Le retour en France… après 15 ans en Asie
Quelques semaines après avoir évoqué le sujet pour la première fois, ça y est, la décision est prise, on rentre en France. Nous ne sommes pas « obligés », aucune de nos deux entreprises ne nous rapatrie mais celle de mon mari déménage de Hong-Kong à… Nice ! Le travail en remote n’étant que très moyennement pratique avec 7 heures de décalage horaire ; et l’envie de se rapprocher de la famille nous aident à sauter le pas. Il est de Lyon, moi de Paris et je n’ai jamais mis les pieds sur la côte d’Azur. Je suis enceinte de huit mois du petit deuxième et il faut se lancer dans la grande aventure du retour. Petit retour d’expérience.
Par Caroline Fieux
D’abord, commencer par élaborer un rétro-planning.
Trois mois avant le départ, je parle à mon employeur. Puis, on décide aussi de ce qu’on va prendre, vendre, donner…
Avec deux enfants, on trouve plus simple d’emporter une majorité de choses plutôt que d’avoir à tout racheter sur place. Après 12 ans à Hong-Kong, on a aussi des meubles antiques qu’on aimerait ramener. L’option container de 20 pieds l’emporte ! Au final, on a très peu de choses à vendre, on donne beaucoup.
Il faut ensuite voir les devis des compagnies de déménagement, choisir les options, bien penser à poser toutes les questions, s’assurer que les devis comprennent bien toutes les informations, et prévoir cinq à sept semaines pour le voyage de nos affaires en bateau.
Toujours trois mois avant, on commence à contacter les institutions françaises pour les prévenir du changement d’adresse. Nous ne savons pas où nous allons habiter mais comme il est prévu de passer les quatre semaines autour de Noël chez mes parents, le temps de faire les visites et trouver un appartement, nous choisissons de rediriger le courrier chez eux en attendant. On écrit donc aux banques, compagnies d’assurance, service des impôts, etc… pour faire changer l’adresse d’expédition du courrier.
On se fait faire une attestation d’hébergement par des cousins qui habitent Nice, pour la compagnie de déménagement. On se renseigne sur les écoles, surtout si on veut mettre ses enfants dans le privé. Les dossiers sont à remplir en janvier pour la rentrée de septembre. Pas de temps à perdre !
Et si on rentre sans travail, on peut commencer à activer son réseau, remettre à jour son profil LinkedIn et refaire son CV.
Deux mois avant le départ, le jour J approche. On commence à proposer notre appart aux copains, on fait passer aux parents qui sont venus nous voir pour la naissance du petit deuxième les objets de « valeur » qu’on ne veut pas mettre dans le container. On annule aussi la majorité de nos cartes de crédit hongkongaises. On ne garde qu’une carte chacun. On en profite aussi pour annuler le débit direct chez les opérateurs de type téléphone mobile ou internet. On peut payer les dernières factures au 7/11 ou par internet évitant les soucis de débit automatique après notre départ.
Il est aussi temps de prévenir les banques et les compagnies d’assurances locales de la date du déménagement. Certaines remboursent même le trop perçu au moment du départ.
Étant donné qu’il y a un délai de carence au retour en France, la plupart des assurances médicales internationales acceptent de couvrir les usagers quelques semaines après leur retour.
Il faut aussi s’y prendre un peu à l’avance pour prévenir les fournisseurs d’Internet, de téléphone, d’eau, de gaz et d’électricité. Chez Towngas, un employé passera pour relever le compteur. Avec HKelectric, le remboursement peut se faire par transfert. Il faut envoyer un relevé de compte à cs@hkelectric.com (customer services representatives : 2887-3411). Pour l’eau, envoyer un email à : wsdinfo@wsd.gov.hk
Et puis en vrac et selon les cas : le notaire, l’avocat, les clubs (sport ou autres), les abonnements aux magazines, les différentes associations, l’école des enfants, la paroisse…
La poste hongkongaise offre un service de redirection du courrier en local ou à l’international
(https://www.hongkongpost.hk/en/receiving_mail/redirection/index.html)
On peut aussi demander au propriétaire d’avoir la gentillesse de transférer le courrier qui aurait échappé à la vigilance de la poste (et dans notre cas, il y en a eu… beaucoup).
Un mois avant le départ, tic tac, tic tac… On commence les formalités avec le consulat. Radiations des listes consulaires et électorales, on récupère un « certificat de changement de résidence », qui peut être exigé par les douanes françaises. Si on est enregistré au consulat, ce certificat peut être demandé par courrier électronique, par courrier ou en personne au consulat. (inscription.hkg@diplomatie.gouv.fr).
Il est aussi temps de contacter les généralistes, les spécialistes et les hôpitaux pour obtenir une copie des dossiers médicaux de toute la famille. Ne pas oublier les ostéos et les kinés.
Concernant notre helper, il faut envoyer les papiers de la fin de son contrat à l’immigration (form ID407E). Si elle est restée au moins deux ans au service de l’employeur, lui payer son severance payment (salaire x ⅔ x nombre d’années travaillées pour l’employeur).
La déclaration officielle de déménagement se fait au Home Affairs department, Public Enquiry Service Centre. Remplir le formulaire : « Mandatory provident fund schemes ordinance (CAP. 485) (“the Ordinance”) statutory declaration for claims for payment of accrued benefits on ground of permanent departure from Hong-Kong ». Récupérer la déclaration signée car elle sera requise au moment de la demande de retrait de MPF.
Attention : consolider les éventuels différents comptes MPF bien en amont pour ne faire le retrait qu’une fois avec la déclaration signée.
En ce qui concerne le Inland Revenue department (IRD), il faut aussi l’informer du départ afin de payer les taxes éventuelles dans les temps (ou se faire rembourser du trop perçu de l’année précédente). Remplir la Green Tax form envoyée par l’IRD dans les 14 jours suivant sa réception. L’employeur notifiera l’IRD des salaires via le formulaire IR56G. Le règlement final se fait en personne à la Revenue Tower à Wan Chai.
Il faut garder précieusement la preuve du règlement final. Ce « quitus » peut être demandé aussi bien par les services douaniers au moment du départ, qu’au retour en France par l’administration fiscale. Si des donations ont été faites et indiquées lors de la dernière déclaration de revenus, il faut en apporter la preuve.
Une fois toute la partie administrative réglée, il reste encore à remettre l’appartement en état. Les compagnies de déménagement fournissent des listes exhaustives de choses à ne pas mettre dans le container (attention à certaines huiles, au vernis à ongles, à la nourriture et à l’alcool en particulier).
L’arrivée en France : il faut s’armer d’un peu plus de patience qu’à Hong-Kong.
Faire rentrer les enfants dans le système ne s’est pas avéré trop problématique bien qu’ils soient tous les deux nés à Hong-Kong. Pour mon mari qui a travaillé directement, obtenir une carte vitale s’est fait très rapidement. En revanche pour moi, qui étais partie de France depuis 15 ans, le rattachement à la sécu n’est pas encore fait… plus de 16 mois après notre retour.
Les conjoints ne peuvent plus être « rattachés » au compte de celui ou celle qui travaille et doivent faire une demande, mais les dossiers peuvent mettre des mois à être traités.
J’ai donc créé une entreprise en auto-entrepreneur pour pouvoir bénéficier d’un organisme de remboursement des frais de santé indépendant. Et par ce biais, j’ai pu être rattachée à la mutuelle de mon mari.
A partir du moment où j’ai commencé à travailler, j’ai pu faire une demande pour rejoindre la CPAM (formulaire 750 sur le site ameli.fr) mais là encore, la démarche est longue et je ne suis toujours pas affiliée. Croisons les doigts !
Dans tous les cas, bien penser à déclarer son médecin référent au plus tôt.
En ce qui concerne les impôts, on peut facilement modifier l’adresse sur leur site. Et d’ailleurs il existe un site qui permet de déclarer par internet et en une seule opération, le changement d’adresse à plusieurs organismes (CAF, MSA, CPAM, impôts, EDF, Pôle emploi…). https://mdel.mon.servicepublic.fr/mademarchev5/sfjspinterviewID=JeChangeDeCoordonnees
Les directeurs des écoles, qu’elles soient publiques ou privées, ont été accueillants et ouverts à nos problématiques d’enfants multilingues arrivant d’un environnement très différent.
Mais pour la crèche, aucune chance si un des deux parents ne travaille pas. Ce qui ne simplifie pas la tache si on est en recherche d’emploi… Pôle emploi et l’APEC ont été très réactifs et avait bien préparé le rendez-vous initial.
Pour nous qui ne connaissions absolument pas la CAF, la PAJE et autres site type URSSAF, les personnes ressource ont, paradoxalement, été les groupes de parents étrangers. On quitte le groupe facebook Hong-Kong moms pour rejoindre le groupe Riviera mums and dads.
Ces parents sont passés par les mêmes épreuves en arrivant en France et ce sont donc mes nouvelles copines suédoises, japonaises, russes, indiennes et néerlandaises qui m’ont donnée les meilleurs conseils !
Après s’être fait radier des listes électorales de Hong-Kong, il a fallu réactiver notre identité pour s’inscrire sur les listes niçoises. On nous a d’ailleurs demandé de fournir le certificat de radiation. Pour s’inscrire à la mairie du domicile, il faut une pièce d’identité, un justificatif de domicile et remplir le formulaire cerfa n°12669*01 de demande d’inscription (disponible en mairie ou en ligne).
Si besoin, la recherche d’assistante maternelle doit se faire le plus tôt possible.
Dans notre cas, en trouver une qui était disponible pour deux enfants à partir du mois de février a relevé du parcours du combattant. Mais en cherchant pour septembre, c’est beaucoup plus simple. Et si on n’a toujours pas trouvé après s’être renseigné auprès d’un relais d’assistantes maternelles (RAM), ou sur le site de la CAF, de la mairie et du Conseil départemental, il reste l’option d’approcher les assistantes maternelles dans les parcs pour leur demander si elles ont de la place !
Le retour est donc semé d’embûches administratives, mais aussi ponctué de belles rencontres, de déjeuners dominicaux qui rappellent les sorties au dim sum, de retrouvailles avec les copains et de grandes découvertes.