Evasion

Le souffle scandinave d’une brise résolument verte

Au risque de surprendre, Oslo offre l’un des styles de vie parmi les plus agréables du continent européen.

À vrai dire, la capitale norvégienne n’a ni le charme romantique de Paris, ni la beauté captivante de Prague. Elle semble simplement répondre aux aspirations de l’homme du XXIe siècle. C’est ce qui en fait son attrait principal. Un art de vivre qui pourrait bien être un modèle du genre.

Par Christian Sorand

 

Nul doute, il fait bon vivre à Oslo. Protégée par une barrière montagneuse et de vertes collines, la ville n’en est pas moins marine, à l’extrémité septentrionale d’un grand fjord baltique. C’est l’apanage des cités bâties sur les rives océanes, tournées vers le large. Située au sud de la Norvège, elle bénéficie donc d’un climat continental doux et humide. À cela s’ajoute un atout supplémentaire. La montagne forme une toile de fond. Alors ici, comme à Vancouver, en Colombie britannique, on profite des sports de neige en hiver et on s’adonne aux joies nautiques à l’arrivée des beaux jours.

Il y a mieux encore. Même si l’agglomération urbaine est légèrement inférieure au million d’habitants, la ville conserve une taille humaine d’environ 658.000 habitants. Moderniste puis contemporaine, elle est en passe de devenir un élément phare du design scandinave. Ville branchée, elle est un paradis pour le piéton et le cycliste. Des parcs, des espaces verts, des forêts, de vastes esplanades, lui donnent une allure de capitale verte. La circulation automobile est moins dense qu’ailleurs. On privilégie les transports en commun : bus, tramway, train de proximité, métro, voire ferry. À Oslo, on peut prendre le métro directement sans jamais descendre de sa bicyclette ! Une rampe conduit jusqu’à la plateforme et on conduit tout simplement son vélo dans l’espace réservé des wagons ! De plus, la ville est résolument tournée vers les sports de mer et de neige ; elle offre un espace culturel multiple grâce à ses nombreux musées et ses manifestations artistiques de premier choix.

Il est temps de partir à la découverte des nombreux attraits d’une ville pour le moins surprenante.

 

Une ville verte au charme discret

Selon la saga scandinave, Oslo aurait été fondée en 1049 par Harald Hardräda (1015-1066), un militaire connu pour sa main de fer et devenu roi sous le titre d’Harald III de 1046 à 1066. En réalité, il semble qu’il existait déjà un peuplement antérieur. La toponymie du lieu tire son origine d’un mot As-lo, signifiant « le champs des dieux ».

Entre reliefs au nord et fjords au sud, la cité s’étale en arc de cercle autour du rocher supportant un bastion du XVIIe siècle. La forteresse d’Akershus commande ainsi le port baltique déjà protégé par une vaste baie (Oslofjord) aux quarante îles. Cette proéminence rocheuse forme une péninsule offrant deux ports naturels : le vieux port, côté ouest, et le port moderne sur son aile orientale. On comprend dès lors l’importance maritime d’Oslo, siège de compagnies de navigation ou d’assurances mondialement connues. La partie occidentale, que l’on pourrait caractériser comme étant celle de la ville ancienne, est dominée par l’hôtel de ville (Oslo radhus) aux briques rouges, devenu l’emblème de la cité. D’architecture massive, édifié entre 1931 et 1950 – en fonction des aléas de la Seconde Guerre mondiale – ce monument flanqué de deux tours d’une soixantaine de mètres abrite chaque mois de décembre, la cérémonie du prix Nobel de la paix. Une vaste esplanade fleurie s’ouvre sur le port dont la fébrilité est quasi permanente de par le va-et-vient des ferrys. La prolifération de magnifiques goélettes mouillées dans le port apporte une touche surannée à ce tableau. La partie droite du port faisant face au fjord est devenue récemment le quartier branché de la capitale grâce à ses nombreux cafés et restaurants. Les architectes scandinaves ont réussi à faire de Bryggetorget une vitrine du style contemporain. On ne peut qu’en admirer la conception. Ici, l’œil semble vouloir se réconcilier avec les nouvelles tendances de l’architecture. La place laissée à l’eau, celle de la baie, des canaux et des fontaines, laisse entrevoir aussi le Kirkeberget (629 mètres), la plus haute proéminence de la ceinture nord. La montagne abrite l’énorme tremplin de ski Holmenkollen édifié pour les Jeux olympiques d’hiver de 1952. Ce lieu continue à être le théâtre de compétitions internationales.

Le palais royal (1825) surplombe la ville du haut d’une colline plantée d’un beau parc (Slottsparken). Puis, une vaste esplanade offrant un beau panorama sur la capitale conduit à un escalier au pied duquel on accède à l’artère urbaine principale. Karl Johans gate traverse tout Oslo dans sa longueur jusqu’à la gare centrale. On passe alors devant le théâtre national (1899) sis sur une agréable promenade ombragée, puis devant la terrasse du vénérable Grand Café (1874), autrefois fréquenté par Henrik Ibsen et Edvard Munch, et enfin le Storting, parlement norvégien (1866). À partir de là, Karl Johans Gate devient une zone piétonne. Peu avant la gare centrale, on aperçoit la cathédrale (1697) de rite luthérien.

Le quartier de la gare est en pleine rénovation. Cette partie de la capitale est plus commerciale. Elle s’ouvre sur la deuxième baie, celle du port des bateaux de croisière, puisque Oslo compte parmi les escales maritimes de la mer Baltique. C’est donc ici que se trouve l’une des dernières réalisations architecturales : l’opéra d’Oslo, ouvert en 2008. Conçu par le cabinet d’architecture Snøhetta, basé à Oslo et à New York, cet édifice résolument contemporain est une vraie splendeur, rayonnante de blancheur en granite et en marbre. Sa conception est à l’image d’un iceberg des mers du Nord et apparaît désormais comme la contrepartie boréale de l’opéra de Sydney.

Cette œuvre monumentale est devenue un peu la figure de proue d’une ville ouverte à toutes les formes d’arts.

 

Une cité tournée vers les arts

Il est vrai qu’Oslo a été le berceau de trois artistes célèbres : le dramaturge Henrik Ibsen (1828-1906), l’artiste peintre Edvard Munch (1863-1944), et le sculpteur Gustav Vigeland (1869-1943).

L’appartement d’Ibsen est devenu un musée ouvert au public et conserve l’atmosphère de l’époque. L’expressionnisme légendaire de Munch s’exprime dans le tableau intitulé « Le Cri ». Le musée Munch est situé dans le parc Tøyen à proximité du jardin botanique et de l’université. Les œuvres de Vigeland agrémentent un vaste parc (Frogner & Ekerbergparken) où l’on peut admirer 212 de ses sculptures de granite, de bronze et de fer forgé. C’est à la fois le plus grand parc d’Oslo, et aussi le plus grand musée de sculptures à ciel ouvert du monde. C’est donc l’un des lieux les plus visités de la ville. Gustav Vigeland avait voulu représenter l’humanité sous ses différents aspects. Parmi toutes les œuvres exposées, le « Monolithe » et la « Roue de la Vie » dominent cet ensemble du haut d’une proéminence du parc.

En ville, la Galerie nationale se trouve à proximité du palais royal et de Karl Johans gate. Fondée en 1837, la partie du musée consacrée à la peinture conserve les œuvres d’un grand nombre d’artistes modernes. On y trouve notamment un deuxième exemplaire du « Cri » de Munch. El Gréco y figure également, ainsi que Picasso et Gauguin, et surtout un grand nombre d’impressionnistes: Manet, Degas, Renoir, Matisse, Cézanne, Monet.

Du port, on peut prendre un ferry (nº91) pour se rendre à la péninsule de Bygdøy. Elle est souvent appelée la presqu’île des musées. Outre le fait que ce soit un lieu résidentiel très sélect, elle abrite en effet quatre musées. Trois sont consacrés aux transports maritimes. Il y a tout d’abord le musée maritime norvégien (Norsk Maritimt Museum), le musée du Kon-Tiki (Kon-Tiki Museet) et le musée des bateaux vikings (Vikingskipshuset). On se souvient de l’ethnologue et aventurier norvégien Thor Heyerdahl (1914-2002). En 1947, il avait effectué une traversée trans-pacifique du Chili à l’archipel des Tuamotu ; puis en 1969-70, il entreprenait une seconde expédition, transatlantique cette fois, du Maroc à l’Amérique du Sud. Le musée qui lui est consacré expose le Kon-tiki et Ra II. Le remarquable musée des bateaux vikings est à proximité. Il abrite des exemplaires de navires provenant de sites funéraires découverts dans le fjord d’Oslo. Ces embarcations datent de 1100 ans et étaient destinées à transporter leurs propriétaires au royaume des morts. Le musée du folklore norvégien (Norsk Folkemuseum) est situé un peu plus loin. Ce grand parc expose en plein air 155 maisons traditionnelles en provenance de toute la Norvège. Le personnel est vêtu en costume local et participe aux animations. La vieille église en bois debout du parc a été reconstruite en 1884 et provient de la vallée de Gol, à mi-distance entre Bergen et Oslo.

La capitale norvégienne offre, comme on l’a vu, de multiples attraits. Sa position géographique au sud du pays et la présence de la mer Baltique lui permettent d’avoir un climat continental tempéré. Les variations de la lumière oscillent entre 6h00 l’hiver et 18h00 au solstice d’été. De mai à juillet le climat peut être ensoleillé et d’une température printanière. La Norvège ne fait pas partie de l’Union européenne, mais elle adhère toutefois aux accords de Schengen. L’aéroport international de Gardermoen est relié à la plupart des villes européennes et est l’un des plus fréquentés du continent. Même si Oslo demeure l’une des villes les plus chères au monde, il n’en reste pas moins que c’est aussi l’une des plus sûres.

Quoi qu’il en soit, Oslo est un lieu où il fait bon se trouver et surtout offre un environnement urbain que bien d’autres villes rêvent d’avoir.

 

Bibliographie

  • Norway, Lonely Planet, 6th edition, 2015,
    ISBN 978-1-74220-207-5

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