La vérité ou l’art du mensonge
Un nouveau défi pour l’équipe amateurs du Hong-Kong Theatre Association (HKTA) avec la mise en scène de la pièce de Florian Zeller, « La vérité ». Les acteurs, dirigés par Emilie Guillot, se lancent dans une course effrénée où mensonge et vérité s’entrelacent sans vraiment se dévoiler. Ecrit en 2011, cet éloge du mensonge est avant tout une comédie hilarante que l’auteur destinait à l’acteur Pierre Arditi. Un vaudeville moderne comme on les aime avec une histoire au départ assez basique, Alice trompe son mari Paul avec son meilleur ami Michel et de là, nous voilà transportés de révélations surprenantes à des retournements de situations incroyables.
Rencontre avec Emilie Guillot, directrice du HKTA.
Propos recueillis Catya Martin
Trait d’Union : Pourquoi ce choix ?
Emilie Guillot : Florian Zeller est l’auteur de onze pièces de théâtre, pièces très sérieuses ou comédies, et à mon sens, La vérité, authentique comédie de boulevard, sans prétention, mais aussi malicieuse qu’admirablement construite et qui fut, sans doute, la meilleur pièce comique de l’année 2011, (et encore je ne les ai pas toutes vues), je ne pouvais certainement pas passer à côté. C’est un honneur de jouer et produire l’une de ses oeuvres.
La vérité est une sorte d’éloge au mensonge. Etre comédien nécessite-t-il de maitriser cet art du mensonge ou pas ?
Comme le dit très bien le personnage principal de Michel, interprété magnifiquement par Bertrand Leduby, « elle ne lui ment pas, elle ne lui dit pas la vérité, ce n’est pas pareil ». Cet éloge du mensonge a un revers très frappant puisqu’il nous persuade que finalement ne pas dire la vérité est une sorte de justification pour épargner les autres.
Maintenant c’est une pièce avec laquelle nous nous tirons facilement les cheveux.
Chaque acteur fait tout pour comprendre son personnage et non pas pour mentir sur scène, car s’il y a bien un mot que je n’aime pas au théâtre c’est bien celui-ci, mentir/prétendre, un acteur ne ment pas ! Il est. Il incarne !
Il est un personnage avec toutes ses vérités quelles qu’elles soient – même si l’acteur n’est plus lui-même et encore, c’est un autre débat car l’interprétation d’un personnage est un prolongement de soi.
C’est pour le coup plus difficile de montrer cette subtilité du mensonge. Car elle pourrait, si nous ne faisons pas attention, en devenir grotesque sur scène pour que le spectateur la comprenne. Son écriture ne rend pas le travail de subtilité facile.
Florian Zeller s’est amusé à rendre chacun de ses personnages aussi compliqués les uns que les autres. Tout le monde ment… ! C’est un super défi pour nous acteurs, car nous sommes poussés à choisir notre propre histoire finalement… notre ligne conductrice – celle qui construira notre personnage jusqu’au bout.
Pour parler du sujet de sa pièce, Florian Zeller, cite régulièrement cette phrase de Voltaire : “Le mensonge n’est un vice que quand il fait du mal ; c’est une très grande vertu, quand il fait du bien”. Qu’en pensez-vous ?
Je suis complètement d’accord. Il y a des choses qui sont plus sages mises de côté. Mais, je ne suis pas la bonne personne lorsqu’il s’agit de mensonges. Je suis au contraire quelqu’un de très direct. Je n’arrive pas à cacher beaucoup de choses. Je suis pour l’échange et la communication. Je ne supporte pas les non-dits. Maintenant, lorsque certaines choses peuvent faire mal, et bien c’est un peu comme avec mon métier, il faut savoir lire la personne pour mieux lui annoncer en douceur. Trouver les bons mots. On me reproche souvent de trop parler, qu’il faudrait que je garde certains mystères. Je fais au mieux mais ce n’est pas ce qu’il y a de plus facile. J’aime dire les choses comme je les ressens. C’est tellement plus simple. La vie est assez compliquée, non ?
Qui sont les acteurs ?
(Rires). Des acteurs hollywoodiens – comme d’habitude – avec la star la plus attendue Mélanie Catteau, son double Lenny B. Conil, et un figurant Bertrand Leduby. Je me suis également rajoutée au casting car ce n’est pas tous les jours que nous croisons des stars hollywoodiennes ! J’espère juste être à leur hauteur.
Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Vous ne me croyez pas ? Venez-voir par vous même.
Combien de représentations ?
Nous jouons cinq soirs. OnTheList qui nous accueille, nous offre la possibilité de rester là-bas toute la semaine. J’aime beaucoup ce côté underground. Tout est flexible et modulable. Parfait pour sortir d’un cadre théâtral. J’adore innover, sortir de ce que nous connaissons déjà. J’espère que nos spectateurs aimeront aussi.
Comment se passent les répétitions ?
Les quoi ?
On rit. On se tire les cheveux. On pleure. On reprend. On s’avise. On s’embrasse.
C’est le bordel – excuse my french – mais c’est la pièce qui veut ca ! Le top c’est que nous nous connaissons tous tellement bien que nous passons de supers beaux moments. J’adore mes acteurs.
Et après quels sont les projets à venir de HKTA ?
10 ans HKTA @ La Cantoche chez David. C’est comme à la maison. Nous collaborons avec lui depuis tellement d’années. On se devait de les fêter là-bas, le 2 novembre prochain. Nos cours continuent de plus belle. Entre les classes anglophones et francophones, ainsi que les enfants, ça n’arrête plus !
Et bien sûr, nos prochaines productions en février, mars, et juin avec un festival de théâtre international où plusieurs compagnies joueront ensemble sur deux semaines en plusieurs langues. En projet également, un dîner sur de l’improvisation pour une levée de fonds pour HKTA… Enfin de quoi rester éveillée jusqu’en 2019.