Lycée français de Hong-Kong : une « cuvée » 2015 d’exception
Avec des résultats jamais obtenus jusqu’à présent, les équipes du lycée Victor Segalen de Hong-Kong peuvent être fières de leurs bacheliers. Outre les 100 % de réussite depuis huit années consécutives, le résultat en terme d’orientation est de plus en plus prestigieux, avec notamment des élèves acceptés dans des établissements comme Sciences Po, Oxford, Mc Gill, Ginette, Duke University ou encore Ieseg. Où vont-ils s’arrêter ?
« On a une cuvée qui a obtenu des résultats jamais obtenus jusqu’à présent. C’est une première historique pour l’établissement et on ne peut que s’en féliciter», souligne le proviseur, Christian Soulard, qui a accepté de répondre à nos questions. Propos recueillis par Catya Martin
–
Trait d’Union : En quoi cette année 2015 a-t-elle été exceptionnelle pour vous ?
Christian Soulard : Avant tout par la qualité des élèves, il y a eu une cohorte qui s’est distinguée parmi d’autres. Ce ne sera pas la dernière, j’en suis convaincu.
Quelle est la grande fierté de cette session 2014/2015 ?
La grande fierté de cette session c’est de penser aux élèves dont on ne parle pas. On parle beaucoup de ceux ayant obtenu des notes fabuleuses, des mentions très bien, mais on ne parle pas de ceux qui ont réussi alors qu’ils avaient des difficultés lorsqu’ils étaient en 3ème ou en seconde. Certains étaient en réelle difficulté et ont obtenu leur bac, parfois avec des mentions. Ces élèves sont ma première fierté. Ils ont su gagner en maturité et confiance, nous avons su les accompagner. Parce que l’on a cru en eux ils ont cru en eux-mêmes et ont donc obtenu de bons résultats et ce dans toutes les sections, L, ES ou S.
On disait d’eux qu’ils n’auraient jamais leur bac et bien non, ils ont eu leur bac.
Une autre fierté est la qualité de nos élèves, leur motivation. On a beaucoup de chance d’être dans un univers qui est celui de Hong-Kong où le travail est valorisé. Ca se ressent dans la ville et une école est toujours un peu à l’image de la ville qui l’héberge, ça se ressent donc aussi au sein de notre établissement où le travail est considéré par nos élèves comme une valeur. Ils ont envie de faire quelque chose de leur vie, ils ont envie de faire quelque chose d’eux-mêmes et on le ressent dans le travail qu’ils fournissent pour le bac et pour leur orientation.
Comment se passe l’accompagnement des élèves en difficulté ?
Dès que les enseignants ont identifié les élèves qui méritent une attention particulière, les parents sont invités à participer à une réunion avec le professeur principal et nous mettons en place un dispositif particulier, personnalisé pour les accompagner dans leur scolarité. Pour les élèves de seconde il sera consacré plus au français et math et histoire-géographie. Pour les 1ère et terminales là le dispositif est plus axé sur les matières qui font leur série.
Le fait qu’il y ait des effectifs très raisonnables permet aux enseignants d’avoir une relation plus particulière avec les élèves et donc de véritablement prendre le temps nécessaire.
75 % de mention « très bien » et « bien ». Trop de mentions tue la mention ?
Il y a deux manières de regarder les résultats. Aujourd’hui on regarde un seul critère qui est celui du bac et de la mention. Il y a un autre critère qui est celui de l’orientation dans l’enseignement supérieur. Que vont-ils faire après le bac ? Ont-ils obtenu ce qu’ils recherchaient en rapport avec leurs capacités ? Je pense que la satisfaction personnelle d’un élève n’est pas seulement de se dire « j’ai eu le bac avec mention très bien» ou « j’ai eu le bac », c’est aussi de savoir ce qu’il va faire plus tard en terme d’études supérieures et ce qu’il envisage comme métier. Est-ce que ca correspond à ce dont il a envie ? Je pense que c’est un critère plus difficile à cerner mais qui compte plus que le bac en soi.
Certains élèves dès le départ savaient qu’ils n’auraient pas de mention et ça ne les a pas perturbé, ils voulaient leur bac qui allait leur permettre de réaliser leur projet d’études. C’est très important. Ils savaient ce qu’ils voulaient et nous avons tout mis en œuvre pour les accompagner et pour qu’ils obtiennent ce qu’ils voulaient.
Comment décrieriez-vous vos élèves ?
La première chose que je dirais c’est qu’ils veulent faire quelque chose de leur vie, ils sont motivés. Ils savent qu’ils vont devenir des adultes qui vont compter dans le monde de demain. Ils veulent réussir dans le sens noble du terme. Pas réussir pour dominer les autres mais pour s’épanouir. Je suis très positif sur la mentalité de nos élèves. Ils veulent être des acteurs du monde de demain, des acteurs qui comptent, responsables et ils mettent les moyens pour le devenir. Si je devais les décrire, je dirais qu’ils ont un sens critique aigu vis-à-vis de tout, leur école, leurs enseignants, leurs parents, la société mais aussi d’eux-mêmes. Je peux aussi dire que ce sont des élèves qui sont conscients des enjeux de ce monde. S’ils ont de bons résultats c’est aussi parce qu’ils vont au delà de leur propre discipline, ils vont voir autre chose. Il y a là une énergie très positive.
Un grand nombre de grandes écoles et universités accueillent les élèves du LFIS, comment se fait la sélection ? Avez-vous des contacts privilégies avec ces écoles ?
Oui nous entretenons des rapports avec certaines écoles car il est important pour nous de les connaître et d’être connu d’elles même si la sélection reste une procédure totalement indépendante et sous le seul contrôle de l’école concernée. Un certain nombre d’écoles viennent dans notre établissement. Beaucoup d’universités anglo-saxonnes car elles viennent à Hong-Kong faire le tour des écoles internationales. C’est peut-être moins dans la mentalité française de se vendre mais des écoles comme Sciences Po, les classes préparatoires – Janson de Sailly par exemple – des écoles de commerce nous rendent visite pour se présenter et se faire connaitre. Pour cette année, nous allons recevoir l’ancien proviseur du lycée Louis le Grand qui viendra début novembre pour présenter les classes prépa et s’entretenir avec les familles et les élèves qui le désirent. L’un de nos conseillers d’orientation participe aux séminaires organisés par les universités américaines et anglaises. Notre réputation se construit grâce à nos élèves d’abord et aussi grâce aux contacts institutionnels que nous sommes en train d’établir.
Y-a-t-il un accompagnement particulier auprès des classes de terminales pour encadrer, accompagner les jeunes sur la préparation de leur dossier ?
L’accompagnement commence en début de première avec les conseillers d’orientation et par des entretiens entre élèves, parents et professeurs principaux qui suivent le parcours de l’élève. Puis tout dépend des choix qu’ils ont faits. On organise des préparations aux entretiens de sélection. Ce n’est pas toujours dans le cadre scolaire mais aussi au sein des activités extra-scolaires. On va proposer des outils supplémentaires cette année. Avec beaucoup plus d’élèves nous devons nous organiser de manière plus rigoureuse. Déjà dans le cadre des activités extra-scolaires, nous avons un atelier où l’on apprend aux élèves à se présenter en public. Cet atelier est animé par une professionnelle du théâtre.
Parlez-nous du travail de l’équipe enseignante ?
Nous avons une équipe qui se sent concernée par la réussite des élèves. Les enseignants se sentent vraiment en relation avec leurs élèves pour les aider à réussir. C’est une équipe dévouée et ce qui ne vise pas leur réussite personnelle en tant que professeur mais véritablement celle de leurs élèves. Ils n’hésitent pas à prendre des élèves avec plus de difficultés à part pour les aider à réussir et à progresser. Ils essaient de mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour la réussite de leurs élèves dans les meilleures conditions. Tout cela en restant très réaliste quant au potentiel de leurs élèves. Les enseignants sont très accessibles aussi bien des élèves, que des parents. Les discussions et échanges se font donc de manière constructive.
Avec des résultats toujours plus haut où comptez-vous vous arrêter ?
Pourquoi s’arrêter (rires). C’est une question difficile, la progression en nombre de mentions existe partout, elle est spectaculaire chez nous. La prochaine étape porte sur l’orientation, ce qui n’est pas simple. Il n’est pas simple de voir clair dans l’offre proposée. C’est une grande jungle dans laquelle il est bien difficile de distinguer les arbres. Nous avons mis en place des dispositifs qui font déjà leurs preuves mais l’offre changeant très rapidement, il nous faut être très réactifs en ce domaine qui est un enjeu majeur pour les élèves et leurs familles.
Quelles sont les nouveautés pour cette rentrée 2015 ?
Dans les nouveautés j’aimerais que l’on développe et fasse vivre une véritable association des « alumni » (anciens élèves). C’est toujours assez compliqué de faire démarrer ce genre d’association mais c’est notre objectif pour cette rentrée. Dans les nouveautés, il y a le fait que, pour cette session du bac, nous avons pour la première fois présenté un bac OIB, section américaine. Ca été la nouveauté pour la cuvée 2015 et sur les 17 élèves présentés nous avons eu 13 mentions « très bien » et quatre mentions « bien ». Ce qui confirme que c’était un bon choix de créer cette filière OIB. C’est un parcours exigeant.
Pouvez-vous nous parler de l’évolution du LFIS (en terme de campus) pour les années à venir ?
J’étais ravi que Carrie Lam (ndlr : Chief Secretary pour l’administration de Hong-Kong), ait parlé lors de la cérémonie du 14 juillet, du lycée français et de l’attribution par le « Hong-Kong Education Bureau » (EDB) d’un terrain à Tseung Kwan O. Nous souhaitons que le lycée continue à scolariser les enfants français à Hong-Kong. Ce nouveau campus nous permettra d’augmenter nos effectifs et donc de répondre à la demande de la communauté française de plus en plus nombreuse à Hong-Kong.
Cela, tout en gardant la spécificité de ce qu’est le lycée français de Hong-Kong, avec ses deux systèmes d’éducation au sein d’une même maison. Ces deux systèmes d’éducation sur ce quatrième campus seront encore plus intégrés qu’ils ne l’étaient jusqu’à présent.
C’est à dire ?
Nous allons faire vivre ces deux systèmes pour qu’ils s’enrichissent mutuellement. Ce sera un campus d’une capacité de 1.000 élèves, qui accueillera essentiellement du primaire, 80 % du primaire ou de la maternelle et le reste pour le collège. L’ouverture de ce nouveau campus nous aidera à bâtir une communauté culturellement diversifiée et à établir des liens solides avec la communauté locale. Cela permettra aussi aux familles qui habitent dans les Nouveaux Territoires de scolariser leurs enfants jusqu’à la 3ème. Ce que l’on veut proposer c’est un environnement scolaire dans lequel on puisse véritablement bénéficier d’un univers bilingue français-anglais. Cela tout en respectant le curriculum des deux sections, internationale et française.
En terme de campus, comment va se faire le flux ?
Actuellement nous avons environ 200 élèves à Hung Hom et il ne faut pas oublier que Hung Hom est provisoire. Les élèves qui sont sur Hung Hom iront à Tseung Kwan O dont l’ouverture est prévue pour septembre 2018. Les trois autres campus de l’Ile resteront. Aujourd’hui, nous sommes à l’étroit.