Une dentiste française à Hong-Kong
A Hong-Kong depuis près de dix ans, Marianne Manset est à ce jour l’unique dentiste française installée dans l’ancienne colonie britannique. Exerçant entre les quartiers de Central et de Repulse Bay, elle est aujourd’hui bien connue de la communauté française. Première expatriation pour Marianne Manset qui accepte, en 2009, d’arrêter sa carrière de dentiste à Paris et de fermer son cabinet pour franchir le pas en famille et suivre son mari en Asie.
Par Catya Martin
Parcours courageux pour cette spécialiste en parodontologie qui, en plus d’installer ses enfants de 9 et 11 ans à leur arrivée, doit reprendre des études afin de pouvoir exercer pleinement son métier à Hong-Kong.
« C’est un examen très compliqué, très technique, j’avais l’impression de refaire l’ensemble de mes études mais cette fois en anglais », explique-t-elle. « J’ai donc du tout réapprendre, 20 ans après, dans une autre langue et avec un système d’étude totalement différent de ce que l’on connaît en France ! ».
La première étape pour la Française a donc été de s’inscrire assez rapidement à des cours d’anglais. « J’ai travaillé comme lors de ma première année de médecine, seule, avec la tête dans les livres à la bibliothèque de l’université et je pense avoir eu raison car aujourd’hui, je suis la seule française à avoir réussi cet examen », souligne-t-elle.
Il aura fallu deux ans de travail acharné pour que Marianne obtienne, en 2012, le saint Graal et puisse enfin exercer officiellement. Elle trouve très vite un cabinet pour l’accueillir, trop chanceux d’employer l’unique dentiste française de Hong-Kong. « J’ai eu beaucoup de propositions et avait rencontré lors de mes études un cabinet très bien où j’exerce toujours aujourd’hui. On travaille en équipe avec des moyens nous permettant de faire notre métier correctement », explique-t-elle.
Dédiée à sa spécialité, la parodontologie, elle rencontre un nombre important de Français à la recherche d’une professionnelle parlant leur langue. C’est donc assez naturellement qu’elle accepte de voir tout le monde, adultes et enfants, en simple consultation dentaire, jouant le chef d’orchestre s’il y a besoin de spécialiste. « Je reste leur interlocuteur principal et cela les rassure », tient-elle à ajouter.
Très axée sur la prévention, Marianne Manset se fixe un objectif principal, bannir les carries et autres soucis liés à un manque d’information préalable. « La prévention est reconnue par les assurances ici ce qui n’est pas le cas en France, expliquant pourquoi les dentistes ne le font pas systématiquement alors que c’est la base d’une bonne hygiène dentaire. Je peux donc prendre le temps nécessaire par patient pour leur en parler », souligne-t-elle.
Son choix de spécialité a été une évidence pour elle. « C’est une spécialité médico-chirurgicale donc j’ai à la fois le côté technique et manuel de la chirurgie que j’aime beaucoup et le côté médical avec le traitement de personnes ayant des maladies chroniques. On noue un contact, on revoit les gens. J’aime cette idée de pouvoir suivre mes patients dans le temps », explique-t-elle.
Principalement expatriée, sa clientèle lui permet de découvrir différentes cultures. « En fonction des communautés les réactions sont différentes et c’est un des côtés passionnants de l’expatriation où nous rencontrons des personnes que nous n’aurions jamais croisées avant », précise-t-elle. Une chose est confirmée, la peur ou du moins l’appréhension du dentiste existe dans tous les pays. « Il y une grosse partie d’angoisse car vous êtes allongé, la bouche ouverte sans rien voir. On a tous connu, enfant, un souci voire une peur lié au dentiste. C’est pour cela que la règle première reste de ne jamais effrayer un enfant. Il faut l’emmener très tôt chez le dentiste pour qu’il comprenne que c’est une étape normale dans une vie. Ici, les enfants arrivent avec le sourire et sautent sur le fauteuil. J’aime voir les gens en prévention et régulièrement pour casser cette image du méchant dentiste et faire comprendre que nous faisons partie de leur quotidien, pour leur bien ».
Son plus est, sa formation à l’européenne là où un grand nombre de praticiens arrivent des Etats-Unis. « C’est une autre mentalité. Lorsque je rencontre un patient, il y a différents traitements, à l’américaine où on refait tout ou plus à l’européenne ou non on ne refait pas tout et je pense que c’est bien d’avoir des gens comme moi pour contrebalancer les excès que l’on peut avoir parfois. Pour moi, c’est un mantra voire une croisade même au sein du cabinet où j’exerce. Je constate néanmoins que le message passe et commence à entrer dans les mœurs.», explique-t-elle.