Pot de départ
Je n’aime pas les au revoir, j’ai toujours détesté cela. Quand nous avons quitté Paris, j’ai fait comme si de rien n’était et c’était facile parce qu’on savait qu’on allait revenir. Aujourd’hui, on quitte Hong-Kong.
Par Perrine Tavernier
Quitter Hong-Kong devait être un déchirement il y a quelques années. Aujourd’hui, le contexte nous aide à être un peu moins triste mais il n’en reste pas moins une nostalgie de cette vie, que nous avons par moment détestée, mais qu’avant tout, nous avons aimé.
Sans compter le déménagement qui reste la purge par excellence !
Certains disent que cela devrait me glisser dessus parce qu’on a l’habitude maintenant. C’est vrai, on a l’habitude de déménager dans le sens préparer les cartons pour que les déménageurs arrivent et dérouler la liste logistique et administrative et cetera et cetera… Mais déménager, c’est aussi émotionnel.
J’entends aussi, beaucoup, que j’ai de la chance de pouvoir suivre mon mari… Bien sûr que j’ai de la chance ! J’ai de la chance d’être en bonne santé mais pour tout le reste, c’est de la volonté et du travail.
Une expatriation, c’est de l’intelligence émotionnelle, c’est prendre le meilleur côté des situations de vie qui s’offrent à nous, c’est faire des choix, c’est sortir de sa zone de confort.
Alors à moins d’avoir eu la même vie et d’avoir été expatrié, peu de personne s’en rendent compte vraiment.
Une vie d’expatrié n’est pas une vie hors norme, ou en dehors de la « vraie vie », c’est juste une vie mais loin.
Revenons à Hong-Kong. Ces dernières années on fait trembler le territoire, nous aspirions à partir essentiellement pour la scolarité des enfants. Cela a été le nerf de la guerre.
Quand la nouvelle expatriation a été proposée, je me suis demandée ce que mon mari avait fait pour qu’on lui propose d’aller là-bas et j’espère pouvoir vous raconter nos aventures « pas piquées des hannetons » quand nous y serons le mois prochain.
Malgré cette destination inattendue et qui nous changera assurément de Hong-Kong d’un point de vue climatique, nous avons choisi de partir.
Claquer la porte en partant n’est pas le genre de la maison. On ne voulait pas partir en étant fâché avec Hong-Kong alors, avec les enfants, on a décidé de faire tout ce qu’on aime ici avant de partir.
J’ai retrouvé cette douceur de vie hongkongaise, j’ai aimé cette île qui m’a ouvert les yeux sur une vie différente et possible en dehors de Paris (je partais de loin, passer le périphérique et c’était la bouffée d’angoisse).
Comme pour emmener un peu Hong-Kong avec nous, j’ai eu une frénésie d’achat en tout genre. J’ai même pensé acheter un néon mais grandeur nature comme ceux qu’on voit dans les rues (je me suis ravisée mais rien que d’en parler je pourrais à nouveau être tentée !).
Je me suis aussi rendu compte que nous n’étions pas si insignifiants pour nos voisins hongkongais qui ne laissent transparaitre aucun sentiment à notre égard la plupart du temps. En leur annonçant notre départ, on a eu droit à un : « oannnnhhhhhhh » (impossible à écrire mais je suis sûre que vous voyez).
Bref, quitter Hong Kong n’est pas si simple malgré tout !
Nous ne faisons pas parti des gens qui attendent les mauvaises nouvelles de Hong-Kong pour conforter leur choix d’être partis. Combien d’ancien d’expatriés balancent des « aucuns regrets d’être partis » qui sont en fait remplis de remords…
Heureusement qu’on n’aime pas « cracher dans la soupe », car les bonnes nouvelles arrivent avec l’abolition de la quarantaine. Je ne sais pas ce qu’il adviendra de Hong-Kong mais j’espère de tout cœur qu’un équilibre sera trouvé pour continuer d’y vivre.
Bien sûr que nous sommes heureux de poursuivre notre expatriation et que nous donnerions notre place pour rien au monde, mais je suis très loin de penser que ceux qui font le choix de rester ici sont des fous.
A la minute où je quitterai cette ile, j’idéaliserai Hong-Kong. Alors on s’en va, mais on reviendra.
A bientôt Hong-Kong !
Ma playlist

Album : In the mood for love
Artiste: Shigeru Umebayashi
Titre: Yumeji’s Theme
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