La vie, c’est de la magie !
La magie s’est invitée à la fête des 15 ans de l’Alliance française de Wuhan en la personne de Guillaume Vallée, en novembre dernier. Magicien, mentaliste, comédien, poète ? Comment nommer celui qui manipule, fait disparaître les objets, lit dans vos pensées, vous conte des histoires avec trois cordelettes et par-dessus tout, vous rappelle que vous avez gardé une âme d’enfant ? Rencontre avec un amoureux de la fantaisie, des mots, de la vie…
Propos recueillis par Marie-Christine Huguenin
Trait-d’Union : Vous êtes un habitué des tournées internationales, notamment en Afrique. Comment est perçue la magie que vous proposez sur ce continent qui entretient avec cet art un lien spirituel ?
Guillaume Vallée : Je note parfois une petite appréhension avant le spectacle, vite dissipée lorsque le public réalise que je ne pratique pas la sorcellerie.
Et en Chine ?
J’ai eu l’occasion de constater parfois, la même réaction qu’en Afrique et ai été frappé par les manifestations souvent très expressives de mon auditoire.
J’ai constaté également un réel intérêt pour cet art notamment lors des ateliers d’initiation que j’ai pu animer auprès des étudiants des universités et de l’Alliance française.
Dans votre spectacle, vous évoluez très près du public. En quoi cela est-il important pour vous ?
C’est grâce à cette proximité que les émotions magiques les plus fortes peuvent naître et j’ajouterais que ceci est d’autant plus vrai dans des cadres impromptus hors des salles de spectacle conventionnelles.
On perçoit de votre part, une volonté de rencontrer un public de tous âges, de toutes cultures, de tous milieux. Cela a-t-il une conséquence sur l’élaboration de votre spectacle ?
Effectivement. Mes spectacles sont conçus avec une certaine économie de matériel. J’ai besoin de toucher des publics différents avec une même « valise ». Le rôle des yeux et du corps va être primordial pour, en contexte international notamment, lever la barrière de la langue.
Dès le début du spectacle, on a le sentiment que, très pédagogue, vous nous ramenez à nos propres capacités d’émerveillement, que vous nous guidez vers une découverte de choses simples.
La notion de « pédagogie » me gêne un peu. Je ne me sens pas en position « d’éduquer » le spectateur. Mon souhait est simplement de partager ce que je me dis à moi-même, ce que je ressens, ce qui me touche. La magie peut aller partout où l’imagination peut aller. Et il est important d’ouvrir le coffre-fort de notre imagination.
C’est ce qu’il faut comprendre lorsque vous nous dites d’emblée « La magie, c’est la vie et la vie, c’est de la magie » ?
Tout à fait !
La magie, dans votre spectacle, est aussi celle des mots. Souvent, les magiciens, sur scène, parlent peu ou ne parlent pas. Vous semblez éprouver un réel plaisir à vous faire conteur et à nous emporter, avec trois cordelettes, par exemple, dans un univers d’enchanteurs et de fées, de trois sœurs et de rivalités, avec une grande efficacité…
Le conte est un outil très intéressant pour capter l’attention des petits et des grands. Son pouvoir est immense.
Vous avez présenté votre spectacle aux invités de l’Alliance française et aux élèves de plusieurs écoles internationales, quelques jours après les attentats du 13 novembre à Paris… Le conte des Trois sœurs a pris une coloration très particulière et très émouvante et faisait étrangement écho aux événements vécus. Etait-ce délibéré de votre part ?
Pas du tout. Mes spectacles ne sont pas liés à l’actualité. Ils ont leur univers propre, fait de rêve, de fantaisie.