Evasion

COPENHAGUE : Paisible sirène sur son rocher

Ancrée sur la rive sud de la mer Baltique, la capitale royale du Danemark est un port stratégique. À l’instar de sa sirène iconique, la ville et son mouillage gardent l’entrée d’une voie maritime séparant l’Europe continentale de la Scandinavie.

Par Christian Sorand

 

Doigt pointé vers le Pôle, le Danemark est un petit royaume heureux dont sa capitale est le miroir marin. Reliée par un pont à sa voisine suédoise de Malmö, Copenhague demeure une clé commandant toute entrée et sortie de la mer Baltique, sachant que la ville russe de Saint Petersbourg se trouve à son extrémité intérieure.
Ces villes du Nord, Amsterdam, Oslo, Stockholm, ont un pied dans l’eau. Copenhague n’échappe pas à ce trait commun. Non seulement, la cité est sur l’île danoise de Seeland, mais certains quartiers ont investi d’autres petites îles voisines. On ne s’étonnera pas alors d’apprendre que le bateau-bus vient compléter la panoplie des autres transports en commun classiques.

L’air marin qui souffle sur la capitale est certes propice à l’humeur des hommes, mais alimente aussi un environnement composé d’espaces verts, favorable au plaisir de la marche et aux joies du vélo.

 

Une cité jeune pourtant historique

Au gré de cet environnement aquatique, Copenhague a d’abord été un village de pêcheurs. Ce n’est seulement qu’au Xe siècle que les Vikings établissent ici les fondements du site actuel. Il faut attendre ensuite le XVe siècle pour que Copenhague devienne une capitale. Deux siècles plus tard, sous le règne de Christian IV (1577-1648), elle devient l’une des plus grandes villes de l’Europe du Nord. La vieille ville actuelle date du XVIIIe siècle. Il fait bon flâner dans les méandres des ruelles, hautes en couleurs, de la vieille cité.

La capitale danoise s’étale aussi entre Baltique et canaux. Elle se présente comme une ville circulaire, de style néoclassique, ponctuée de parcs, de ponts et de fronts de mer. Dans la partie sud du centre historique, l’hôtel de ville domine la capitale avec une imposante tour d’horloge haute de 105m. Édifié en 1905, son architecture s’est inspirée du style de celui de Sienne en Italie. Devant le bâtiment, la grande place est bordée d’un panel de vieilles demeures et de bâtiments modernes. Le jardin du Tivoli (1843), célèbre parc d’attractions, se trouve à proximité ainsi que la gare centrale de Copenhague, dont le remarquable plafond en bois, dans la salle des pas perdus, vaut le déplacement.
L’originalité topographique de la ville est telle que le quartier de Slotsholmen (“l’îlot du château”) est sur une île ! Un canal en forme de U se tourne vers le port. Ce lieu a toujours été le centre du gouvernement danois depuis le Moyen ge. Les fondations du château d’Absalon datent ici de 1167. Aujourd’hui, le château néo-baroque de Christiansborg (début du XIXe) est une troisième version, puisque les deux précédentes (XVIIIe) ont été détruites par des incendies. C’est un lieu atypique qui réunit à la fois les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. De nos jours, cet édifice comporte quatre sections. Il y a d’abord les salles de réceptions royales puis le siège du Parlement, la résidence du Premier Ministre et enfin la Cour Suprême. En traversant le grand canal, dans la partie est, on arrive dans le quartier de Christianshavn (“le port du roi Christian IV”) qui s’étale sur plusieurs autres îlots. Outre, son charme insulaire et résidentiel, il offre un sanctuaire original. L’église luthérienne de Notre-Sauveur (XVIIIe) est de style baroque et possède une flèche de 90m de haut, dont la particularité est d’être en spirale avec un escalier en colimaçon, offrant une vue spectaculaire sur la ville. Au sommet, le globe en or supporte une statue du Christ également en or.

En revenant vers le cœur de la cité danoise, sur la place de l’hôtel de ville, la zone commerçante est traversée par une rue piétonne, Strøget, longue de 1,1km. Cette artère se termine au cœur de la ville sur Kongens Nytorv (“la Nouvelle Place Royale”) où se trouvent le palais de Charlottenborg (1671), siège de l’Académie royale des beaux-arts, ainsi que d’un second édifice : le Théâtre royal danois (1874).

On est alors à deux pas du cœur battant de la capitale : Nyhavn (“le nouveau port”). Ce canal portuaire est un lieu hautement emblématique. Il est tout d’abord apprécié pour son charme historique, car il est composé de demeures colorées des XVIIe et XVIIIe siècles bordant un canal où mouillent plusieurs vieux bateaux à charpentes de bois. Bars, cafés et restaurants se sont implantés sur les quais, attirant une foule locale et internationale. C’est donc un lieu branché inéluctable. C’est dans ce quartier qu’a vécu le célèbre auteur danois Hans Christian Andersen (1805-1875).
En poursuivant vers le nord de la ville, le long des quais aménagés, on aperçoit sur la rive opposée l’ensemble futuriste de l’opéra de Copenhague, inauguré en 2005. Conçu par l’architecte danois Henning Larsen, c’est l’un des plus contemporains au monde. On arrive ensuite à Amaliehaven (“jardin d’Amalie”) s’ouvrant sur l’esplanade du palais d’Amalienborg, résidence d’hiver de la famille royale du Danemark. Cet édifice est composé d’une place octogonale flanquée de quatre palais. Au centre de cette place se trouve la statue équestre de Frederick V. La relève de la garde royale est l’une des attractions du lieu.

Il faut aller encore un peu plus au nord pour arriver au Kastellet, une citadelle massive, près de laquelle se trouve l’emblématique Petite Sirène de Copenhague, œuvre du sculpteur islando-danois, Edvard Eriksen(1913).

En revenant vers le centre-ville, on peut faire un crochet par le quartier un tantinet bucolique de Frederiksstaden, bel exemple de rococo européen. Il a été construit au milieu du XVIII siècle, sous le règne de Frederick V; c’est ici que se trouve le zoo de Copenhague, à l’intérieur d’un très beau parc.

 

Les musées de Copenhague

Si Copenhague est une ville de culture, c’est aussi une ville d’art, riche en musées qu’il serait dommage de ne pas visiter.

Le Musée national du Danemark (Nationalmuseet) a quelques départements exceptionnels. Dans celui consacré aux Vikings, on peut voir la momie de la dame d’Huldremose, vieille de 2,000 ans. En outre, la collection ethnographique est particulièrement riche.

La galerie Glyptotek Carlsberg est un autre lieu à ne pas manquer. Outre les sculptures de bronze de Degas ou Rodin, la collection des tableaux impressionnistes et post-impressionnistes est fabuleuse : Cézanne, David, Degas, Monet, Pissarro, Renoir, ou encore Bonnard, Toulouse-Lautrec, Van Gogh…

 

Quelques excursions proches

On peut aussi s’échapper aisément de la capitale danoise pour aller découvrir d’autres lieux véritablement enrichissants.

Le premier de ces endroits est un musée d’art moderne et contemporain en partie extérieur : le musée d’art moderne Louisiana d’Humlebaek à 35km au nord. Son jardin de sculptures fait face au détroit d’Øresund et offre un cadre d’exception, mélangeant art pictural, architecture et nature.

Ce musée réunit une panoplie d’œuvres d’artistes célèbres tels que Lichtenstein, Giacometti, Klein, Warhol, Picasso ou encore des sculptures d’Alexander Calder, d’Henry Moore, Joan Miró ou Jean Arp.
Cette escapade peut aussi s’agrémenter d’une visite de la jolie petite localité d’Elsinore (Helsingør, nom danois), un peu plus au nord, près de laquelle se situe le château de Kronborg, immortalisé par Shakespeare dans le “Hamlet”.

Copenhague bénéficie d’un emplacement géopolitique majeur, avec sa voisine suédoise Malmø. Ces deux villes offrent un accès stratégique sur le détroit d’Øresund, commandant la mer Baltique. Copenhague est à la fois une ville historique et culturelle, un carrefour économique important. Outre son activité portuaire, l’aéroport international de Copenhague est un “hub” pour la compagnie Scandinavian Airlines.

La capitale danoise est aussi le siège de l’armateur Maersk, de l’entreprise Carlsberg, de plusieurs compagnies pharmaceutiques, ainsi que du centre européen de Microsoft. Ses habitants (env.1.4M) bénéficient d’un haut niveau de vie, parmi les plus importants de la planète. C’est aussi un lieu fortement écologique où les transports en commun, le vélo ou la marche sont des activités prisées. L’objectif des autorités est d’atteindre une neutralité carbone en 2025.

De toute évidence, Hamlet ne pourrait plus dire aujourd’hui : ”Something is rotten in the state of Denmark”!

 

Liens :
Wikipedia
https://en.natmus.dk
Louisiana Museum of Modern Art: https://louisiana.dk/en/
Strøget : https://www.visitcopenhagen.com
Tivoli Gardens: https://www.tivoli.dk/en/