Economie

Lumeun, la deuxième vie des meubles oubliés

Fruit de la collaboration de deux Françaises, Delphine Lernoud et Anne Julie Barnes, « Lumeun » offre, à Hong-Kong, un nouveau souffle pour la décoration d’intérieur, en proposant des meubles et objets chinois vintage restaurés avec passion. Delphine a passé 18 ans en Chine, au cours desquels elle a pu en entrevoir tous les visages, du plus traditionnel au plus cosmopolite. Directrice dans l’industrie du parfum jusqu’en 2017, la prise de conscience d’un vaste gâchis dans l’industrie (destruction de matières, absence de politique de recyclage) a fait monter en elle l’envie de travailler autrement. Quant à Anne Julie, après une adolescence en expatriation à côtoyer des cultures très différentes, et 15 ans sur les marchés financiers, c’est le besoin de créer un projet personnel qui l’a amenée à reprendre des études d’architecture d’intérieur et ouvrir son agence. A son arrivée à Hong-Kong, très déçue par l’offre décoration existante, elle se dit qu’il faut absolument ouvrir une nouvelle voie … Rencontre avec les deux créatrices de Lumen.

Propos recueillis par Isabelle Chabrat

Trait d’Union : Pourquoi Lumeun ?

Anne-Julie : Lumeun est l’association de deux caractères chinois « Lu » (route), et « Men » (porte) : une porte qui s’ouvre sur une nouvelle voie. Nous proposons donc ce que nous aurions aimé trouver ici : des produits qui ont une âme et du caractère et qui s’affranchissent du temps et des tendances. Car pour nous, un intérieur réussi doit raconter une histoire… ce que nous proposons à travers nos pièces.

Où trouvez-vous les meubles et objets que vous proposez ?

Delphine : Dans notre démarche de valoriser les savoir-faire traditionnels locaux, nous avons, dans un premier temps exploré sur Hong-Kong. Il y a 10 ans encore, nous aurions pu y trouver des ateliers de fabrication artisanale de mobilier en bambou, mais rapidement, nous avons réalisé qu’il ne restait plus rien; ce qui nous a amenées à réorienter nos recherches sur la Chine.

Comment les remettez-vous en état ? 

Anne Julie : Lorsque nous trouvons un objet, il n’est évidemment pas dans l’état dans lequel nous le proposons. Trouver les artisans travaillant à l’ancienne et respectant la pièce dans ce qu’elle a d’authentique a été un enjeu majeur. Nous souhaitons garder une imperfection, un détail, une marque, maintenir la patine originelle du bois, ne pas remplacer du vieux par du neuf…

En quoi est-il important de les faire revivre ?

Delphine : Nous voyons trois raisons à prolonger la vie de nos objets. Tout d’abord, la transmission : toutes ces pièces sont un témoignage du passé et font partie du patrimoine d’une culture, c’est en cela qu’elles doivent être valorisées. D’autre part, en les revalorisant, elles peuvent retrouver plus facilement une place dans nos intérieurs contemporains et en ce sens, devenir une alternative au mobilier neuf. Enfin, parce qu’avoir du style pour nous, c’est savoir associer, créer des mélanges… comme celui d’un tableau contemporain au-dessus d’une console en bois d’orme brut.

Est-ce que ce sont des pièces de valeur, ou la valeur est-elle plus sentimentale ?

Delphine : Pour nous, toutes les pièces que nous faisons rénover ont la même valeur parce qu’elles sont uniques et qu’elles racontent une histoire. Pièce d’exception, antiquité ou simple objet d’art populaire, peu importe.

Vous développez également une gamme textile, pouvez-vous nous en dire plus ?

Delphine : Nous ne pouvions envisager une marque de déco sans une gamme textile. C’est également une bonne alternative au neuf : on peut transformer son salon en changeant la housse de canapé et les coussins…En revanche, nous ne voulions nous lancer qu’à une seule condition: que tout soit fabriqué localement à Hong-Kong. Ce que nous sommes fières de pouvoir promouvoir aujourd’hui !

De la même manière, vous développez une gamme de meuble sous votre marque, est-ce complémentaire et pourquoi ?

Anne-Julie : Pour nous, une pièce vintage prend toute sa valeur quand elle trouve sa place dans un intérieur contemporain. Il nous a donc semblé naturel de proposer une gamme de petits meubles et d’accessoires modernes, en particulier du mobilier en métal qui se marie à merveille à nos pièces en bois brut.

Quels sont vos projets de développement ?

Anne Julie : La réédition de certaines pièces vintage en petite série, le lancement d’une collection capsule pour le printemps prochain, notre site marchand, des collaborations avec des artistes, et peut-être, l’ouverture d’un showroom permanent qui pourrait également servir de laboratoire pour de nouvelles marques qui partagent notre philosophie.

Prochain pop-up du 12 au 16 décembre, chez USAGI

Contact@lumeunhome.com – Facebook: Lumeun Home – Instagram: @LUMEUNHOME