Chiang Mai : Capitale culturelle de l’ancien royaume Lanna
Il y a des villes qui ont le don d’envoûter d’emblée le visiteur de passage. Il s’agit d’une impression à priori difficile à définir. Elle vous saisit sans vraiment qu’on en connaisse la raison. Elle s’installe en vous de manière indélébile. Tant et si bien que lorsqu’on a quitté les lieux, on n’a qu’une seule envie, celle d’y revenir encore et encore. Étrange fascination, n’est-ce-pas ? Telle est Chiang Mai, belle enchanteresse septentrionale d’une autre Thaïlande culturelle, celle d’un ancien royaume entouré de montagnes où l’air frais de la grande forêt tropicale insuffle une brise légère sur une cité aux mille et une pagodes. Par Christian Sorand
Chiang Mai est souvent considérée comme une ville aux particularités bien définies. Son climat tout d’abord. Bien qu’il soit tropical, l’éloignement de la mer le rend plus sec. Par ailleurs, de par sa latitude et le relief environnant, il y fait souvent plus frais. Il y a toujours quelques degrés de différence avec Bangkok. De décembre à février, le nord de la Thaïlande connaît une période d’hivernage où les nuits sont fraîches, voire parfois, certaines années, froides et proches du zéro. Les natifs originaires de Chiang Mai ont la peau plus claire et sont renommés pour leur beauté. Il est vrai qu’un grand nombre d’entre eux sont originaires du Yunnan, en Chine du sud. Par ailleurs, Chiang Mai reste culturellement l’ancienne capitale du royaume Lanna. On y parle une langue différente (le kham muang, thaï du nord) et ses temples ont un style distinctif appartenant à la culture Lanna. Alors, oui Chiang Mai, celle que l’on surnomme « la rose du Nord », possède bien un charme, imprégné d’un certain exotisme. Car ce n’est pas seulement une ville attirant les farangs (touristes étrangers), c’est également un lieu de vacances apprécié des Thaïlandais.
Hormis la douceur de son climat, trois éléments majeurs caractérisent Chiang Mai : son histoire et sa culture, son environnement naturel et enfin l’originalité et la variété de ses sites.
Un héritage historique original
Dans le contexte linguistique du nord de la Thaïlande, chiang est un terme qui désigne ‘une ville’. Quant à l’adjectif mai, il signifie ‘nouveau’. Chiang Mai est donc ‘la ville nouvelle’. Il s’agit bien entendu d’une nouveauté toute relative. Car la fondation de Chiang Mai date quand même de 1296. La première capitale du royaume Lanna fut Chiang Rai, fondée en 1262. Rai, veut dire ‘ancien’. Voilà pourquoi Chiang Rai – plus au nord – est ‘la ville ancienne’. Chiang Mai a été fondée par le roi Mengrai (1238-1317). C’est ce même monarque qui a créé le Lanna, ‘royaume du million de rizières’, en 1259. Mengrai était issu d’une lignée de rois laos des rives du Mékong. Ce royaume du nord était constitué de plusieurs cités-États comme Lampang, Lamphun, Nan ou Phrae. Il constituait un État tampon entre le royaume d’Ayutthaya et celui de Birmanie. Les velléités birmanes finirent par triompher. En 1558, les Birmans s’emparent de Chiang Mai où ils resteront pendant deux siècles ! En 1774, le pays Lanna repasse sous l’influence siamoise pour être finalement annexé par le royaume du Siam en 1892.
Cette brève incursion dans l’histoire du Lanna permet de mieux comprendre les particularités de la province et de sa capitale, Chiang Mai. La langue et la culture originaires de cette région située sur les deux rives du Mékong, ont été successivement influencées par les cultures siamoise et birmane. Les temples du Lanna ressemblent à ceux du Laos et le mythe du Naga, ce serpent-dragon gardien protecteur des eaux du fleuve, appartient au mythe des deux rives du Mékong.
Les attraits de Chiang Mai
Quand on regarde le plan de la ville historique, on réalise que sa construction s’est faite dans un quadrilatère parfait. Un mur d’enceinte a été érigé pour délimiter l’espace. A chaque coin, on a édifié une tour défensive, puis on a creusé de larges douves à l’extérieur des remparts. Cinq portes donnent accès à la ville : au nord, à l’est et à l’ouest ; deux sur la paroi sud. Cette disposition existe encore. Les tours demeurent. Certaines parties du mur d’enceinte sont encore visibles. Les douves ont aujourd’hui l’apparence d’un grand canal aménagé en espace vert. Le carré historique conserve la plupart des sites d’intérêt. En s’y promenant, on apprécie alors le charme de Chiang Mai, car ses petites rues sont à l’abri de la circulation trépidante de la ville, en deçà des murailles et des douves. En les arpentant dans la ville intra-muros, on réalise qu’il y a des temples partout. Il est vrai que Chiang Mai recèle plus de 300 temples bouddhistes. Trois sont ici à ne pas manquer. Il y a d’abord le plus vieux temple, côté nord, le Wat Chiang Man (13ème), érigé par le roi Mengrai et abritant deux statues révérées : le Phra Sila en marbre et le Phra Satang en cristal. Il y a ensuite, côté ouest, le Wat Phra Singh (1345) construit dans le style classique du nord de la Thaïlande. Et enfin, le Wat Chedi Luang (1401) qui conserve un imposant chedi en briques de style Lanna, en partie détruit par un tremblement de terre au 16ème siècle. (Il en reste les deux-tiers aujourd’hui).
Chiang Mai est arrosée par la rivière Ping, affluent majeur du fleuve Chao Phraya, traversant Ayutthaya et Bangkok. La ville s’est agrandie tout autour de l’enceinte primitive. Toutefois, le second attrait touristique de Chiang Mai va de la porte Thapae, à l’est, aux rives de la rivière Ping. Beaucoup de grands hôtels se trouvent dans cette partie de la ville, connue pour son célèbre bazar nocturne mais offrant également d’autres attraits. Un dédale de ruelles constitué de vieilles maisons, certaines avec jardin, confère à ce quartier un agréable air provincial. Beaucoup de petits hôtels ou de maisons d’hôte y ont élu domicile. C’est dans ce quartier qu’on pourra voir par exemple un très beau temple : le Wat Buppharam (1497) est composé de plusieurs parties : un jardin cerné de figures mythologiques à côté d’un grand chedi (stupa) blanc, au pied duquel se trouve un petit temple en bois de teck du 16ème.
Un patrimoine culturel vivant
En se promenant dans la vieille ville ou dans le quartier du bazar nocturne, on mesure les attraits journaliers de Chiang Mai. On passe ici devant une maison traditionnelle en bois dont la cour a été aménagée en un joli café exotique ; là, c’est un petit hôtel de charme que l’on aurait aimé connaître avant d’arriver. L’un des plaisirs majeurs d’être ici, est un sentiment de bien-être, une nonchalance toute asiatique caractérisant si bien Chiang Mai. Les signes sont multiples. Il y a des salons de massage un peu partout; quelques boutiques spécialisées dans des produits de beauté fabriqués localement dans un esprit écologique. Quelques panneaux signalent la possibilité d’un stage de cuisine thaïlandaise. Tout ceci contribue à faire de Chiang Mai, une ville où l’on se sent bien. Le visiteur se laisse alors porter par l’exotisme ambiant.
Chaque dimanche, Rachadamnoen Road – rue principale du centre historique – est fermée à la circulation. De l’après-midi jusque tard dans la nuit, cette partie de la cité devient un grand marché de nuit offrant une quantité de produits artisanaux ou de stands de nourriture.
Chiang Mai possède une autre corde à son arc. Si la Thaïlande est un pays de festivals hauts en couleur, Chiang Mai a rendu les siens plus spectaculaires encore. Au mois de novembre, c’est la fête du ‘Loi Krathong’ pour honorer la déesse des eaux. Le krathong est un récipient fait de feuilles de banane dans lequel on ajoute des fleurs et une bougie. A la tombée du jour, des milliers de bougies flottent sur la rivière Ping ou les canaux de la vieille ville. En février, le Festival des Fleurs attire également un grand nombre de visiteurs thaïs ou étrangers. A la mi-avril, le Songkran, connu comme ‘la fête de l’eau’ à l’occasion du nouvel an thaï, revêt ici un aspect plus original. La ville arbore partout des lanternes de style Lanna (khom fai) et la nuit, des milliers de gens allument des petites lanternes en papier que l’on fait voler. Le ciel en est constellé et c’est une vraie magie !
Un environnement naturel varié et pittoresque
La région de Chiang Mai comprend les plus hauts sommets du pays. Le point culminant de la Thaïlande est le Doi Inthanon (2 565m). Le Doi Suthep (1 601m) surplombe la ville (doi est un terme signifiant ‘mont’ ou ‘montagne’). S’il y a des cultures et des rizières dans la plaine de Chiang Mai, la forêt tropicale quant à elle recouvre les montagnes, domaine d’un grand nombre d’espèces florales ou animales. L’eau est abondante dans cette partie du pays : cascades, lacs, canaux, rivières. Les hauteurs montagneuses sont le domaine d’un grand nombre d’ethnies : Akka, Hmong. Karen et Lisu. On comprend alors pourquoi Chiang Mai est devenue un centre majeur d’éco-tourisme au nord de la Thaïlande. La région recèle pas moins trois parcs nationaux : le parc national de Doi Inthanon, celui de Doi Pui Suthep et enfin le Doi Pha Daeng, près de la Birmanie.
Lorsque l’on est à Chiang Mai, il ne faut surtout pas manquer d’aller visiter le Wat Phrathat Doi Suthep datant de 1383. C’est non seulement un lieu de pèlerinage bouddhiste célèbre, mais c’est aussi l’un des plus beaux temples de Thaïlande. Perché à mille mètres au-dessus de la vallée de Chiang Mai, il offre une vue panoramique spectaculaire.
A la périphérie de la ville, le Jardin Botanique de la Reine Sirikit est le site d’une autre attraction fort prisée de tous les visiteurs. La Reine Sirikit est l’épouse du Roi de Thaïlande, connu sous le titre de Rama IX.
Une autre alternative est celle de se rendre au Parc naturel des éléphants, à une soixantaine de kilomètres au nord de Chiang Mai. Le spectacle journalier du travail des cornacs et de leurs éléphants est une visite devenue certes très touristique mais qui n’en demeure pas moins intéressante. Cette région montagneuse boisée accumule d’autres centres d’intérêt : une ferme d’orchidées et de papillons, une ferme aux serpents, un village Karen de femmes-girafes, un parc de tigres (Tiger Kingdom) où l’on peut approcher ces félins devenus d’énormes chats.
La région de Chiang Mai est devenue un haut lieu touristique. La ville est à 700km au nord de Bangkok et possède un aéroport international ainsi qu’une vaste infrastructure hôtelière. Chiang Mai fait partie des dix plus grandes villes de Thaïlande (classée 6ème). Si la population de la ville est de 160 000 habitants, on en compte environ 1 million dans l’agglomération du grand Chiang Mai. La douceur de son climat et son art de vivre décontracté en font aujourd’hui un lieu de prédilection pour beaucoup de retraités du monde entier. Certes, les embouteillages existent aussi dans la ville moderne, mais ici il est facile de se retrancher dans de petites rues ombragées et de se sentir dans un autre espace. Et puis surtout il est facile de quitter la ville rapidement et de se rendre dans un espace naturel à la fois grandiose et typique. Voilà pourquoi la capitale du pays Lanna captive autant de visiteurs étrangers, dont certains y reviennent pour s’y fixer !
Bibliographie :
Wikipedia
Alainbernardenthailande.com
Attractions in Chiang Mai:
chiangmai.sawadee.com
www.renown-travel.com
www.thainationalparks.com