Réserver son restaurant sans perte de temps
Créée par trois jeunes Français, l’application gratuite Bistrochat est aujourd’hui devenue une référence pour faciliter les réservations dans un restaurant ou un bar de la ville. Nous avons rencontré Hacène Taibi, un des co-fondateurs pour en savoir un peu plus sur ce « whatsApp » des restaurants.
Diplômé de l’école d’ingénieur informatique Epita, en systèmes réseaux et sécurité, et aussi de l’université Paris-Dauphine en affaires internationales, le jeune Français a travaillé pour l’ambassade de France en Autriche d’abord puis en Chine. Ensuite, il confonde sa première société THEM qui développe des sites et se spécialise en référencement sur internet en Chine et en Russie. Des bureaux sont ouverts, en plus de Pékin à Shanghai et Moscou avant qu’il ne vende la société à Altima (devenue depuis Accenture). C’est en participant à la création des établissements O’Steack à Pékin qu’il découvre le monde de la restauration. A Hong-Kong depuis 2015 le jeune home a décidé de se lancer à nouveau dans l’entreprenariat avec la création de Bistrochat.
Rencontre avec un entrepreneur passionné, fin connaisseur de la Chine.
Propos recueillis par Catya Martin
Comment vous est venue l’idée de Bistrochat ?
Actionnaire de restaurants à Pékin, j’ai travaillé avec le personnel et ai découvert ce monde de la restauration. Je me suis aperçu que j’aimais cette ambiance et surtout les acteurs qui composent ce milieu qui sont, pour la plupart, des personnages hauts en couleur. Très vite mon regard d’informaticien a pris le dessus et j’ai pu constater qu’il manquait beaucoup d’outils tant pour faciliter les réservations que pour fidéliser la clientèle. C’est de là que l’idée à commencer à venir.
Combien de temps entre l’idée et le lancement ?
Avec mes associés, nous avons créé une petite version pour, dans un premier temps, tester le marché avec quelques restaurants. Cette version nous a permis d’avoir un véritable retour sur la faisabilité du projet. Nous avons travaillé près d’un an. Notre objectif était que le produit devait être tellement bien qu’il devait enclencher de lui-même sa croissance (product-market-fit). Après plusieurs versions, nous avons aujourd’hui un bon rythme avec une croissance de 30 % depuis plusieurs mois.
Quel est l’impact de la situation actuelle, avec l’épidémie, sur votre activité ?
C’est une situation plus compliquée que les difficultés qu’ont eu les restaurants avec les manifestations.
Aujourd’hui, beaucoup d’établissements sont en panique et leur priorité n’est pas de trouver les bons outils informatiques ou de fidélisation de leur clientèle mais de négocier leur loyer avec leur propriétaire, le salaire de leurs employés ou encore la gestion de leurs liquidités.
Combien de restaurants ont signé avec Bistrochat ?
Ça dépend, nous en avons qui travaillent avec nous uniquement avec les réservations, et d’autres avec les outils de fidélisation. En moyenne, aujourd’hui nous avons une soixantaine d’établissements sur Hong-Kong.
Seulement Hong-Kong, pourquoi pas Macao ?
C’est plus une question de stratégie, nous voulons d’abord devenir très fort sur notre marché à Hong-Kong avant de nous étendre. Les réservations peuvent se faire sur l’ensemble de Hong-Kong. L’effort que nous faisons est avant tout de bien développer nos outils de fidélisation. Il faut entraîner les personnels pour qu’ils se concentrent sur ces outils. Une fois notre mission finalisée nous regarderons ailleurs.
Comment travaillent-ils sur vos outils de fidélisation ?
En juin dernier Apple a annoncé qu’ils allaient ouvrir la puce NFC* sur l’iPhone en octobre. Il s’agit d’une technologie permettant d’échanger des données entre un lecteur et n’importe quel terminal mobile compatible ou entre les terminaux eux-mêmes. C’est la technologie qu’utilise votre carte bancaire pour le paiement sans contact, ou votre carte Octopus pour les transports.
Du coup nous avions déjà une carte de fidélisation virtuelle que l’on a transformé en y insérant une puce NFC à l’intérieur. Cela permet de connecter la carte de fidélité via son téléphone avec l’application, cela en fait une carte unique. Le restaurateur a automatiquement les informations et peut vous donner vos tamponner votre carte de fidélité plus facilement. Cette carte est pour l’ensemble des restaurateurs qui sont nos clients. Vous n’avez pas à avoir une carte par restaurants mais une carte qui fonctionne avec l’ensemble des restaurants clients de Bistrochat. Chaque restaurateur a son propre programme de fidélisation mais pour l’utilisateur, je le répète, c’est sur une seule carte et une application pour tous les restaurants.
Que proposez-vous de plus ?
Avec l’application, nous proposons un annuaire assez complet des restaurants et bars de Hong-Kong avec un service de conciergerie. Soit la réservation est envoyée directement au restaurant avec le système de réservation que nous avons mis en place avec eux, soit il tombe dans notre centre d’appels et nous faisons la réservation directement.
Quel est l’intérêt pour l’utilisateur ?
Nous lui simplifions tout. Il peut réserver dans tous les restaurants qu’il souhaite via l’application sans se poser de questions de connaître le site ou le téléphone, sans même appeler, il suffit d’envoyer un message. Vous pouvez aussi ajouter les contacts des personnes qui seront avec vous afin que tous reçoivent les informations en même temps. Tout est très simple pour l’utilisateur.
Notre fonction de recherche assez puissante avec peu de mots vous trouvez le restaurant de votre choix. Une fois les restaurants trouvés dans l’application vous avez les avis de vos amis, ainsi que les articles de presse sur ce restaurant. C’est un véritable service complet.
C’est avant tout un système de réservation et de fidélisation. Cela permet de voir les critiques de nos amis. L’utilisateur peut mettre tous ses filtres, géographiques, gastronomiques ou encore thématiques, pour trouver le restaurant parfait. On classe aussi les restaurants en fonction du type de déjeuner ou de dîner, travail, convivial, familial.
Quand cette application a été disponible ?
Il y a plus d’un an la première version sachant qu’une application n’est jamais vraiment terminée.
Vous en êtes à combien de versions ?
La 11ème (rires).
Ce sont les retours des utilisateurs et des restaurateurs qui font évoluer votre application ?
Oui. Les deux. Au début c’était plus les utilisateurs et aujourd’hui ce sont plus les restaurateurs. Nous avons fait évoluer l’application grâce au retour des utilisateurs qui l’utilisaient et assez vite l’abandonnaient. Nous avons analysé les raisons de cet abandon et avons modifié l’application pour vraiment répondre à leurs attentes. Le plus important pour eux étaient de ne pas passer trop de temps et d’avoir l’information sur leurs recherches rapidement.
Combien de personnes travaillent pour Bistrochat aujourd’hui ?
Nous sommes six, trois co-fondateurs actionnaires et trois employés qui sont les développeurs.
Français ?
Les trois co-fondateurs oui.
Comment un restaurateur travaille-t-il avec vous ?
Tout est prévu pour leur faciliter les choses. Nous mettons en place l’application et les programmes de fidélisation. On récupère les réservations via l’application, leurs propres réseaux (Facebook, Instagram) et l’ensemble part sur une base de données, un CRM.
A partir de cette base fichier, ils peuvent ensuite l’utiliser pour créer des animations spéciales pour leurs clients.
Que développez-vous actuellement en plus ?
Avec mes associés nous sommes très attentifs à ne pas faire d’intrusion dans la vie de l’utilisateur. L’utilisateur oublie souvent de demander les tampons de fidélisation au restaurant donc nous allons mettre en place c’est une sorte de rappel, une fois que le client est dans le restaurant pour lui rappeler de ne pas oublier ses tampons. On lui rend service sans être dans l’ingérence.
On essaye d’être le moins possible dans l’ingérence. Vous pouvez trouver un restaurant dans l’application sans donner aucune coordonnée, c’est juste une fois que vous faites une réservation via l’application que l’on vous demande vos coordonnées téléphoniques ce qui est logique.
Combien de téléchargements de votre application ?
Entre 20 et 30.000 avec une accélération à partir d’octobre de l’année dernière.
Si vous deviez vous projeter, une fois Hong-Kong installée, quelle serait la suite ?
Macao bien sûr et ensuite l’Asie du Sud-Est Singapour, Bangkok ou encore Ho Chi Minh.
Et la France ?
Il y a déjà La Fourchette qui a déjà bien pris le marché, c’est assez comparable à ce que l’on propose.