Culture

VEA : une expérience gustative

Un chef virtuose, un mixologiste enthousiaste, 25 places au bar autour de la cuisine ouverte, un menu extraordinaire au sens propre du terme, voilà qui résume bien l’expérience VEA.
Par Caroline Fieux

En cuisine, on retrouve Vicky Cheung, l’ancien chef des célèbres « Liberty Private Works » et « Liberty exchange ». Derrière le bar, c’est Antonio Lai qui opère.
Le restaurant, qui n’est ouvert que le soir, mise sur la perfection. Un nombre restreint de couverts, un accueil chaleureux mais discret, une petite salle privée, des lumières tamisées, tout est mis en œuvre pour que chaque invité se sente privilégié.

Récit d’une expérience exceptionnelle

Tout commence par la réservation en ligne où il est possible d’indiquer une intolérance ou allergie alimentaire ou plus simplement si un plat, un ingrédient ou une saveur ne sont pas plaisants. Nous en profitons pour préciser que nous venons à l’occasion d’un anniversaire.
Nous sommes stratégiquement placés au milieu du bar, face à la station des amuse-bouche.
Toute la décoration de table est aussi jolie que comestible. 

Pour accompagner le menu unique en 8 plats, nous optons pour un un accord mets vin qui nous paraît plutôt classique et un « cocktail pairing » assez peu conventionnel.

Pour commencer, trois amuse-bouche rappellent bien les origines hongkongaises du chef. Ils seront suivis d’un longane glacé surmonté de son petit chapeau, qui n’est pas sans rappeler la cupule du gland. Après ce petit trou normand, c’est au tour des entrées de nous impressionner.

Le plat qui combine thon, oursin d’Hokkaido et piment d’Espelette et qui est surmonté d’une fine couche de gelée de concombre caramélisée au chalumeau reste notre coup de cœur. Servi sur une assiette glacée et accompagné des explications claires et concises des chefs, c’est un petit morceau de plaisir intense dont notre palais se souvient encore avec émotion ! Heureusement c’est un des plats qui fait la renommée de VEA et il ne va donc pas changer de sitôt. Mis à part les plats « Signature », un plat du menu est remplacé par une nouveauté toutes les 2 semaines.

Les assiettes se suivent et ne se ressemblent pas. Si on est impressionné par la vaisselle qui a été faite sur mesure pour accompagner au mieux les créations culinaires du chef, c’est surtout ce qu’on trouve à l’intérieur qui nous délecte. Du crabe, de la langoustine, l’incontournable œuf coulant sur un ravioli surmonté de caviar, de la pintade qui croule sous la truffe et même du salsifis, confit et fondant à souhait !
Lorsque c’est possible et que le climat hongkongais le permet, le chef fait venir les légumes de sa ferme personnelle dans les Nouveaux territoires. Pour les autres ingrédients, il n’y a souvent pas d’autre choix que de les faire venir d’Australie ou de France.
Mais pas pour le dessert ! Pour le dessert le plus « fou » que vous testerez, il nous faut : du quinoa et… un œuf de cane salé ! C’est tout à fait exceptionnel !

Qui dit anniversaire ne dit pas forcément chanson au moment du dessert. Ici, c’est beaucoup plus subtil, un petit mot personnalisé imprimé sur le menu, et un cochon de lait en chocolat après le dessert. Le chef s’inspire de ses racines hongkongaises pour créer cette charmante attention.

Pour agrémenter ce repas de roi, l’accompagnement des vins est un sans-faute. Des crus australiens, français ou italiens bien sûr, mais aussi d’excellentes surprises venant d’Angleterre ou des Etats-Unis.

Ceci dit, c’est l’accompagnement des cocktails qui rajoute du piquant au repas… au sens propre et au figuré.

Les mariages sont subtils, savamment dosés, et à certains moments, on se demande pourquoi on ne choisit pas cette option plus souvent. Nous avons un petit faible pour le consommé de champignon shiitake et whisky, ainsi qu’un « gros » faible pour le dernier cocktail, à base de gin et de jus de bissap.

De la haute gastronomie française, un « twist » asiatique, deux artistes aux commandes, ce n’est pas du dernier restaurant à la mode dont nous parlons, mais bien d’un grand chef qui ne tardera pas à se faire un nom !