La Perruche, 125 ans d’histoire et de gourmandise
Depuis l’exposition universelle de Paris en 1890, le sucre de canne La Perruche est l’un des symboles du raffinement gastronomique français dans le monde et la marque s’est ancrée dans la mémoire collective hexagonale de générations en générations. En Asie, la saga de l’oiseau des îles a commencé dans les années 80 grâce à l’action de l’entreprise Doutreloux distributeur et exportateur exclusif de la marque à l’international. Une société familiale bordelaise dirigée aujourd’hui par Sophie Doutreloux et sa sœur. Lors de sa visite à Hong-Kong où les sucres La Perruche sont importés par Classic Fine Foods, Sophie Dutreloux a répondu aux questions de Trait d’Union.
Propos recueillis par Philippe Dova
Trait d’Union : Quelles sont les origines de La Perruche ?
Sophie Doutreloux : Il faut remonter à la fin du XVIIIème siècle. A cette époque la France est le premier pays pour le commerce du sucre en Europe et le port de Nantes joue un rôle essentiel dans la transformation de la canne venue des îles. La Perruche est le fruit d’une saga familiale nantaise : la recette secrète à la saveur particulière est inventée en 1828 dans la confiserie d’André Cossé. En 1856, ses deux fils lui succèdent, ils créent une raffinerie à Nantes et continuent à fabriquer les sucres traditionnels, sans changer la recette originelle de leur père. Lors de l’Exposition Universelle de 1889, leurs sucres sont plébiscités et décrochent de nombreuses médailles. Forts de cette reconnaissance, les frères Cossé créent la marque “à la Perruche” l’année suivante. En 1934, la famille Say rachète la raffinerie et construit une usine au cœur de Nantes, aujourd’hui toujours en activité. En 1973, la fusion entre Say et Béghin permet à « à la Perruche » de se développer à l’international. Rebaptisée “la Perruche” en 1996, la marque qui fête cette année ses 125 ans, est présente sur les tables des restaurants et hôtels les plus renommés des 5 continents.
Quels sont les liens entre votre entreprise et la marque La Perruche ?
Nous sommes distributeurs, exportateurs et ambassadeurs à l’export de la marque ! C’est une histoire de famille ! Mon grand père était courtier en sucre sur le port de Bordeaux. Il était intermédiaire entre les producteurs guadeloupéens de sucre et les raffineurs, notamment la maison Say. Lorsque le port de Bordeaux a fermé nous sommes devenus négociants, nous nous sommes mis à acheter les produits finis de la marque Béghin Say pour les exporter sur différents marchés. Le Moyen Orient, l’Afrique, la Polynésie avec la Brasserie Tahiti qui avait de gros besoins en sucre pour la bière et les sodas.
Et en Asie ?
Nous avons commencé à vendre La Perruche au Japon en 1982 avec la société Arkane, La Perruche devait être le dixième produit distribué par Arkane.
Les japonais l’ont-ils adopté tout de suite ?
Ils aiment à la base les produits français, ils se sont mis à boire du café dans les années 70, et l’ont adopté avec le café. L’association de ce sucre corsé avec le café était idéal. Ils ont été assez vite copiés par leurs voisins et nous avons profité de ce succès pour distribuer La Perruche dans les pays avoisinants, notamment Hong-Kong qui représente un marché très important pour nous.
Que représente justement le marché hongkongais ? Quels sont vos clients ?
C’est un marché encore en développement. 40 tonnes de sucre La Perruche y ont été consommées l’an dernier. A titre de comparaison, 2000 tonnes en incluant la cassonade sont vendues chaque année en France, 1000 en Grande Bretagne, 500 au Japon et 50 Corée du sud. A Hong-Kong, nos clients sont à 60 à 70 % des professionnels de l’hôtellerie et à 40% des particuliers qui peuvent trouver la Perruche et la cassonade dans les épiceries fines comme notamment Sogo ou City Super.
Quel est le secret du succès de La Perruche à l’export ?
C’est avant tout une recette un peu particulière pour le sucre roux. Le mélange d’un sucre roux avec un goût très prononcé de canne et un caramel de canne. La marque, le terroir particulier de l’Île de La Réunion, le goût, la recette sont une association de bonnes choses et de bonnes idées !
La Perruche est-elle distribuée en Chine continentale ?
Nous sommes présents en Chine depuis une dizaine d’années avec la Perruche mais aussi des produits de la marque Beghin Say pour la pâtisserie comme le sucre grain pour les chouquettes, le sucre glace. C’est un marché en plein développement. Malgré les très récentes contraintes douanières qui nous affectent nous restons optimistes !
Les chinois aiment-ils le sucre ?
Ils vont de plus en plus consommer à l’occidentale comme l’ont fait les japonais il y a cinquante ans et par conséquent adopter La Perruche dans leur café notamment !