Les Dragon Boats rament contre le plastique avec Green Dragon HK

Créé en septembre 2017 par Suzanne Younan, Green Dragon HK est une initiative qui vise à fédérer les équipes pour la lutte contre la pollution des océans. Rencontre avec Amandine de Gorguette d’Argoeuves, membre de Green Dragon HK.

Propos recueillis par Isabelle Chabrat

Trait d’Union : Pourquoi avoir décidé de créer Green Dragon HK ? Quel a été l’élément déclencheur ?

Amandine de Gorguette d’Argoeuves : Juste après le typhon Hato, Suzanne a rejoint un groupe pour nettoyer la plage de Ma Hang à Stanley. La quantité et le type de déchets qu’elle y a trouvé l’ont marqué profondément. Cela l’a décidée à faire changer les choses. Les autres volontaires de Green Dragons HK sont tous passionnés et engagés dans la lutte contre la pollution plastique. Certains dans leurs gestes de la vie quotidienne, d’autres au sein d’associations. 

Qu’est-ce que la campagne « Paddle without Plastic » ?

C’est une campagne de communication qui invite les équipes de dragon boat à prêter le serment de réduire leur empreinte plastique lorsqu’ils pratiquent leur sport.

Les équipes s’engagent à :

1. Utiliser des gourdes réutilisables lors des entraînements et lors des courses

2. Apporter des verres réutilisables lors des évènements

3. Se servir de contenants réutilisables pour leur déjeuner

4. Réaliser un nettoyage de plage de cinq minutes à la fin de chaque training

5. Nommer un « Green Ambassador » dans leur équipe, garant de leur engagement

6. Encourager d’autres équipes à rejoindre les Green Dragons HK et sensibiliser leurs proches

Voir les équipes habituellement très compétitives les unes envers les autres s’engager ensemble est très impressionnant. C’est un message fort qu’elles envoient et qui va bien au-delà de la communauté sportive de Hong-Kong.

Combien d’équipes de Dragon Boat existent à Hong-Kong et combien ont prêté serment à ce jour ?

Nous avons 20 équipes qui ont déjà prêté serment. Cela représente plus de 600 personnes venant de tout Hong-Kong. Huit autres équipes ont prévu de prêter serment avant avril. Il y a certainement plusieurs centaines d’équipes de dragon boat à Hong-Kong, nous avons encore beaucoup de travail !

Comment interagissez-vous avec les organisateurs du Dragon Boat Festival pour réduire les déchets plastiques lors des courses ?

Notre approche a été d’identifier avec les organisateurs le type d’actions qu’ils peuvent envisager à leur échelle. Nous nous concentrons principalement sur deux axes majeurs: réduire le nombre de bouteilles à usage unique utilisées lors des journées de course, et améliorer la collecte de plastiques qui peuvent entrer dans un circuit de recyclage fiable.

Nous encourageons également les organisateurs à communiquer largement leur ambition de réussir un événement sans plastique aux équipes, aux restaurateurs partenaires et aux sponsors. Les uns peuvent par exemple mettre en place un système de verres à consigne et utiliser des contenants en carton et papier plutôt que plastique, les autres peuvent distribuer des objets promotionnels réutilisables et sans plastique.

Comment réagissent les équipes hongkongaises à une telle initiative ?

Les équipes, comme les organisateurs de festival ont une réponse plutôt positive à cette initiative. Certains n’ont pas attendu Green Dragons HK pour s’engager vers une pratique du sport très respectueuse de l’environnement. C’est souvent le cas pour les communautés de sportifs sur mer, témoins de premier choix de l’ampleur de la pollution.

Malgré une forte sensibilisation, nous observons cependant qu’il est souvent difficile de passer à l’acte collectivement. Pour les Hongkongais, comme pour les Français, changer les habitudes en profondeur n’est pas aisé ! Le sujet du changement climatique et de la pollution plastique en particulier est tellement vaste qu’il peut submerger. Il est parfois difficile pour chacun de croire que leur geste pourrait avoir un impact sur le problème global. Rassembler les équipes autour de cette initiative a eu un impact positif dans ce sens. Les équipes et individus se sentent partie d’une communauté et d’un mouvement plus large. Cela a pu les mobiliser et les aider à passer à l’action.

Un autre frein que nous rencontrons est lié au coût additionnel que peut entraîner le choix d’une solution sans plastique. Dans notre monde actuel, il est triste d’admettre que les solutions polluantes sont toujours moins chères à court terme que les solutions durables respectueuses de l’environnement.