Fais gaffe Mémé !
Je n’ai pas pour habitude de rouspéter pour un oui pour un non mais j’aimerais bien… Ça m’éviterait de littéralement péter un plomb lorsque la coupe est pleine.
Par Perrine Tavernier
Mon fils aîné fait partie de cette génération d’élèves qui ont démarré leur scolarité en pleine pandémie à Hong-Kong.
Prêt pour pleurer dans les chaumières ? Car ça devrait rappeler quelques souvenirs à toutes les personnes ayant vécu ou vivant à Hong-Kong durant cette période.
Au cours de l’année scolaire 2019/2020, les portes de l’école se sont fermées pour mon fils fin janvier et n’ont jamais été rouvertes.
Symbole de cette époque malade, la rentrée scolaire 2020/2021 s’est faite en ligne… Je me souviens l’avoir habillé de son uniforme, avoir préparé son cartable comme s’il partait au school bus et, en chaussettes, il a pris la direction de sa chambre pour s’assoir à son petit bureau et rencontrer son professeur derrière un écran.
En étant la plus factuelle possible, une année scolaire normale c’est environ :
– 35 semaines d‘école et 175 déjeuners avec les copains à la cantine.
Son année de moyenne section compte 14 semaines d’école en présentielle.
Sa grande section, toujours en cours, compte 7 semaines complètes à l’école et 35 déjeuners avec les copains.
A Hong-Kong, l’école n’a jamais repris en journée complète sur les campus depuis novembre 2020.
En revanche, on a pulvérisé le compteur de temps passé devant un écran, seul moyen de faire perdurer le lien avec ses professeurs et ses camarades de classe.
Et dire que durant les trois premières années de sa vie, je me suis évertuée à fuir les écrans, Vade retro Satana!
A cette époque, en France, on collait une pression aux parents en nous disant qu’une minute d’écran les rendrait totalement débiles à vie.
Tout ça pour qu’à 5 ans, je te le colle devant l’ordinateur à partir de 8h30 tous les matins en lui disant d’un air enjoué : « aller hop, c’est la visio!»
Loin de moi l’idée de prôner l’utilisation intensive des écrans pour les enfants mais, souhaitons que cette pandémie puisse faire avancer les mentalités sur le temps d’exposition aux écrans ou du moins différencier l’exposition passive de l’exposition interactive avec un professeur (pour rappel, les recommandations de l’OMS sont moins d’une heure d’écran par jour entre 2 et 5 ans – une utopie à la maison depuis 2020 – L’OMS précise toutefois qu’aucune donnée scientifique ne montre que le développement des jeunes enfants serait perturbé par les écrans).
J’écris tout cela pour ne pas oublier ce que nous avons traversé et que nous traversons encore. Et… peut être aussi, pour expliquer cette hypersensibilité exacerbée du moment au sujet des enfants.
En effet, je prends conscience que tous sujets approchant de près ou de loin à mes garçons prennent des proportions légèrement démesurées.
Outre les devoirs à la maison où je me suis grandement améliorée en termes de décibels, chaque évènement frôle le délire total.
Ainsi, avec une amie, nous nous étions mis en tête d’organiser une playdate avec nos enfants à Ocean Park. Le parc a été fermé pendant des semaines si bien qu’à la réouverture, il fallait jouer des coudes pour réserver une place.
La fameuse amie a donc étudié le site de réservation pour décompter le nombre de jours à attendre et réserver la date choisie dès l’ouverture des réservations.
Au top départ de mon amie, le jour J, j’étais devant mon écran à 6h30 du matin les billets en main.
Après cela, on s’est envoyé des messages d’autosatisfaction qui en disent long sur l’état de notre santé mentale… Tout ça pour une playdate à Ocean Park.
Les grosses malades !
Je vous passe l’épisode à Wanchai Park où une mémé a jeté le ballon de mes enfants dans une poubelle. Au lieu d’expliquer à mes fils qu’on allait s’éloigner de Mamie zinzin et passer notre chemin, ce jour-là, j’ai failli sortir le katana*. Je n’ai évidemment rien fait mais l’idée d’exploser Mémé dans le jardin m’a quand même traversé l’esprit.
Enfin, lors d’un déjeuner à la maison, de retour d’une matinée d’école, mon fils m’a dit : « Avec Chloé, on était trop près en classe, je lui ai pris la main et c’était bien ».
Il ne m’en a pas fallu plus pour déclencher un torrent de larmes. Rien qu’en l’écrivant aujourd’hui, je pourrais m’y remettre.
Tout ça pour dire qu’il serait temps de trouver un moyen de décompresser avant de sombrer définitivement.
Et ce n’est pas la perspective des vacances d’été hors de Hong-Kong qui devrait aider puisque j’ai appris, il y a peu, que même les « full vaccinated » sont envoyés en quarantaine à Hong-Kong.
Le genre de nouvelle qui transforme une banale soirée en moment de grâce…
To be continued…
*sabre japonais de 60 cm de long
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Artiste : La femme
Album : Paradigme
Titre : Paradigme