Chronique

La chronique de Stéphanie

Vive le vent !

Enfin « vive le vent », vive le vent pourquoi pas mais pas celui qu’on sème pour récolter la tempête, ni celui que votre voisin d’avion passe, ni celui contre lequel il est inutile de pisser, et encore moins celui qu’on se prend !
Mais plutôt le bon vent qui nous emmène chez un-e ami-e, celui que l’on a en poupe, celui auquel est le nez de flâneurs. Il y a aussi : passer en coup de vent, humer du vent (jeûner), autant en emporte le vent (pas le film mais l’expression qui veut dire des paroles des paroles et toujours des paroles, en l’air…forcement puisque le vent les emporte). Oui, je sais je cite Dalida, y’a plus dans le vent comme référence !

Par Stéphanie Delacroix

C’est assez surprenant le nombre de références imagées à un simple phénomène atmosphérique, le mouvement d’une partie du gaz au sein d’une masse de gaz.

Pour les pets, flatulences, caisses, bombus, flatuosités, perles, perlouses, gaz, fouets…l’analogie (oh oh) semble universelle même si le verbe diffère : passer, lâcher ou tirer un vent en français, break (casser) a wind en anglais, buang (jeter) angin en Indonésien…

Certaines images demeurent plus mystérieuses comme être between wind and water (entre le vent et l’eau), c’est-à-dire être vulnérable (je traduis pour les non-marins), avoir four sheets in the wind (être ivre mort), angin sapu-sapu (vent balais-balais) ou encore makan angin (manger du vent) qui désignent respectivement une petite brise qui incite au sommeil et le fait d’être assis à ne rien faire, ah oui j’oubliais l’angin ekor duyung (le vent queue de sirène) qui est non pas un pet aqueux ni aquatique mais un vent qui souffle de plusieurs directions…hum…ça existe ça ? Le vent qui souffle de plusieurs directions hein parce que pour les sirènes je sais…

Les rumeurs, elles, existent assurément en français et sont souvent propagées par les petits doigts, en anglais par la vigne (grapewine) alors qu’en indonésien les ragots sont des kabar angin (des nouvelles du vent) et en japonais des choses lues dans une lettre du vent 風の便り(Kazé no tayori). Si un Japonais vous dit qu’il a un vent, 風邪 kazé, ce n’est pas qu’il a un problème de digestion mais plutôt de nez puisque c’est un rhume (ce qui l’immunise contre les conséquences des vents intestinaux des autres), idem pour un Indonésien qui pour dire qu’il a pris froid vous dira que le vent est entré en lui (masuk angin). En espérant que ce ne soit pas un vent divin, du moins pas un vent divin japonais, puisqu’un 神風, un kami + kazé , dieu + vent est un, un…kamikaze. Pour rester dans le registre militaire et dans le vent il y a une jolie expression chinoise pour dire que tout est prêt sauf l’essentiel, 万事俱备,只欠东风(Wànshì jù bèi, zhiǐ qiàn dongfeng) tout est prêt, seul manque le vent – Fēng 风 – d’Est, et les Japonais (à l’Est, ça tombe bien) de relativiser le problème en répondant que demain il fera jour enfin c’est à dire « demain le vent de demain soufflera » 明日は明日の風が吹く – Ashita wa ashita no kaze ga fuku…Je ne sais pas ce qu’Eole ou Don Quichotte pensent de tout ça, mais moi toutes ces histoires de vent ça me dessèche, ce texte ne doit pas être très vent & eau, 风水, pas très feng shui quoi ! Bonne fin d’année quand même et bon vent !