Un savoir-faire à la française
Conseiller auprès des plus grandes maisons de mode, Benoît Duvignacq s’est lancé un défi, créer sa propre marque de maroquinerie française. Lancée en 2009 avec une première collection présentée en 2010, le jeune français ancien élève de stylisme à Esmod qui a également collaboré avec Sonia Rykiel, voit en l’accessoire en général, le sac en particulier, un moyen de pouvoir se lancer dans ce monde impitoyable qu’est la mode. Présent à Hong-Kong, à l’événement organisé par la French Chamber, Euro Pop, Benoît Duvignac nous a présenté ses créations.
Par Catya Martin
Son travail se fait autour de fabrication artisanale française. Le choix des peaux est aussi important que le travail des coupes.
Dès 2010, il présente ses sacs Rialto et Faubourg, avec la perche du Nil. Ce choix part d’une histoire où hasard et rencontres le mènent vers ce poisson aujourd’hui en voie de disparition. “C’est au fond d’un tiroir, chez mon fabricant, que j’ai trouvé une peau qui a aussitôt attiré mon attention. J’ai demandé ce que c’était, là, mon fabricant incapable de savoir décide de joindre son grand-père âgé de 85 ans qui nous livre l’histoire de ce morceau abandonné. Une commande non suivie de Dior dans les années 50 et des peaux de perche du Nil toujours stockées en Auvergne. Je décide donc d’y aller et de les récupérer pour ma collection”.
Chaque modèle est décliné en plusieurs teintes, son inspiration sur les couleurs lui vient du quotidien. “Chaque instant, chaque regard m’inspire”, déclare Benoît, “une balade à Kowloon, un sublime tableau de Klimt, les yeux d’une femme croisée dans une rue ».
Si travailler dans la mode est une évidence pour lui, le combat n’était pas gagné pour autant. Une famille qui lui dessine un avenir tout organisé, une profession pas forcément acceptée dans son univers. Lycée, lettres supérieures, sciences politiques seront donc les premiers pas vers un métier pour ce jeune homme déterminé à réaliser ses rêves. Sa famille s’aperçoit rapidement que la mode est faite pour lui et qu’il est fait pour elle et c’est là qu’il entre à Esmod. Des débuts compliqués mais très vite repéré par ses enseignants, le jeune homme va enfin pouvoir s’épanouir dans son travail. “J’ai l’oeil et je sens les modes. Tout ce que je sais je l’ai appris sur le terrain, au quotidien, pas à l’école. Si j’ai décidé d’intégrer le monde de la mode ce n’est surtout pas pour le glamour ou les paillettes mais pour l’amour du produit, comprendre et apprendre”, explique-t-il. “J’ai la chance d’avoir un carrière liée à des rencontres, une envie d’apprendre chaque jour. J’ai envie tous les soirs de me coucher avec le sentiment d’avoir appris des choses, vu des choses bref avoir été nourri”, explique le jeune créateur.
Sa marque, son bébé, il la veut classique. “J’ai compris que pour qu’un produit dure dans le temps, il faut avant tout faire ce que vous porteriez, vous. Ce que vos amis porteraient, ce que votre famille aime”. Ses nombreux voyages à travers le monde lui permettent d’avoir un regard sur les tendances, il observe tout, tout le temps. “C’est avec ce regard et ces constats que je créé mes modèles et aujourd’hui je travaille en fonction de mes clients, de leurs besoins, beaucoup sont devenus mes amis, j’écoute et eux m’écoutent”.
La marque Benoît Duvignacq représente aujourd’hui les sacs avec des accessoires vendus uniquement avec le sac, des vestes et blousons en cuir et peau. Sa position à l’international a pris de l’ampleur avec une présence au Japon et Vietnam pour l’Asie mais également aux Etats-Unis (NYC, LA, Miami, SF, Boston et Chicago).
Hong-Kong pourrait bientôt accueillir ses créations. “Je discute actuellement pour trouver la bonne personne ici, je ne veux pas être déçu mais ça se précise”, indique-t-il. Ses projets pour le court ou long terme, Benoît Duvignacq a du mal à nous en parler. “C’est très compliqué pour moi de me projeter, je suis dans l’instant. Je peux le faire pour mes clients, dans mon activité de conseiller de marques mais c’est plus difficile lorsqu’il s’agit de moi”. A suivre…