Park: https://whc.unesco.org/en/list/652/

-Crocodile Park, Palawan: https://www.thepoortraveler.net/2011/04/morning-crocodiles-puerto-princesa-trip-day-3/

-Mount Cleopatra’s Needle forest Reserve: https://www.travel-palawan.com/nature/cleopatra-needle-forest-reserve/