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Le millésime 2012 des grands crus de Bordeaux à l’honneur à l’Intercontinental

C’est à Hong-Kong, dans les prestigieux salons de l’hôtel Intercontinental que l’Union des grands crus de Bordeaux a fait étape le 6 mars dernier pour faire découvrir à près de 600 visiteurs le millésime 2012. Une première « sortie » logique en Asie pour soixante-huit des plus belles étiquettes bordelaises estampillées 2012, (Hong-Kong, où 75 % des vins français vendus sont des Bordeaux, est le premier marché mondial pour les grands crus bordelais) représentées par leurs propriétaires ou leurs représentants heureux de partager leur passion de l’excellence avec les professionnels. Parmi ces passionnés, quatre femmes pour quatre domaines prestigieux… Rencontres.

Laure Bastard, responsable commerciale et marketing, Château Giscours et Château du Tertre

« Quand je suis arrivée pour la première fois en Chine, j’avais une dégustation et il y avait énormément de monde qui voulait goûter le château Giscours. Je disais en anglais, voulez-vous goûter le Château Giscours et les gens avaient l’air ébahis par le mot Château Giscours. L’explication m’a été donnée par mon interprète m’expliquant que nous étions la sirène car le logo de Giscours est une
sirène ce qui se traduit en chinois par « la jolie femme poisson ».

« La petite sirène chinoise »

En Chine notre vin est donc très connu grâce à la « belle sirène ». Et ça nous ne l’avons pas inventé car c’est notre étiquette depuis 1855. Les Coréens connaissent aussi très bien le Château Giscours car c’est un vin qui est servi depuis longtemps sur Korean Air. Aujourd’hui 80 % des ventes du Château Giscours se font à l’export. Le millésime 2012 est vraiment porté par le fruit, avec une belle fraîcheur, une belle trame tanique, une acidité parfaite, c’est un vin très agréable même très jeune. » 

Véronique Dausse, directrice générale de Château Phélan-Ségur

« Sur ce millésime 2012, c’est un vin qui est extrêmement approchable avec des tanins très ronds, très en fruits, qui plaît beaucoup aux consommateurs. C’est très important pour nous de venir rencontrer les acteurs du marché, il n’y a pas que Hong-Kong, beaucoup de visiteurs viennent de Canton et Shenzhen. Pourtant les ventes des grands crus n’augmentent pas en Chine ces derniers mois. Nous sommes dans des prix abordables entre 40 et 50 euros. Nous sommes confiants, les formateurs de Chine populaire se dirigent vers ces vins car maintenant le vin en Chine n’est plus du cadeau ou de la spéculation mais vraiment de la consommation.

« Du prestige de la vigne à celui de la table… »

Derrière ce vin il y a la famille Gardinier qui célèbre ses trente ans à Phélan Segur. Aujourd’hui le groupe Gardinier et fils est géré par trois frères. L’activité du groupe s’est développée également dans la restauration avec Les Crayères, restaurant Relais et Châteaux à Reims qu’ils ont racheté en 2002 et plus récemment le restaurant Taillevent, un des exemples de la grande cuisine et de la grande gastronomie française. A partir de Taillevent, nous développons un concept qui regroupe toutes nos activités, un concept de brasseries très haut de gamme, très axées sur le vin, qui offrent au-delà d’une cuisine avec des vrais plats de brasserie, 110 vins au verre. « Le 110 de Taillevent » nous l’ouvrons à Londres au mois de juin, puis peut-être à Tokyo et nous verrons ensuite pour Hong-Kong ! »

Di Dubourdieu Sun, propriétaire de Château Doisy Daëne

« Je suis moitié Chinoise, moitié Bordelaise car je vis depuis huit ans en France. Je me suis mariée avec un Français mais surtout avec le sauternes (rires). J’étais professeur d’anglais lorsque j’étais en Chine, ensuite je suis partie en France pour apprendre la langue française.

« Une Chinoise bordelaise, ambassadrice des sweet bordeaux… »

J’ai changé de spécialité, j’ai obtenu un master commerce international à Bordeaux, un peu par hasard puisque ma famille d’accueil habitait Bordeaux. Ensuite lorsque j’ai rencontré mon mari, il m’a fait entrer dans le monde merveilleux du vin ce qui explique ma présence ici. J’ai obtenu un diplôme d’oenologue l’an dernier à Bordeaux et maintenant je travaille dans le vin. Je fais beaucoup de marketing pour le sauternes en Chine, je suis un peu ambassadrice en Chine pour les sweet bordeaux. C’est assez unique une Chinoise comme ambassadrice… Le métier du vin est très intellectuel, très culturel, très intéressant comme la langue française. C’est la raison pour laquelle j’ai passé ce diplôme. Aujourd’hui je suis fière de représenter notre propriété. »

Fabienne Durou, responsable de communication de Château Pichon-Longueville

Comme toujours à Hong-Kong nous avons beaucoup de monde lors de cette dégustation. Un public très intéressant pour nous parce que ce sont des distributeurs. Nous organisons aussi des rencontres avec les consommateurs et c’est très important pour nous de rencontrer les clients finals. Le marché bouge en permanence. Nous avons un marché important aux USA qui fluctue en fonction des crises financières, du cours de l’euro ou du dollar. La Chine a fait beaucoup monter les prix pour les millésimes 2009-2010, maintenant avec les lois anticorruption les Chinois achètent moins de grands vins surtout les premiers et les seconds.

« Respect du terroir… »

Le marché est un petit peu retombé mais globalement il s’équilibre. Le millésime 2012 était un millésime très difficile pour les viticulteurs, il nous a fallu être très vigilants, travailler beaucoup dans le vignoble, nous avons eu une phase de maturation très lente avec un résultat très inégal. Sur une même grappe à la fin août, il était possible de trouver des raisins verts et d’autres murs. Il nous a fallu couper, sélectionner et lors de la vinification nous avons quand même récolté de beaux merlots, les conditions pour les merlots étaient favorables. Il a fallu adapter la vinification à la qualité des raisins, avec des extractions très lentes pour extraire le maximum de fruits, il ne fallait pas chercher à extraire beaucoup de tanins car la maturité n’était pas suffisante pour avoir des vins très puissants. C’est un millésime beaucoup plus abordable, très sur le fruit que l’on peut presque boire maintenant. Il fallait respecter le terroir, le raisin et ne pas chercher à en faire trop.