Networking au féminin
« Female Entrepreneurs Worldwide » et femmes du XXIe siècle à Singapour
Partie de Hong-Kong pour gagner la Chine et désormais l’Asie du Sud, FEW a officialisé sa présence à Singapour lors de sa conférence annuelle en septembre dernier. Surplombant la très célèbre Orchard Road depuis les terrasses du Design Orchard, le Female Entrepreneur Day (FED) a réuni sur deux jours 800 femmes entrepreneures venues de toute l’Asie. L’objectif était de s’informer et d’échanger sur le thème de l’entreprenariat au féminin, le tout dans une ambiance très « Business Warming Party ».
Par Fabienne Caparros
La femme du XXIe siècle à Singapour est jeune ou mature. Elle est ambitieuse, en reconversion professionnelle ou déjà établie à son compte. Elle bénéficie d’une législation singapourienne en sa faveur et de ce fait dispose du soutien du gouvernement dans ses initiatives. Elle est entrepreneure, et à ce titre, elle peut désormais rejoindre à Singapour le plus grand réseau international en Asie de femmes entrepreneures, Female Entrepreneurs Worldwide (FEW).
En 2015 à Hong-Kong, elles étaient deux, une Française, Ines Gafsi, et une Hongkongaise, Anna Wong, unies autour d’une réalité commune : l’entreprenariat au féminin dans toute sa complexité. Ainsi fut créée FEW, une plateforme pour aider les femmes à créer et à développer leur société au niveau local comme à l’international. Aujourd’hui l’organisation compte plus de 10.000 membres, soit autant les femmes aux commandes de leur entreprise installées, pour la plupart, en Asie.
Hong-Kong, Shenzhen, Shanghai et Singapour
Depuis septembre dernier, FEW est présente dans quatre villes : Hong-Kong, Shenzhen, Shanghai et désormais Singapour. Son action s’articule autour de deux axes : les Masterclass via l’académie, et les Market Place via le site ou les événements.
Les premières s’adressent aux jeunes entrepreneures et à toutes celles qui souhaitent s’informer sur les nouveaux outils et moyens de communication, comme les réseaux sociaux. Les deuxièmes se destinent aux plus aguerries qui veulent, via le réseau FEW, vendre leurs produits et augmenter leur visibilité.
« L’idée, explique Ines Gafsi, co-fondatrice de FEW, est d’accompagner toutes ces femmes entrepreneurs dans tous les domaines de la création et du développement de leur entreprise. Notre rôle, précise-t-elle, est de faciliter les rencontres entre les experts, les entrepreneurs accomplis et nos membres. »
Ainsi dans chaque pays, FEW travaille avec différents partenaires (dont les chambres de commerce) en fonction des besoins de chacun, et des spécificités locales. « En recommandant nos membres auprès d’experts qui possèdent un panel de compétences et de connaissances recherchés, notre plateforme est aussi un gain de temps significatif pour toutes ces jeunes femmes. »
Et du temps, elles en avaient à consacrer au Female Entrepreneur Day organisé à Singapour en septembre dernier. Au programme de ces deux journées, des rencontres, du réseautage, un Market Place avec une dizaine d’exposantes, des Masterclass, des ateliers, un verre de vin, des ventes de bijoux, une séance maquillage, un défilé de mode de membres volontaires (excellent pour le dépassement et la confiance en soi), du plaisir partagé et du business détente.
Elles – ou « ils » puisqu’il y avait aussi des représentants de la gente masculine – venaient de Chine, Hong-Kong, Singapour, Malaisie, Inde, Indonésie, Australie, Japon ou encore Taiwan. Asiatiques, Françaises, Belges, Lituaniennes, Américaines, Camerounaises, elles s’étaient inscrites sur une ou deux journées afin, pour certaines, d’exposer leurs produits, et pour d’autres, d’assister aux quelque 14 masterclass proposées. Les intervenants, aussi sérieux que surprenants, avec notamment la présence de Sophia, le robot à visage de femme le plus humain de l’histoire, créé par la compagnie hongkongaise Hanson Robotics, ont captivé une audience curieuse et attentive.
Quelles attitudes pour réussir ; quelle vie pour ces femmes; comment lever des fonds ; élaborer sa stratégie marketing ; s’agrandir, se délocaliser ; exporter son business ; utiliser les réseaux sociaux ; se présenter, se vendre ; parler et captiver une audience, tels étaient entre autres les thèmes abordés lors de ces masterclass.
Animées par des entrepreneures à succès, comme Fanny Moizant (Vestiaire Collective), Marion Caunter (E News Asia), Juana Lee (The Voices), ou encore Lavinia Thanapat (SCWO – Singapore Council of Women’s Organiwations), ces tables rondes ont été également l’occasion de rencontrer des représentants d’institutions financières (Stripe, Vertex Ventures) et de réseaux sociaux (Facebook, Instragram) afin d’établir un réel échange entre ces experts et les entrepreneures présentes lors de ces deux journées.
Des femmes d’ailleurs très participatives. « Créer sa propre compagnie peut isoler certaines femmes, ou en effrayer d’autres, confesse Ines Gafsi. Ces journées, comme notre plateforme, permet justement de les mettre en relation avec d’autres femmes qui vivent ou qui ont vécu les mêmes choses. C’est pourquoi, entre chaque masterclass, nous leur laissons la possibilité d’échanger entre elles. »
Ainsi, on sort de sa zone de confiance, on se lève et on présente sa compagnie.
On s’encourage mutuellement à prendre la parole. On se regroupe en petit comité. On s’échange les cartes de visite. On exprime ses peurs, ses frustrations. On partage ses joies et ses réalisations. On demande conseils. On expose ses problèmes, on trouve ensemble des solutions. On se fait expliquer par sa voisine la complexité du marché chinois pour les étrangers. On apprend qu’en Malaisie, on ne retourne pas les produits et que les achats se font plus raisonnés. Que d’expérience, Singapour est le pays le plus propice à la création d’entreprise au féminin ; qu’Hong-Kong est idéal pour les entreprises en ligne et les petits business traditionnels ; et que la Chine est vraiment à considérer pour celles qui souhaitent se lancer dans le domaine des technologies. On s’enquiert du parcours de chacune : locales ou expatriées, femmes au foyer, en activité, déjà entrepreneurs à succès ou novices en la matière, elles viennent de tous horizons, de la finance, du droit et du marketing pour les plus aventurières.
Mais toutes rêvent ou vivent déjà de leurs rêves, celui de créer et de développer leur propre compagnie.
Alors, à toutes ces femmes ambitieuses, Ines Gafsi, via la plateforme FEW et ces journées FED, n’a qu’un conseil à donner : le networking. « Croire en soi est une chose, travailler son réseau est primordial. C’est la clé de tout succès en affaires. » Lapalissade pour certaines, découverte pour d’autres, ce point est essentiel. Ainsi le rappelle Ines Gafsi : « Nos membres les plus actives en termes de networking sont celles qui réussissent le mieux. » Alors mesdames, à vous de jouer !