Les îles Palaos (Micronésie) : un remarquable éden des mers du sud
Bien loin de la croisée des chemins, cet archipel micronésien, dont on parle assez peu, est pourtant un grand défenseur de la protection naturelle dans cette zone du Pacifique. État indépendant, cette petite république d’Océanie, vit surtout d’un tourisme à la recherche de lieux préservés et inédits.
Par Christian Sorand
La carte du Pacifique est constellée d’îles que l’on a parfois bien du mal à localiser. L’archipel des Palaos appartient à un vaste ensemble d’îles appelé la Micronésie. Ces “petites îles” se distinguent donc des deux autres groupes que sont la Mélanésie et la Polynésie. La république des Palaos est à l’ouest des états fédéraux de la Micronésie. On compte 340 îles aux Palaos, pour une population d’environ 18.000 habitants. Cet archipel se trouve au nord de la Nouvelle Guinée, à environ mille kilomètres à l’est de l’île de Mindanao, aux Philippines ; l’île de Saipan, dans les Mariannes du Nord est à 1.500 km. Pour se rendre aux îles Palaos, l’avion reste le meilleur moyen. Air Philippines dessert l’île de Koror au départ de Manille.
Aux origines de l’archipel
Contre toute attente, le peuplement de ces îles est très ancien. On estime qu’elles sont habitées depuis trois mille ans, vraisemblablement par une population originaire des Philippines. En 2006, on a découvert deux sépultures à l’intérieur de grottes. Les fouilles ont révélé des restes d’un homo sapiens de très petite taille. Son âge est estimé entre 2.900 et 1.000 ans avant le présent. L’isolement insulaire aurait créé une forme de nanisme. Comme cela a été le cas pour l’homo floresiensis découvert en 2003 et dont la datation remonterait à 50.000 ans. Les Espagnols redécouvrent l’archipel en 1543. Ils baptisent ces îles “Los Palaos”. Ce mot serait issu de la langue palawano où “Belau” signifie “village”. Mais dans le groupe des langues malayo-polynésiennes, le terme “Pulau” signifie “une île”. En 1574, l’archipel fait partie des Indes orientales espagnoles. Il deviendra ensuite britannique, allemand, japonais et finalement américain avant d’être d’abord autonome sous la tutelle des Etats-Unis, puis indépendant depuis le 1er octobre 1994. Cette petite république, aujourd’hui de langue anglaise, membre des Nations unies, a alors joué la carte de l’écologie, dans le but de préserver un patrimoine naturel unique en son genre.
Un environnement exceptionnel
La richesse de l’écosystème résulte des trois niveaux caractérisant cet archipel. La formation géologique des îles est due à une activité volcanique sur laquelle s’est greffée une formation corallienne inhérente à cette aire géographique. Le climat humide et chaud a favorisé une forêt tropicale dense, favorable à la prolifération des espèces ornithologiques. L’environnement aquatique se compose de lagons et de fonds coralliens propices à la diversité des espèces marines. La formation des massifs calcaires recèle tout un ensemble de lacs fossilisés ayant eux-mêmes généré des variétés animales endémiques.
Les îles Palaos sont très peu peuplées. Il existe cependant un très grand nombre d’îles désertes. Koror est celle où la population est la plus nombreuse. La plus grande ville de l’archipel se trouve ici et porte le même nom que l’île. On y dénombre 11.000 habitants. C’est également ici que se trouve l’aéroport international. Koror est reliée à l’île voisine de Babeldaob par un pont long de 413m, construit en 2002 par les Japonais. L’île de Babeldaob est la plus grande de l’archipel. C’est ici que se trouve la nouvelle capitale appelée Ngerulmud.
La topographie régionale a permis de mettre en place un tourisme vert. La meilleure option serait les excursions en bateau sur les lagons en direction de plages de sable corallien vierges, bordées par des eaux oscillant entre turquoise et aigue-marine. Trois types d’activités de loisir s’offrent alors. La première consiste à faire du kayak. Cela permet de découvrir des îlots et des chenaux lagunaires. La seconde, d’ailleurs souvent liée à la première, est celle de la plongée avec tuba. Cette option permet d’explorer des fonds peu profonds, composés de 385 espèces de coraux et surtout de croiser les poissons tropicaux. Il reste enfin, pour les pros, la plongée plus sportive dans les eaux profondes. On dénombre également treize espèces de requins. Le pays est d’ailleurs devenu le premier sanctuaire mondial de requins en 2009. Les îles Palaos ont aussi quelques colonies de crocodiles marins. Mais selon les statistiques, cela présente assez peu de danger. On y trouve également des colonies de dugongs et des raies manta.
Toutes ces richesses naturelles font des Palaos un paradis marin incontesté. Il existe d’ailleurs un type de plongée unique au monde qui demeure l’apanage de cet archipel: il consiste à aller plonger dans un lac insulaire parmi des milliers de méduses !
Les îles Chelbacheb (Rock Islands)
En 2012, l’Unesco classe les îles situées à la pointe sud de l’archipel sur la liste des sites du patrimoine mondial de l’humanité.
Ces îlots calcaires d’origine volcanique, d’une grande beauté naturelle, sont surnommés “Rock Islands”. Ils sont vieux d’environ 12.000 ans et forment un vaste lagon fermé par une barrière de corail. Certains d’entre eux renferment des lacs marins connectés à la surface de l’océan par des fissures et des tunnels. L’une de ces îles, appelée Ngermeaus Island, possède un lac fossile d’une profondeur d’environ 30m. On l’a surnommé “le lac aux Méduses” car il en renferme des milliers non venimeuses. On dénombre deux types endémiques de méduses. L’une est appelée l’espèce Aurelia (“moon jellyfish”, en anglais); l’autre est l’espèce Mastigias (“golden jellyfish”).
Plonger dans ce lac avec un simple tuba est une expérience inoubliable, voire onirique. Cette aventure reste le clou d’un voyage aux îles Palaos.
L’île de Koror
Koror est un lieu de passage inévitable quand on débarque dans l’archipel. L’agglomération ressemble plutôt à un gros village qui déborde sur les quelques modestes reliefs ponctuant le paysage. L’enceinte du musée renferme des exemplaires de l’architecture traditionnelle rappelant un peu l’art polynésien.
La plupart des hôtels se trouvent à Koror. Ils constituent l’essentiel de l’infrastructure touristique de l’archipel des Palaos. Malgré son développement relatif, l’île de Koror recèle des échancrures lagunaires parfois étonnantes. L’eau y est si claire que les fonds transparaissent et avec eux, la vie marine ! La forêt tropicale, de taille modeste comparée à d’autres régions avoisinantes, reste malgré tout présente dans son exubérance climatique. Les plus beaux hôtels de l’île sont situés sur des plages paradisiaques. La vaste étendue des eaux marines du Pacifique sud permet d’y admirer de magnifiques levers ou couchers de soleil dans une lumière exceptionnelle en fonction de la latitude.
Ainsi, vient-on aux îles Palaos s’imprégner d’une atmosphère exotique atypique grâce à une nature exceptionnelle encore intacte, encore jalousement préservée. L’espace agricole de l’archipel est limité. La réserve en eau potable est problématique. L’agriculture n’est qu’un maigre moyen de subsistance alors que la pêche est heureusement une source importante d’approvisionnement. Comme la République des Palaos est devenue l’un des leaders mondiaux en matière de protection de l’écosystème marin, cela permet de développer l’industrie touristique.
En lui-même, le périple au-dessus du Pacifique opère une fracture temporelle. On se retrouve soudain propulsé dans un environnement exceptionnel, similaire sans doute à l’Eden des premiers jours. Il y a peu d’endroits au monde où on puisse ainsi conjuguer isolement et bien-être.
Liens :
Palaos – Koror – Homme de Palaos – Rock Islands – Jellyfish Lake : Wikipedia
UNESCO: Lagon sud des îles Chelbacheb: https://whc.unesco.org/fr/list/1386/