Vamille, invitée d’honneur du Festival de la Francophonie
Sa signature est une contraction de son nom de famille et de son prénom. Dans la vie, Vamille s’appelle Camille Vallotton. Elle a 33 ans. Autrice de BD et illustratrice basée à Fribourg en Suisse, elle raconte ses histoires à travers le dessin depuis l’enfance. Elle est, cette année, l’invitée d’honneur du Festival.
Propos recueillis par Anne-Claire Poignard

Comment avez-vous eu le déclic pour le dessin ?
J’étais assez mauvaise à l’école. Enfant, j’ai compris qu’on pouvait raconter des histoires par le dessin. J’ai commencé et je n’ai jamais arrêté. Vers 15-16 ans, je termine l’école obligatoire en Suisse et je m’oriente vers un apprentissage dans la vente et le commerce. Je vendais des sacs à main et des valises. Je n’étais pas très heureuse. A 21 ans, j’ai décidé de bifurquer vers une école d’art : la Haute école d’art et de design à Genève (HEAD). Je choisis assez vite la spécialité « Illustration et bande dessinée ». Ma première BD, Speculum Mortis, c’est mon travail pour le diplôme.
Avec cette première BD, vous décrochez le prix TOPFFER de la jeune bande dessinée du canton de Genève, que raconte Speculum Mortis ?
C’est l’histoire du dernier être vivant sur Terre, en l’occurrence un chien. On le suit dans un monde post apocalyptique où il tente de survivre. J’ai écrit cette BD à la fin de mes études. A l’époque, je me questionnais sur la mort.
Vos premières bandes dessinées sont toutes des récits muets ?
Oui je pense en images davantage qu’en mots. Ce qui m’intéresse dans le récit muet c’est que tout le monde comprenne l’histoire quelle que soit la langue. Quand j’ai créé Bonjour Bonsoir, j’étais en stage pour 6 mois aux Pays-Bas, mes interactions étaient limitées à peu de mots. Cette BD est une collection de petites interactions du quotidien vécues dans un décor inspiré de la ville de Rotterdam. En 2023, je pars en résidence artistique au Japon. Je renoue avec les mangas qui m’ont donné le goût pour la BD. Cela m’a inspiré L’histoire de Sakana Kid.
Que raconte L’histoire de Sakana Kid ?

C’est l’histoire d’un petit poisson qui s’échappe d’un aquarium et qui se retrouve dans les rues de Tokyo sous une forme mi-animale mi-humaine. Comment va-t-il survivre et s’adapter ? On plonge avec lui dans l’univers tokyoïte : gymnastique matinale, transports en commun, bains publics. C’est une réflexion sur le dépassement de soi et l’adaptation à une nouvelle culture. Sakana Kid a voyagé à travers des expositions au Japon, en Suisse, en Bolivie. J’ai fait beaucoup de rencontres avec ce personnage. Beaucoup de jeunes se sont reconnus dans ce parcours migratoire. Je ne pensais pas que ça toucherait autant le public.
Dans votre prochaine BD, vous avez choisi d’introduire du texte ?
Oui et je vais m’appuyer sur le français. Le maniement de la langue est un défi pour moi. Il faut faire en sorte que le texte complète l’image sans la répéter et vice-versa. Je travaille avec mon éditrice pour essayer de trouver l’équilibre.
Quel est le thème abordé ?
Fleurs intestinales est une autofiction autour de la maladie de Krone. Le personnage principal c’est moi. Cela se passe en Suisse, c’est mon histoire. A 19 ans, j’ai été diagnostiquée de cette pathologie auto immune qui affecte les parois de l’intestin. Cela provoque des douleurs et il n’y pas encore de traitement pour la guérir. Je raconte sur une dizaine d’années l’impact de la maladie sur une vie de jeune femme. Mon rapport au corps et aux autres. Le registre est poétique et parfois sombre. Mon besoin c’est de mettre en images mes sentiments : le déni, le choc, le deuil d’un passé insouciant. J’ai ressenti la nécessité de documenter ce vécu parce que je me dis que cela peut servir à d’autres femmes. Le message c’est qu’il faut faire la paix avec soi-même pour continuer d’avancer. Accepter que la maladie sera toujours là, permet d’avancer dans son chemin de vie.
—————————–

Ouvrages disponibles à la Libraire Parenthèses