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Tara fait escale à Hong-Kong

Depuis 2003, la Fondation Tara Expéditions organise des expéditions en mer, en collaboration avec des laboratoires scientifiques internationaux, afin d’étudier et comprendre l’impact des changements climatiques sur nos océans. La célèbre goélette fera escale à Hong-Kong du 7 au 15 mars. Entretien avec Romain Troublé, Directeur général de la Fondation.

Propos recueillis par Isabelle Chabrat

 

Trait d’Union : Quelle est l’origine du projet Tara Expéditions, parlait-on déjà de changement climatique en 2003 ?

Romain Troublé : Lorsque Tara a été engagée dans une expédition au Pôle Nord par agnès b. pour étudier les glaces, l’océan et l’atmosphère, on parlait en effet assez peu de changement climatique. Du moins les médias parvenaient difficilement à établir un dialogue entre la science et le grand public. Les fondateurs ont donc eu envie que ce bateau fasse parler de l’océan, de la planète, qu’il nous inspire à nouveau. Comme une nouvelle « Calypso », qui est devenue aujourd’hui un laboratoire, à la pointe de la science.

 

Après 10 expéditions et près de 350 00 km parcourus sur les océans de la planète, quel est votre constat ? A quelle vitesse s’est dégradé l’état de nos océans ?

Aujourd’hui, après quelques décennies d’utilisation du plastique, on retrouve des macros déchets sur les plages mais surtout des micro-plastiques dans tout l’Océan. Partout où Tara navigue, nous trouvons des fragments. En 2011 en Arctique, loin des populations, des habitations et des sources de pollution, nous avons découvert des zones d’accumulation de débris petits comme des grains de riz. Notre quotidien a eu un tel impact en seulement 50 ans.

D’autre part, depuis la Révolution industrielle, on estime que 90 % de la chaleur émise a été absorbée par l’Océan. Avec l’expédition Tara Oceans (2009-2013) nous avons découvert que la température avait un impact majeur sur la répartition du plancton, base de la chaine alimentaire marine, nourriture des poissons. Mais il faut aussi savoir que l’Océan est un écosystème très résilient capable de se régénérer très vite si tant est que l’on relâche la pression.

 

Que vous apporte votre présence dans une ville comme Hong-Kong ?

Hong-Kong a été pendant longtemps l’un des plus grands ports d’Asie, une ville clé aussi pour son activité économique. C’est donc un des lieux où nous voulions nous arrêter, pour partager et rassembler autour de cette idée d’Océan comme bien commun.

 

Vous serez aux côtés du Consul General samedi 10 mars pour l’opération « Sous les déchets, la plage ». Ce genre d’initiative citoyenne est un autre moyen d’alerter sur les dégâts de la pollution marine. Quelle importance lui accordez-vous ?

Ces opérations sont bien sûr une première étape, une façon très concrète et ludique de sensibiliser, d’alerter mais aussi de se prouver que l’action collective est possible. Reste à mettre en œuvre les circuits d’économie circulaire, sensibiliser sur la consommation d’emballage, sur la gestion des déchets et le recyclage. Un beau défi !

L’équipage accueillera près de 700 élèves du LFI, qui visiteront la goélette. Ces moments de partage avec les jeunes générations sont-ils essentiels ?

L’aventure de Tara ne serait pas complète si elle ne se partageait pas avec celles et ceux qui hériteront demain de cette planète. Ceux sont eux qui seront amenés bien vite à décider de son avenir… Et puis pour nous aussi, ces moments sont des moments d’inspiration, cela nous donne beaucoup d’énergie et renforce nos convictions, à bord de Tara comme à terre.

 

Souhaitez-vous encourager des vocations ?

C’est bien sur l’un des objectifs de la Fondation Tara Expéditions oui ! Embarquer les jeunes à bord de Tara, c’est transmettre le goût pour la science, c’est apprendre à douter, apprendre à relever les défis, faire l’expérience de la rigueur, de la méthode. Géographie, histoire, biologie, technologie, arts plastiques, langues étrangères, avec Tara on découvre de nouveaux horizons et des cultures inconnues. Et, bien sûr, découvrir la vie à bord d’un bateau, c’est découvrir des métiers et des histoires de vie, qui nous ouvrent les yeux, qui posent question, fascinent et motivent les jeunes à se projeter, à imaginer un métier.

 

Quels sont les messages principaux que vous souhaitez véhiculer aux jeunes ?

In fine, ce que nous voulons réellement transmettre c’est que tous ces bouleversements impacteront bien plus l’homme que la planète. La planète en a vu bien d’autres et elle s’en remettra. Mais l’Homme, lui, pour continuer à profiter de cette planète, va devoir profondément revoir ses modes de vie, et cela passe avant tout par un changement dans nos modes de pensée… Et c’est aussi se dire que notre futur collectif ne dépend que de nos actes collectifs aujourd’hui. Les défis sont là pour être relevés, voilà qui est excitant !

 

Pour plus d’informations sur l’escale de Tara vois rubrique Agenda