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“Power of Love”: lorsque le street art prend le tram !

Ephémère et mobile, l’exposition présentée par le collectif français d’artistes de street art « Le Mouvement » circule à travers Hong-Kong jusqu’au au 23 mai 2018.

Par Philippe Dova

 

Depuis le 23 mars et pour la première fois à Hong-Kong, Mabille & Chaumette et Hong-Kong Tramways présentent une exposition réalisée par le collectif parisien « Le Mouvement », représenté par Romano, artiste et co-fondateur du collectif.

 

Si à Paris Romano et son collectif ont de nombreuses fois exprimé leur talent en taguant en toute illégalité tramways et voitures de métro ou RER, à Hong-Kong c’est la RATP, propriétaire de la compagnie de tramways hongkongais, qui leur offre une superbe vitrine sur la ville ! “Pour nous c’est une preuve que le tramway est bien vivant. Malgré ses 114 ans il reste très jeune d’esprit et collaborer avec des artistes de rue c’est être dans son temps pour montrer aux Hongkongais qu’il est toujours actif dans la ville et son environnement”, déclare Antoine Sambin, directeur commercial de Hong-Kong Tramways.

 

Transformé en oeuvre d’art roulante, le tramway consacre chacune de ses façades aux thèmes du pouvoir et de l’amour. Romano y dépeint ainsi la représentation d’un pouvoir excessif pouvant rendre fou les hommes, tout en présentant sa vision d’un amour universel. Sur la façade du « pouvoir », le public peut d’abord découvrir le dragon chinois qui embrasse la statue de la Liberté américaine. Cette association symbolise ainsi Hong-Kong, ville par excellence à la croisée de l’Orient et de l’Occident. Il découvre ensuite au centre certains traits caricaturaux du capitalisme, notamment avec un personnage exubérant environné de billets de banque. Même s’il n’a rien d’original, le message est clair : l’homme peut aller jusqu’à oublier son humanité dans sa quête effrénée du pouvoir et de l’argent…

 

Sur la façade de « l’amour », l’artiste offre sa vision sublime de l’amour universel jusqu’à ce qu’il devienne un « amour sacré ». La diversité des personnages et les couleurs vives représentent à la fois la densité de la ville et le mélange culturel qu’il aime à souligner dans ses œuvres. Enfin sur la façade arrière du tramway une femme tombe sous le charme d’un être humain à tête de singe (représentation usuelle du capitaliste dans le street art). Une façon pour l’artiste d’exprimer la tentation du pouvoir à laquelle l’humanité peut facilement céder…

“Le message est engagé, il est politique mais il est aussi libre d’interprétation. A chacun sa vérité : j’emmène les spectateurs sur des chemins de réflexions qu’ils peuvent ensuite parcourir à leur guise”, insiste Romano. Pour lui cette façon de populariser son art réservé jusqu’alors aux initiés est une véritable aubaine; “ Ce qui m’a beaucoup intéressé lorsque Mabille & Chaumette m’ont proposé d’intervenir à Hong-Kong c’était l’idée que cette toile était une toile de mobilier urbain qui plus est mobile sur un moyen de transport regroupant un échantillon représentatif de la population hongkongaise : du trader qui profite de sa pause déjeuner pour se balader dans le tram en passant par l’employée de maison qui utilise le tramway pour se déplacer chaque jour au marché et les retraités qui l’empruntent pour leur promenade quotidienne. On est dans l’art urbain plus que dans le street art, c’est un cadre il n’y a rien de sauvage”, conclût l’artiste.