Tranche de vie

Un été à Hong-Kong

Je n’en reviens pas de la vitesse à laquelle les deux mois d’été sont passés. Moi qui m’en faisais une montagne, l’été a filé tant est si bien qu’en déposant mon petit dernier à l’école le jour de la rentrée, j’ai presque versé ma larme. Je me suis dit qu’heureusement mon grand avait sa rentrée en décalée et… J’ai finalement vite séché mes larmes. A présent, le compte à rebours est lancé pour l’ouverture des portes du Lycée Français et, en simultané, le démarrage des festivités entre « survivantes » de l’été 2021 à HK.

Par Perrine Tavernier

 

J’avais tout préparé telle une furie du tableau Excel pour que tout roule comme sur des roulettes. Et tout a roulé, mieux que dans mes rêves.

Les conditions de voyage se sont même assouplies durant un laps de temps assez court mais suffisamment long pour que l’idée de prendre l’avion me traverse l’esprit. 

Les voyages en France étaient là pour revoir la famille et les amis mais pas uniquement. Ils étaient aussi la piqure de rappel de nos origines, notre façon de vivre et dans nos valises, c’était un peu la France qu’on ramenait chaque année pour que le « décalage » ne se creuse pas trop… Je parle de ce décalage que tous les expatriés finissent par connaitre lors de leur retour en France. Qu’on soit en vacances ou de retour pour de bon, à un moment donné on va réaliser qu’on a changé et que notre famille ou nos amis, qui ne sont pas expatriés, eux n’ont pas changé. On se retrouve à avoir des discussions un peu décousues, des points de vue souvent divergents et naturellement, on se tait. Plus les années passent et plus le silence s’installe. 

Deux ans sans la France avec un sujet commun tel que la pandémie et une gestion de crise à l’opposé entre la France et Hong-Kong, il n’en fallait pas moins pour passer en mode grand écart niveau décalage.

En cas de retour en France cet été, je m’imaginais devoir expliquer notre vigilance accrue envers le virus car à notre retour, une à trois semaines en chambre d’hôtel nous attendait, que nous ne profiterions ni du buffet ni de la piscine de l’hôtel car la quarantaine c’est DANS la chambre d’hôtel. Que ma plus grande hantise n’est pas de rester dans la chambre mais que l’un de mes fils ouvre la porte de la chambre et qu’on écope d’une peine de 6 mois d’emprisonnement. Et que si par malheur, l’un d’entre nous était testé positif, on se retrouverait séparés. 

Les uns, en tant que cas contact, vivraient dans des préfabriqués aux allures de prison pendant 21 jours minimum. Les autres contaminés iraient à l’hôpital jusqu’à ce que les autorités décident d’une date de sortie nous concernant. Rien que de l’écrire j’en ai des sueurs froides surtout en pensant à l’une d’entre nous qui est en train de traverser cela avec son mari et ses enfants. 

Donc en fait, on est resté à Hong-Kong et tant pis pour le décalage qui se creuse indéfiniment sur tous les sujets même les plus désinvoltes.

Petit à petit, je me façonne de plus en plus à la vie Hongkongaise. Ici, on croise souvent dans les rues des personnes faisant du sport y compris à un âge avancé. On voit des Mamies et Papy dans des parcs équipés d’agrès faisant des étirements et se tapant les membres.

Lorsque je vivais en France, mes dernières séances de sport remontaient à mes années lycées non pas par faute de temps mais parce que je n’aime pas cela et que je suis fainéante.

Cet été, je me suis lancée dans le sport avec une coach. J’ai fait des squats, soulevé des poids, transpirée comme un buffle… Cela ne m’a pas empêché d’être en retard à chaque séance bien que la coach se déplaçait jusqu’à la salle de gym de notre immeuble.

Les efforts ont payé mais ont été totalement anéantis par tout ce que j’ai boulotté cet été.

Y compris du durian ! Motivée par une amie qui, je pense, a tout tenté au rayon culinaire de Hong-Kong, j’ai gouté ce fruit. J’ai voulu limiter les risques en le goutant sous forme de pâtisserie mais le résultat n’a pas été concluant : c’est immonde. Le seul point positif est que j’ai agrandi mes connaissances olfactives. Je sais à présent que cette odeur d’égout si souvent sentie à Hong-Kong n’est autre que celle du durian. 

Je me suis aussi équipée d’un ricecooker, le genre d’appareil que je pensais sans intérêt. Je voyais bien le regard de ma helper quand je lui disais auparavant de prendre une casserole et de faire cuire le riz avec de l’eau… Bref, je ne sais pas quelle sera la prochaine adaptation locale, je vais peut-être finir par acheter des pattes de poulet… Naaaaaaaaaannnnnn !

 

Bonne rentrée à tous !

 

Ma playlist

Artiste : L’impératrice

Single : Vanille fraise