Tranche de vie

Mon nouveau compagnon de sortie

Blanc, bleu, rose, fleuri…il est apparu dans ma vie pour la première fois fin janvier 2020 et depuis il m’accompagne au quotidien dans tous mes déplacements à Hong-Kong ! Objet de convoitise légitime dans ce contexte sanitaire inédit, le masque chirurgical a immédiatement été adopté par les Hongkongais, traumatisés par le souvenir de l’épidémie de SRAS en 2003 dans l’espoir de se protéger du nouveau coronavirus. Le 14 février dernier, les masques chirurgicaux et les solutions hydroalcooliques pour les mains étaient le cadeau de la Saint-Valentin le plus apprécié !

Par Anne Suquet

 

En France ou en Europe, le port du masque chirurgical en contexte d’épidémie n’est pas spontané ni traditionnel même si 100 ans avant le coronavirus, la grippe espagnole avait déjà contraint au port du masque. En Asie, c’est un réflexe culturel. On le met, quand on est malade, dès qu’on entre dans un espace public pour protéger les autres ; et de manière préventive, pour se protéger en cas d’épidémie. Le masque est associé à un lavage des mains fréquent avec une solution hydroalcoolique ou à l’eau et au savon.

Savez-vous utiliser et éliminer votre masque correctement ?

Les instructions de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) sont précises :

  • Avant de mettre un masque, se laver les mains avec une solution hydro alcoolique ou à l’eau et au savon. L’appliquer de façon à recouvrir le nez et la bouche et veillez à l’ajuster au mieux sur votre visage. Une languette métallique permet de l’ajuster à l’arrête du nez.
  • Lorsqu’on le porte, éviter de le toucher ; sinon, se laver les mains à l’aide d’une solution hydro alcoolique ou à l’eau et au savon. Lorsqu’il s’humidifie, le remplacer par un nouveau masque et ne pas réutiliser des masques à usage unique.
  • Pour retirer le masque : l’enlever par derrière (ne pas toucher le devant du masque) ; se laver les mains avec une solution hydroalcoolique ou à l’eau et au savon.
  • Le jeter immédiatement dans une poubelle fermée ! Important car les masques chirurgicaux font désormais partie de la vie quotidienne à Hong-Kong, et nombre se retrouvent sur les plages des îles Soko, isolées et inhabitées. Ces masques sont donc un nouveau type de déchet.

 

Un bel exemple de cours d’économie sur l’offre et la demande

L’épidémie a fait exploser la valeur marchande de cette protection (le prix a doublé dans le meilleur des cas !) car la demande a explosé en Asie et les stocks ont eu du mal à suivre. Trois types de décision ont alors été prises par les autorités des différents pays pour maîtriser l’évolution de l’offre et de la demande :

  • Hong-Kong a décidé de laisser le marché libre de faire sa loi, tout en enjoignant les commerces de ne pas abuser.
  • La Chine et la Corée du Sud ont décidé d’interdire une augmentation radicale des prix et stimulé la production en quadruplant le salaire des ouvrières, en augmentant le nombre maximum d’heures travaillées de 52 à 68 heures par semaine.
  • Macao et Taïwan ont décidé d’adopter le rationnement, afin que tout le monde puisse se procurer des protections et à un prix convenable. Ainsi, à Taïwan, il est permis d’acheter 2 masques par personne et par semaine.

 

Le DIY comme solution économique et écologique !

Face à la rupture de stock, certains Hongkongais se tournent vers le « Do It Yourself », ou « fais toi-même » en fabriquant leurs propres masques de protection. Ce marché parallèle profite aux marchands de tissus. A Hong-Kong, dans le quartier populaire de Sham Shui Po, les acheteurs se pressent soit pour acheter leur kit de fabrication de masque soit pour acheter les créations accrochées à l’extérieur des petites boutiques. Certes, les masques en tissu sont plus chers, mais ils présentent le gros avantage de pouvoir être réutilisés après lavage en machine (à 90 degrés). En termes d’écologie et de ressources, cela a beaucoup plus de sens aujourd’hui.

Cette crise* sanitaire mondiale peut aussi être considérée comme une opportunité de développer notre créativité et notre intelligence collective au service du bien commun.

 

*A noter qu’en chinois, le mot « crise » se traduit en deux caractères : 危機. Le premier caractère 危 indique le danger, le deuxième 機 indique l’opportunité.