Henri Seydoux, l’aventurier de la Tech française
Fondée en 1994 par Henri Seydoux, la société Parrot connaît, alors, un succès fulgurant dans les périphériques sans fil pour téléphones mobiles. Aujourd’hui l’entreprise se consacre à la création de drone grand public. Parrot compte près de 1.000 employés et se partage entre des bureaux à Paris et en Chine du sud, à Shenzhen. C’est en 2010 que Parrot lance son premier aéronef non habité, pilotable par smartphone, l’AR Drone. La société devient rapidement numéro deux mondial du drone grand public, aujourd’hui activité principale du groupe. C’est à Shenzhen que nous avons rencontré Henri Seydoux, autodidacte parti « à l’aventure » entrepreneuriale il y a près de 25 ans.
Propos recueillis par Catya Martin
Trait d’Union : Imaginiez-vous, il y a 25 ans vous retrouver ici, au cœur de Shenzhen ?
Henri Seydoux : Quand j’ai créé la société, jamais je n’aurais pensé que nous atteindrions 1.000 personnes avec tellement de moments de réussite mais aussi de difficultés.
Jamais je n’aurais pensé que Shenzhen et la région de Hong-Kong seraient devenues aussi importantes pour l’électronique. Donc, non.
Néanmoins quand j’ai commencé, dans les années 80, c’était la gloire de l’électronique japonaise. Tout le monde regardait déjà vers l’Asie et plus particulièrement vers le Japon ou encore Taiwan. Donc pour répondre à la question, non mais en fait, quand même oui (rires).
« Géo trouve tout » est le nom qui revient régulièrement dans la presse pour parler de vous. Que recherchez-vous exactement ? Un objet, un fonctionnement, un idéal ?
La question que je me pose est, comment réenchanter le monde avec du software. Je réfléchis à ce que je veux en faire.
Le point de départ reste la conjonction de deux choses. Je suis avant tout un développeur de soft. Je n’arrête pas de lire, de me renseigner sur tout, je me tiens au courant assez en détail. Il y a donc la question technologique et la technologie aujourd’hui reste le software.
Il faut regarder les marchés, ce qui se passe dans le monde de la technologie. Aujourd’hui, l’essentiel de la population a des téléphones portables. Téléphones simples au départ, ils sont devenus de véritables ordinateurs. C’est un bouleversement mondial et sociologique énorme. On ne peut pas innover et donc créer de la nouveauté en claquant des doigts. On créé en changeant de point de vue.
Le fait de traverser la planète avec des cultures différentes, vous aide-t-il à trouver l’idée ?
Regardez, là nous sommes à Shenzhen, c’est notre troisième bureau ici. Quand je regarde par la fenêtre de ce bureau j’ai face à moi une ville moderne. Mais, à part quelques enseignes écrites en chinois et une nourriture différente, qu’est-ce qui change ?
Les voitures sont les mêmes, les jeunes sont habillés pareils, les universités dans lesquelles ils vont sont identiques. Les faits culturels liés à la consommation (IPhone, PC, voiture, montre…) sont les mêmes. Les seules différences sont la langue, la nourriture et une grande partie de l’imaginaire. On est beaucoup plus semblable que différent.
Ce fait là, au delà de la question de globalisation économique qui peut inquiéter certains, c’est le fait du monde d’aujourd’hui.
Parrot a connu des difficultés récemment. Quelles sont les mesures que vous avez prises ?
Parrot est une société de technologie qui a eu du succès avec deux produits, le téléphone bluetooth de voiture à reconnaissance vocale, vendu dans le monde entier et le micro drone moderne. Nous avons revendu l’activité automobile à la société Faurecia qui se développe beaucoup en Chine. (NDLR : Faurecia devrait acquérir intégralement Parrot Automotive d’ici 2022).
Ensuite, nous avons connu un grand succès avec les drones. De là, nous nous sommes retrouvés face à un concurrent de taille, chinois de Shenzhen, DJI. Nous faisons donc tout pour être prêts à revenir en force dans le marché en réinventant le futur des drones, c’est à cela que je m’emploie.
Vous avez parlé de la relance de la dernière chance ?
D’une certaine manière oui. C’est aussi ça l’aventure. Partir à la conquête d’un nouveau monde. Donc effectivement Parrot s’est entièrement restructuré ces dernières années pour aller dans une direction précise.
Qu’est-il prévu aujourd’hui pour revenir face au grand DJI ?
La stratégie est assez simple. Pour mémoire, Steeve Jobs a relancé Apple en créant de nouveaux produits de qualité. La question, en matière de technologie, est uniquement une question de marketing produit, de créativité, de qualité de compréhension du produit. C’est avec un produit que vous lancez ou relancez une société. Parrot se reconcentre donc dans la sortie d’un nouveau drone qui, j’en suis sûr vous plaira.
Vous sentez-vous concerné par les questions de sécurité liées aux drones ?
C’est une question très importante. La high-tech est à la limite d’un grand nombre de questions de sécurité qu’il faut effectivement bien traiter et ne pas sous-estimer.
Qu’il s’agisse de questions de sécurité liées à la personne ou à des institutions publiques ou militaires. Néanmoins, cela ne doit pas oblitérer la question de l’innovation et du progrès que l’on apporte avec les drones. Il faut donc être vigilant avec une réglementation précise.
Aujourd’hui savez-vous où vous en serez dans 10 ou 20 ans ?
Non. C’est une question impossible et si j’avais la solution ce serait horrible. Regardez comment le monde a changé en 20 ans.