Prachuap Khiri Khan : Charme et beauté du golfe de Thaïlande
Malgré l’afflux continu des vacanciers, certains lieux préservent toujours leur authenticité contre vents et marées. Entre Hua Hin au nord, et Koh Samui au sud, la côte orientale du Royaume de Thaïlande recèle encore des lieux idylliques, épargnés par le tourisme de masse et ses hordes dévastatrices.
Par Christian Sorand
Blottie au milieu de trois baies parsemées d’îlots rocheux, la bourgade de Prachuap Khiri Khan est bien connue des Thaïs ; assez peu des étrangers. La topographie a été un choix de prédilection pour l’armée de l’air royale thaïlandaise qui en a fait une de ses bases. Le budget alloué aux militaires a contribué à embellir et à entretenir la beauté d’un site véritablement unique. Comme la petite localité ne possède aucun complexe hôtelier aux normes habituelles, Prachuap Khiri Khan a pu ainsi préserver son atmosphère de port de pêche et son mode de vie typiquement siamois.
Ce texte fait référence à un site à la beauté exceptionnelle, celui d’une façade côtière imprégnée d’un charme resté authentique, et où pourtant une certaine modernité n’est pas absente.
Un paysage côtier transcendant.

Cette ville côtière du Golfe de Thaïlande est située à une centaine de kilomètres au sud de Hua Hin. C’est l’endroit où l’isthme malais est le plus étroit (seulement une douzaine de kilomètres). Prachuap Khiri Khan n’est donc qu’à quelques kilomètres de la frontière birmane (le Myanmar). Une petite colonie de Birmans y a ouvert un grand marché artisanal.
En arrivant du nord, par la côte, on découvre une belle plage de sable blanc conduisant à Ao Noi (“petite baie” en thaï). Aux alentours du cap surplombant la mer, se trouve un joli petit port de pêche. En partant du vieux temple, un chemin balisé nous fait découvrir une première curiosité : une enfilade de grottes aménagée en sanctuaire bouddhiste. Ce périple pédestre offre quelques beaux panoramas sur la baie incurvée d’Ao Noi. Si le vieux temple procure peu d’intérêt, son Jardin, agrémenté d’un bassin, s’ouvre sur un autre temple thaï : Wat Ao Noi. Ce bel édifice a été entièrement conçu en bois de teck doré dans le plus pur style du pays.
La ville de Prachuap Khiri Khan, s’étale nonchalamment le long d’une grande baie. Les levers du soleil sont ici un moment inoubliable. Une
longue promenade maritime permet de se promener agréablement. Un ponton a même été aménagé près du port de pêche. Le soir, de nom- breux restaurants offrent au menu poissons et fruits de mer, la grande spécialité locale.
Pour aller à la troisième baie – la plus exotique – on doit traverser la base aérienne. Il faut donc présenter une pièce identité au poste de garde, traverser une zone militaire fort bien tenue, et passer la piste de l’aérodrome avant d’arriver à Ao Manao (“la baie des Citrons”). On découvre alors une plage de carte postale, blottie au fond d’une large baie, elle-même fermée par de grands îlots rocheux. Les cocotiers offrent une ombre fraîche. Comme c’est souvent le cas en Thaïlande, on peut louer des chaises longues et se faire apporter des boissons fraîches, ou même une noix de coco verte ! Ici, la baignade se fait en toute quiétude, dans des eaux chaudes, très peu profondes. Des buvettes, des glaciers et des restaurants permettent de se restaurer ou de se rafraîchir. La clientèle reste surtout locale ; il y a très peu de “farangs” (d’étrangers). Ce dernier terme a une histoire. À l’époque de Louis XIV, quand les premiers Français sont arrivés dans le Royaume du Siam, ils ont été appelés “Farangse” (déformation du mot “Français”). Aujourd’hui, ce terme désigne tous les étrangers !
Entre la baie de Prachuap et Ao Manao, la presqu’île est le domaine de la Royal Thai Air Force. L’administration militaire a fait de ces lieux un magnifique jardin exotique. Tout au bout de la presqu’île, au pied d’une éminence rocheuse, vit une colonie de petits singes, tout aussi mignons que familiers. Il s’agit en fait d’un petit primate appelé le “semnopithèque obscur” (Trachypithecus obscurus, “dusky leaf monkey” en anglais). Cette colonie appartient à une espèce protégée des forêts de la péninsule malaise. On peut les approcher, plutôt en fin de journée. Étonnement, ces petits “singes à lunettes” se montrent très amicaux avec l’homme. Ils font donc l’objet d’une attraction familière auprès des Thaïlandais.
Si la beauté du paysage et l’attrait tropical de la côte restent des points forts, la ville de Prachuap Khiri Khan est dotée de quelques site intéressants.
Des lieux empreints du charme thaï.
L’ambiance générale conserve une forte authenticité locale. Que ce soit une promenade le long du boulevard maritime ou de la jetée du port de pêche (Saranwithi Pier), la visite de quelques sites emblématiques, ou une balade à travers les rues d’une ville ayant gardé son atmosphère traditionnelle. Ceux qui aiment la culture thaïlandaise chaleureuse et bon enfant, seront pleinement comblés.
L’endroit le plus spectaculaire est une montagne qui surplombe la ville. Le petit monastère de Wat Khao Chong Krachok est situé tout en haut de cette éminence. Il est gardé par une importante colonie de macaques,
dont il vaut mieux se méfier ici. Il faut aussi avoir le courage d’escala- der les 395 marches mènant à la jolie pagode (wat), située tout en-haut ! Du sommet (khao) la vue panoramique est absolument fabuleuse. Elle s’ouvre à 360o non seulement sur les trois baies et la mer, mais aussi sur la ville et l’arrière-pays.
Au pied de ce paysage accidenté, se trouve un autre lieu caractéristique de la culture thaïlandaise. Il s’agit du pilier fondateur de la cité historique (City Pillar Shrine, en anglais). Quoique de conception plus moderne, cet ensemble conserve une forte empreinte symbolique liée à la religion bouddhiste Theravada. Un tel édifice fait donc l’objet d’un culte.
Il existe un autre temple plus typiquement thaï au centre de la ville, appelé Wat Ko Lak. Un temple chinois haut en couleur a été récemment construit sur le front de mer.
Mais en réalité, c’est le charme tout particulier du cœur de la ville qui reste l’attrait principal. Le soir surtout, quand la fraîcheur nocturne fait sortir les Thaïlandais.
À certaines occasions, la rue principale devient piétonne. L’atmosphère est alors toute entière thaïe : des animations promeuvent la danse alors que des marchands ambulants vendent des spécialités appartenant à l’omniprésente cuisine du pays !
Prachuap Khiri Khan est surtout réputée pour les produits de la mer, réputés bon marché. Á la nuit tombée, des restaurants improvisés fleurissent le long des trottoirs de la façade maritime. On vient y déguster poissons et fruits de mer à des prix défiant toute concurrence, même selon les standards du pays !
Pour ceux qui aiment la Thaïlande, Prachuap Khiri Khan fait donc figure de lieu privilégié, alliant la grandeur du paysage aux charmes exquis de la culture siamoise.
Un envoûtement exotique.

Cet attrait n’est pas seulement cantonné à la ville et à sa façade mari- time. Car dans ce cadre péninsulaire, l’arrière-pays offre d’autres as- pects tout aussi exotiques et attrayants !
On a déjà évoqué la proximité de la frontière avec le Myanmar (ouverte aux seuls passeports nationaux) et son marché artisanal, côté thaïlan- dais. Mais cette région frontalière recèle aussi quelques belles res- sources naturelles.
C’est le cas notamment du parc national de Namtok Huai Yang qui offre une très belle randonnée pédestre en forêt tropicale, le long d’un cours d’eau descendant en cascades.
Un peu plus au nord de Prachuap, toujours à cheval sur la frontière birmane, il y a le parc national de Kui Buri . Il s’agit de la plus grande ré- serve d’éléphants sauvages du pays. Il est possible d’y faire un safari à certaines heures de la journée. Sur la côte, au nord de Prachuap, se trouve un autre très beau parc : Khao Sam Roi Yot , littéralement “la montagne aux trois cents pics”. Outre la grandeur de son paysage et de ses lacs, ce parc naturel est une importante réserve florale et animalière. Le quartier général du parc possède un petit musée et surtout une passerelle en bois surélevée, permettant d’admirer la mangrove.

Comme on peut le constater, la région de Prachuap Khiri Khan reste un lieu offrant de multiples facettes naturelles et touristiques. Encore peu connu, ce lieu préserve un aspect naturel, celui qui fait le charme de la Thaïlande profonde, loin d’autres lieux surfaits, envahis par un tourisme surtout assoiffé de plage et de soleil, ignorant les richesses na- turelles et culturelles de ce beau pays.
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Liens :
Dusky monkeys of Prachuap Khiri Khan
Khao Sam Roi Yot National Park
Le pilier fondateur de Prachuap Khiri Khan
https://vivre-en-thailande.com/
Wat Ao Noi