Culture

Histoire d’une française devenue Hongkonguaise

Christine Cappio, une Française immigrée à Hong-Kong depuis 1983, d’origine lyonnaise, a décidé de quitter la France pour suivre l’homme qui deviendra son mari, Yan, Hongkonguais. En 2013, elle décide d’écrire son histoire, celle d’une jeune femme qui découvre une nouvelle culture, à près de 10.000 kilomètres du pays dont elle est originaire et son intégration à la ville, tant déconcertante qu’extraordinaire. Apprentissage de la langue, découverte de l’ampleur de la ville, rencontres ou encore bénévolat, Christine Cappio a trouvé en Hong-Kong une réelle maison, et a accepté de nous en dire plus.

Propos recueillis par Gaetane Niel

Trait d’union : Vous avez écrit ce livre en trois ans, quelle a été votre motivation première ?

Christine Cappio : Il n’y avait aucun délai. J’ai commencé il y a trois ans. J’avais envie d’écrire un mémoire – pour moi, mon mari, mon fils, et aussi ma mère – on ne prend jamais le temps de parler du passé ; peut-être aussi par pudeur. C’est plus facile d’écrire.

Guide sur la découverte d’Hong-Kong, autobiographie, ou même récit, où placeriez-vous votre livre ?

C’est un récit, sur ma vie, mes impressions sur Hong-Kong.

Très personnel, ce livre raconte l’expérience d’une “gweimui’s” (étrangère blanche) à Hong-Kong. Quel était votre objectif ?

Partager mon expérience avec les nouveaux arrivants et les couples mixtes. Mais aussi montrer aux locaux le point de vue et les impressions qu’une gweimui a eu / a sur Hong-Kong.  Par exemple : laver sa vaisselle au restaurant avant de commencer à manger ! Imaginez-vous le scandale si on faisait ça en France ?

Montrer les différences culturelles – le côté amusant, parfois surprenant, voire choquant pour une Française.

De plus, les locaux retrouvent des lieux familiers et des faits qu’ils avaient oubliés. Les enfants découvrent aussi des trucs qu’ils n’ont jamais connus comme : le bac à traille à Tai O, le ferry transportant les voitures entre l’ile de Hong-Kong et la péninsule de Kowloon.

Vous consacrez tout un chapitre à l’intégration, pensez-vous avoir été chanceuse d’arriver si bien à vous assimiler à la ville ou que, au contraire tout le monde peut y arriver ?

Je ne crois pas à la chance mais à l’effort et la persévérance. Il faut aussi du temps. Ce n’est pas facile de se faire des amis et d’apprendre une langue étrangère.

Oui tout le monde peut arriver à s’intégrer dans la société locale- chacun par ses propres moyens et à sa propre manière. Pour moi parler le cantonais était important et l’est encore plus aujourd’hui.  Je pense que c’est une nécessité de parler la langue locale pour comprendre la culture locale et ce qui se passe autour de soi – autrement on reste un vrai ‘fantôme’.

J’encourage vivement tous les gweilos à apprendre le cantonais. Ils seront très vite encouragés à persévérer car les Hongkongais sont encore plus bavards et accueillants lorsque nous parlons leur langue.

Il y a une certaine nostalgie dans votre écriture, l’adrénaline de votre aventure de jeune française à Hong-Kong est-elle derrière vous ?

Non, j’ai encore plein d’énergie et j’espère en avoir encore car il me reste tant de choses à apprendre. La culture chinoise est si vaste et j’aime prendre mon temps.

Se replonger dans des souvenirs et revivre chaque période a été très émouvant et en même temps intéressant.

Hong-Kong a énormément changé en trente ans, et s’est aussi beaucoup internationalisé est-ce une chance ou Hong-Kong a-t-il perdu son aspect très local et sa culture si particulière ?

Si Hong-Kong a certes beaucoup changé physiquement elle a conservé encore ses traditions et ses coutumes chinoises.  Beaucoup de petits et de grands festivals religieux sont encore célébrés. Et les gens sont encore, pour la plupart, très superstitieux (feng-shui).

Mais il faut faire attention que la diversité: ancien – neuf, moderne – antique, culture Chinoise- culture occidentale – qui fait la richesse de Hong-Kong soit préservée afin de maintenir un équilibre. La gentrification de certains quartiers est regrettable ainsi que la disparition progressive des marchands ambulants, des rues regroupant des commerces et artisans exerçant la même profession, des petites échoppes familiales et des petits cafés-restaurants (dai-pai-dong).

Vous parlez de Hong-Kong comme d’une ville sans cesse en mouvement, où les gens sont dans l’efficacité, dans la rapidité, et qu’il est parfois difficile de trouver des endroits « reposants », vous verriez-vous vieillir ici ?

Oui, tant que ma famille est ici.