« Vianne Savoli : Une artiste Franco-Iranienne entre tradition et modernité »
Dans un monde en constante évolution, l’art devient un puissant vecteur d’expression et de réflexion. Vianne Savoli, artiste franco-iranienne établie à Paris, incarne cette dualité entre tradition et modernité. Son parcours singulier, marqué par une transition du secteur financier à celui de l’art, témoigne d’une quête essentielle de liberté et d’esthétique. À travers ses œuvres, elle explore des thèmes profonds tels que l’identité, la sensualité et les dynamiques sociopolitiques. Depuis 22 ans, la France, où elle a fait ses études, occupe une place centrale dans sa vie. C’est en France que Vianne s’est véritablement épanouie en tant qu’artiste. Dans cet entretien, Vianne partage son expérience, ses inspirations et les messages qu’elle souhaite véhiculer.
Propos receuillis par Catya Martin
Catya Martin : Comment passe-t-on du monde de la finance à celui de l’art ?
Vianne Savoli : Depuis toujours, j’ai voulu être artiste. C’était mon rêve, celui de partager mon expérience avec les autres.
Cependant, la vie ne m’a pas permis de m’y consacrer immédiatement. J’ai dû passer par d’autres phases et me retrouver dans la finance, où j’ai été trader pendant de nombreuses années.
Au fil du temps, j’ai compris que cette expérience était essentielle. Elle a façonné la personne que je suis aujourd’hui. Dans mes œuvres, vous pouvez voir des hommes en costume et une femme qui cherche à s’exprimer. C’est un peu moi. Mon expérience dans le domaine financier a été un élément créateur dans mon art. Mon style combine des influences art déco des années 1920 avec des concepts contemporains et politiques.
Quel message souhaitez-vous transmettre ?
Nous vivons à nouveau les années 20, cette fois du XXIe siècle. Je m’inspire de l’autre décennie des années 20, une période fascinante qui
continue d’influencer la modernité. C’était une époque de mini-renaissance culturelle, entre deux guerres.
Aujourd’hui, bien que le monde soit confronté à des conflits, nous sommes de nouveau en quête d’esthétique, un désir perdu à la fin du
XXe siècle. Les débats sur la modernité et la tradition persistent. J’essaie de peindre un autre « twenties ».
Le symbolisme est au coeur de votre art.Pouvezvous nous l’expliquer ?
J’ai grandi dans un pays où j’ai été exposée à des expériences intenses, presque archétypales. Je suis née le jour de la révolution en Iran, suivie d’une guerre, où la mort faisait partie de la vie quotidienne.
Plus tard, en vivant aux Pays-Bas, j’ai découvert d’autres cultures. J’ai développé une sensibilité aux religions et à la mythologie, en particulier la mythologie grecque, qui relie vie, religion et philosophie à travers des symboles. Ces symboles constituent un langage universel.
Dans mes tableaux, vous trouverez souvent des éléments comme des téléphones, symbolisant la communication avec soi-même, ou des
pommes, renvoyant à la sagesse féminine. La déesse Aphrodite apparaît également fréquemment, représentant la beauté et l’amour.
Qu’en est-il de la représentation de la femme ?
Quand je parle de la nudité féminine dans mes œuvres, je souhaite montrer la beauté telle que Dieu l’a créée. Certains voient cela sous un angle sexiste, mais je cherche à célébrer la sensualité.
En Iran, la femme a été réprimée depuis 1979. Ce jour-là, la révolution a effacé la figure d’Aphrodite, forçant les femmes à se cacher derrière des vêtements sombres. Dans mes œuvres, j’inverse cette tendance en montrant le corps et la sensualité, tout en laissant le visage anonyme pour représenter toutes les femmes.
Que représente cette exposition à Hong Kong ?
Cette exposition est une chance de dialoguer avec le public hongkongais, une ville riche en culture et très cosmopolite. J’espère que mon
message, qui célèbre l’esthétique et la déesse Aphrodite, résonnera ici.
Quelles sont vos prochaines étapes ?
Je vais rester un peu en Asie, puis retourner à Paris pour continuer à peindre. Actuellement, je travaille sur une série de tableaux représentant trois ex-politiciens iraniens assassinés. À travers mon art, je souhaite leur donner vie et voix, surtout en cette période de révolution en Iran.
Nous avons connu le mouvement pour les libertés il y a deux ans. La quête de normalité est essentielle. Après 45 ans de régime dictatorial, les opposants continuent d’être persécutés. Je souhaite immortaliser cette renaissance iranienne à travers mes peintures.
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“Dresses & Mustaches” Jusqu’au 7 Janvier 2025 – amandaweigallery.com
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