Grand Prix de Formule E de Hong-Kong : Renault en pole position !
Engagé depuis 2009 dans la recherche et le développement d’une gamme de véhicules 100 % électriques à zéro émission, l’Alliance Renault-Nissan a déjà vendu plus de 350000 véhicules électriques dans le monde. Riche de 115 ans de compétitions automobiles sportives, le constructeur français a par ailleurs été pionnier dans son engagement en Formule E. Avec l’écurie e-Dams, Renault est champion du monde 2015 de cette compétition. Le premier grand prix de la saison 2016/2017 aura lieu les 8 et 9 octobre prochains à Hong-Kong. Une première pour l’ancienne colonie britannique. Dix équipes seront engagées dans la compétition. Sous la houlette du mythique champion Alain Prost, ambassadeur de la marque, directeur sportif et co-propriétaire de l’écurie, les pilotes Sébastien Buemi (double champion du monde) et Nico Prost défendront les couleurs Renault e-Dams. A quelques jours de la course, Trait d’Union a rencontré Gilles Normand, président de Renault Asie Pacifique.
Propos recueillis par Philippe Dova
Trait d’Union : Pourquoi et comment Renault s’est-il impliqué dans la Formule E ?
Gilles Normand : Depuis 2009, l’Alliance Renault-Nissan a investi plus de 4 milliards d’euros pour développer la technologie du véhicule électrique.
Aujourd’hui Renault est le seul constructeur automobile à proposer, avec quatre véhicules, une gamme complète de véhicules électriques.
Au niveau de l’Alliance nous avons 350.000 véhicules 100 % électriques qui circulent dans le monde dont 100.000 pour Renault ce qui représente largement plus de trois milliards de E kilomètres. Nous souhaitions expliquer que le véhicule électrique est une vraie technologie qui amène des bénéfices réels pour le client et c’est pour cela que nous nous sommes engagés dans la Formule E. Cet engagement permet à Renault de communiquer sur sa crédibilité de 115 ans d’expérience de compétition automobile, une course en centre ville donne une visibilité extraordinaire des avantages de la voiture électrique. Il était très important pour nous d’être impliqués dès le départ et d’être particulièrement acteurs de cette formule : en 2014 nous étions le partenaire privilégié comme fournisseur de technologie pour les véhicules et avec une écurie e-Dams qui a gagné le titre, en 2015/16 nous n’étions plus que partenaires de e-Dams puisqu’ensuite d’autres constructeurs sont venus, nous n’étions plus seuls ! A Hong-Kong les 8 et 9 octobre, nous démarrons la nouvelle saison de Formule E !
Quels sont les particularités et les avantages de la Formule E ?
La Formule E permet de montrer que le véhicule électrique peut être amusant !
C’est la seule formule sportive qui ne nécessite pas un circuit spécial en dehors des villes et peut se faire en toute sécurité en centre ville. Cela a été fait à Paris, aujourd’hui c’est à Hong-Kong.
C’est important pour vous symboliquement d’être à Hong-Kong ?
Hong-Kong possède une géographie qui se prête particulièrement bien au véhicule électrique. Il n’y a pas de très longues distances et nous sommes le seul constructeur à avoir gagné tous les appels d’offres publics annuels pour les véhicules électriques. Par exemple la police de Hong-Kong roule en Fluenze et Hong-Kong Electric en Zoé ! Hong-Kong est le plus beau site d’Asie, c’est un site iconique.
Renault n’a pas encore une très grande notoriété en Asie. Qu’il s’agisse de notre engagement en Formule 1 au Grand Prix de Singapour ou du premier Grand Prix de Formule E en octobre à Hong-Kong, nos messages sont concentrés sur la compétition, la sportivité, l’excellence mécanique et la technologie d’avenir. C’est très important.
Comment ce Grand Prix de Hong-Kong va-t-il se dérouler ?
Il va se dérouler à Central sur deux boucles de un kilomètre. Les essais auront lieu le samedi, les qualifications le dimanche matin. Ce sont des courses de deux fois trente minutes. Les bolides roulent à une vitesse de 170/ 180 km/h ce qui, en ville donne une sensation de 300 km/h. Des dizaines de milliers de spectateurs sont attendus, sans compter ceux qui, du haut des tours auront une vue plongeante sur le circuit. Le public peut aussi voter pour les pilotes et leur donner des points en plus ! Les Hongkongais aimant particulièrement le jeu et les paris, nous sommes certains que cette interactivité leur permettra d’encourager de façon ludique nos pilotes Sébastien Buemi et Nicolas Prost !
En dehors des appels d’offres remportés, comment se positionne Renault sur le marché de la voiture électrique à Hong-Kong auprès des particuliers ?
Nous lançons la Zoé sur le marché. La typologie du marché de Hong-Kong reste encore la voiture premium. Les particuliers vont chercher des grosses berlines et c’est pour cela que notre concurrent américain vend beaucoup de véhicules ici.
Dans le marché des particuliers qui cherchent des voitures traditionnelles, la Zoé est une bonne solution. Elle est compacte, facile à stationner et nous proposons une offre abordable clé en main avec l’installation de la borne de rechargement à domicile, en partenariat avec HK Electric, CLP et Hong-Kong Telecom. Une facilité en plus des mesures incitatives mises en place par le gouvernement.
Les voitures ont-elles plus d’autonomie aujourd’hui ?
Il y a une courbe qui tend à faire croître l’autonomie. Aujourd’hui nous savons fabriquer des batteries de plus en plus compactes. Les rares constructeurs qui proposent des voitures avec une autonomie supérieure à nos modèles proposent des véhicules dont le prix est très élevé. Par ailleurs, le temps de rechargement, varie, selon le modèle de chargeur, d’une à trois heures. Notre positionnement est lié à celui de la marque Renault, nous cherchons une mobilité électrique abordable. Nous ne nous positionnons pas sur le véhicule électrique de niche réservé à quelques happy few. Nous cherchons au contraire à diffuser la technologie électrique. Pour baisser le bilan carbone, il faut qu’il y ait du monde qui utilise les voitures. Si seuls quelques privilégiés roulent en voiture électrique, malheureusement le bilan carbone ne diminuera pas beaucoup !
N’est-ce pas frustrant pour certains conducteurs de ne pas entendre le moteur ?
Ceux qui ont envie d’entendre le moteur vont choisir d’autres véhicules et nous avons encore une gamme assez large ! Pour ceux qui ont opté pour le véhicule électrique (toutes les trois minutes nous avons un nouveau client qui va vers le véhicule électrique), nous avons un retour de 98 % de satisfaction ! Les personnes qui par exemple ont acheté une Zoé nous disent que c’est le plus haut niveau de satisfaction de l’ensemble des véhicules de la gamme Renault et qu’ils ne retourneront plus jamais dans une station service. Ils ont un plaisir et un attachement à cette technologie qui font qu’ils ne peuvent pas revenir au moteur atmosphérique !
Nous constatons que le segment se développe. En 2009 nous nous sentions un peu seuls, il y avait beaucoup de sceptiques… Aujourd’hui un concurrent allemand vient de faire une joint venture en Chine pour développer ses produits électriques et l’un des deux grands constructeurs américains a déclaré récemment que 40 % de sa gamme serait électrifiée d’ici à 2020… C’est en train de basculer complètement.
Hors véhicule électrique, quelle est l’importance de Renault sur le marché hongkongais ?
Nous avons une vraie légitimité sur ce marché assez premium, plutôt orienté sur des véhicules à très forte valeur ajoutée, avec notre marque Renault Sport, qu’il s’agisse de la Mégane RS, de la Clio Trophy ou la Clio RS. Nous avons lancé la Captur qui a eu un succès d’estime. Aujourd’hui nous avons une vraie clientèle, notre importateur est suffisamment motivé par le potentiel de marque, nous avons un nouvel espace d’exposition et même si nous ne réalisons pas de gros volumes de ventes nous constatons une croissance régulière.
Trois questions à Alain Prost
Propos recueillis par Philippe Dova
Quelles ont été vos principales motivations pour vous engager avec Renault e.Dams dans la Formule E ?
Avec les changements climatiques dans le monde, la technologie électrique est devenue de plus en plus performante et la Formule E est une vitrine de ce qui peut être atteint en termes d’excellence et d’innovations technologiques. Par ailleurs, la Formule E est une vraie compétition avec une véritable excitation. Il suffit de regarder le niveau des pilotes et des équipes impliquées pour constater le sérieux avec lequel la compétition est abordée. Il y a une vraie rage de vaincre et de gagner de la part des pilotes. En outre, la formule E est un championnat incroyablement innovant avec des fans vraiment impliqués grâce aux réseaux sociaux et la possibilité de jouer. C’est très existant !
Votre vie a-t-elle changée entre la période où vous étiez le légendaire pilote de Formule 1 et aujourd’hui en tant que directeur de l’écurie Renault-eDams ?
Bien sûr, elle a beaucoup changé mais les époques ne sont pas comparables. Vous ne pouvez pas comparer les époques. Lorsque vous courrez vous ne pensez à rien d’autre que la victoire. La passion de gagner est votre moteur de vie ! Lorsque vous arrêtez, vous ne perdez pas la passion pour le succès, mais vous la canalisez ailleurs. Renault m’a donné l’opportunité d’entrer dans la Formule E et je pense qu’il est encore plus angoissant d’être dans la position de directeur de l’équipe que dans celle de pilote ! En tant que pilote, vous pensez que vous pouvez contrôler toutes les choses. Lorsque vous regardez la course vous n’avez pas ce sentiment. En revanche lorsque vous gagnez vous ressentez le même bonheur !!!
Quels sont vos objectifs pour la nouvelle saison 2016/17 ?
Notre objectif est toujours le même : remporter le championnat et conserver notre titre de champion ! Nous sommes réalistes, la concurrence et la compétition sont très difficiles, nous devrons être au top ! Nous sommes impatients de relever le défi !