Mykonos – Un florilège de bleu et de blanc
Parmi les plus beaux clichés méditerranéens, l’île de Mykonos est au premier rang des destinations de rêve. La douceur de son climat en a fait un havre de paix pour les vacanciers. D’autant plus que la qualité des prestations rivalise avec la beauté sauvage des lieux et un art de vie propre à la Grèce.
Par Christian Sorand
Au beau milieu de l’archipel égéen, Mykonos fait partie des Cyclades. De superficie modeste, cette île granitique a un relief peu élevé ne dépassant guère les 340 mètres. Paros et Naxos sont ses voisines. Mais l’île partage surtout une histoire liée à celle de Délos, îlot satellite situé à quelques kilomètres à l’ouest.
De forme plutôt triangulaire, Mykonos reste de taille moyenne. Sa population est d’environ 12,500 habitants; davantage en période estivale. Malgré un relief assez accidenté, l’île offre de très belles plages de sable. C’est un atout pour les vacanciers, d’autant plus que l’île s’est dotée d’une infrastructure hôtelière de qualité internationale, mettant à profit la douceur de son climat méditerranéen (plus de 300 jours d’ensoleillement annuel).
Le manque d’eau reste tout de même un sérieux handicap. C’est ce qui explique d’ailleurs la sécheresse caractéristique du paysage. Surnommée “l’île des vents” à cause des vents marins qu’aucune végétation n’arrête, on comprend pourquoi Mykonos est devenue célèbre également pour ses moulins à vent.
On évoque peu l’histoire de l’île. Et pourtant les mythes de l’Antiquité grecque ne l’ont pas oubliée.
Lieu mythique
Si Mykonos a la réputation d’être une île de lumière et de soleil, ne serait-ce pas à cause du mythe ? Sa petite voisine Délos en est la cause.
Le grand Zeus, connu pour ses frasques, avait séduit Léto, une nymphe. Le fruit de cet accouplement avait bien entendu suscité l’ire d’Héra, une fois de plus ! Cette dernière, dont la jalousie est notoire – et pour cause – désirait à tout prix empêcher Léto de mettre au monde la progéniture du roi de l’Olympe. Elle voulut interdire un accès terrestre à un tel enfantement. Le moment venu, désespérée, la pauvre Léto ne savait plus où se réfugier. Poséidon, se montra complaisant à son égard. Il y avait en mer Égée, un minuscule îlot à peine visible que le dieu de la Mer lui révéla. C’est donc ici que Léto put mettre au monde, non pas un enfant, mais des jumeaux: le premier était une fille, Artémis; le second, un garçon, Apollon. Peu après la naissance, Poséidon fit sortir le rocher des flots pour le rendre bien visible (Délos, en grec). C’est ainsi que surgit l’île de Délos. Elle est aujourd’hui classée parmi les sites du patrimoine mondial de l’Unesco.
Inutile de chercher pourquoi Mykonos est alors devenue une île de lumière et de soleil !
Mais la légende ne s’arrête pas là. Si Délos est une île déserte, elle fut autrefois le siège d’un royaume dirigé par un fils d’Apollon. Ce dernier eut lui-même un fils nommé Mykon, d’où la grande île voisine tire dorénavant son nom, Mykonos.
Mais ces mythes de création remontent davantage dans le passé. Dans des temps encore plus anciens, durant la gigantomachie, Zeus se battait pour asseoir son pouvoir contre les Géants. Il fit appel à Héraclès pour exterminer l’armée des Titans. Et la légende raconte que les Géants furent tous enterrés sous la roche dure de Mykonos.
L’histoire de l’île ne se limite pas aux mythes. Des vagues successives d’occupants y ont laissé leur empreinte: les Romains, les Byzantins, les Catalans, la république de Venise et les Ottomans avant que la Grèce ne devienne un État souverain.
La perle des Cyclades
L’île a eu son heure de célébrité renouvelée grâce a un oiseau tombé du ciel ! En 1958, un pêcheur local recueille un pélican blessé. Soigné et nourri par la population, l’oiseau a élu domicile au port de Chora, la capitale de l’île. On le surnomme alors “Petros”, un peu par dérision. En grec, petro signifie “un roc” mais aussi “vieux et grincheux”. L’oiseau est alors devenu la mascotte de l’île. Il lui a apporté une renommée internationale, devenant même le héros d’un feuilleton télévisé diffusé en France: “Pierre le Pélican” En 1985, Petros a été malencontreusement heurté mortellement par une voiture. Mais depuis, trois autres pélicans sont venus se réfugier à Chora.
Dans les années 1960, la “jet set” a commencé à en faire un lieu privilégié. Vingt ans plus tard, la mouvance gay l’adopte à son tour. Aujourd’hui, l’aéroport déverse un flot journalier de vacanciers. Mykonos est devenue aussi une des escales favorites des croisiéristes, parmi lesquels les Chinois en grand nombre.
La capitale porte le même nom que l’île. Mais elle est souvent appelée Chora, terme désignant un « village » en grec moderne [χώρα]. Connue pour ses moulins à vent, dont certains datent du XVIe siècle, la petite ville reste un lieu captivant. D’étroites ruelles se faufilent dans un assemblage de maisons ressemblant à un immense jeu de cubes, à la blancheur immaculée rehaussée de bleu. Les escaliers apparents sont joliment fleuris. Et quand on prend la peine de grimper à flanc de coteau au-dessus de ce labyrinthe, on découvre des points de vue à couper le souffle.
Si aujourd’hui les boutiques, les cafés et les restaurants font la joie des visiteurs, l’œil ne cesse jamais de s’étonner. « Little Venice » est une façade maritime composée d’anciennes maisons de pêcheurs devenues des lieux à la mode. Dans ce dédale de ruelles et de passages étroits, des églises orthodoxes miniatures viennent se blottir entre deux pans de murs. La plus imposante est l’église Panagias Paraportiani. Située dans le quartier de kastro (le château), c’est en fait un assemblage de cinq chapelles différentes.
Le soir venu, Mykonos ne somnole pas comme d’autres ports grecs de la mer Égée. Sa célébrité lui a conféré une vie nocturne trépidante, diapason grec d’Ibiza.
Plages et belvédères
Aussi charmeuse que puisse être Mykonos Town (Chora), l’île n’offre pas moins d’intérêt et vaut la visite.
Il y a les plages, bien sûr ! Surtout Paradise Beach, célèbre pours ses venues éclectiques. On lui préférera Elia Beach, plus sauvage, mais aussi plus paisible. Il en existe d’autres encore, tout aussi fréquentées. Certaines par contre sont plus petites, moins commerciales, voire désertes.
L’intérieur de l’île offre un paysage grandiose et plutôt inattendu. Une seule grande voie traverse l’île d’Ouest en Est. Cette belle route de montagne longe, côté Nord, une vallée profonde où se trouvent le lac Marathi et une longue échancrure aux eaux couleur aigue-marine: la baie de Panormos restée encore sauvage.
Au départ de Mykonos Town, cette même route nationale passe par le joli village d’Ano Mera, où le monastère orthodoxe est l’attraction principale. Un premier édifice y vit le jour en l’an 1542. Détruit, il fut reconstruit en 1767. L’église du monastère de Panagia Tourliani renferme de magnifiques icônes et des peintures. Quant au village, le plus important de l’île après la capitale, il a beaucoup de caractère. Il recèle quelques petits hôtels de charme réservés à ceux qui recherchent le calme et la couleur locale
Sur la côte méridionale, la péninsule de Platys Gyalos offre une petite route étroite qui dessert les résidences locales. Les amateurs d’émotions fortes pourront y découvrir certains des plus beaux panoramas de Mykonos en espérant ne pas croiser un autre véhicule ! Pareillement, la péninsule du cap Armenistis, au sud-ouest de l’île, offre de magnifiques points de vue au milieu d’un paysage resté encore vierge.
Mykonos offre donc deux visages. L’un pour les adeptes du soleil, de la mer et des plages, ou bien encore pour ceux qui aiment se retrouver dans des cafés et des restaurants à la mode ou des boites de nuit désormais célèbres. L’autre face reste l’apanage de ceux qui recherchent une Grèce plus authentique dans un décor profondément méditerranéen.
Le blanc capte soleil et lumière; le bleu est celui de la mer, du ciel et d’une architecture appartenant au cadre du bassin méditerranéen.
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