Florence : cité d’art, d’élégance et d’histoire
Est-il besoin de présenter Florence ? L’aura de la cité est telle qu’elle appartient désormais à la culture mondiale, davantage peut-être que toute autre, en fonction de l’impact qu’elle a pu jouer dans l’Histoire. Après les articles sur Rome (1), Venise (2) et la Sicile (3), voici donc celui sur une prestigieuse ville d’art, patrie originelle d’une Renaissance ancrée dans l’héritage antique du monde occidental.
Par Christian Sorand
La Toscane est l’une de ces régions mythiques de l’Europe du sud. Au même titre que l’Algarve, l’Andalousie ou la Provence, elle participe à la douceur de vie méditerranéenne où l’art côtoie les plaisirs du climat et de la table. Florence en est sa capitale. Or son attrait artistique ou historique perdure par-delà les âges et en fait l’une des villes les plus visitées du vieux continent.
Ses monuments, ses bâtisses et ses palais de pierre lui donnent une allure altière, à laquelle il est difficile de rester insensible. On y vient pour s’abreuver d’une culture, pas seulement italienne. Car Florence est au cœur de toute la culture artistique de l’Europe. Ville musée, patrimoine mondial de l’Unesco, chaque recoin de la ville historique devient un jalon inestimable sous le regard du visiteur. Ce ne sont pas seulement les musées, les palais ou les œuvres artistiques qui fascinent; il faut parcourir les rues, de jour comme de nuit, pour y découvrir mille et un détails. Tantôt une porte, un heurtoir, une statue ou une peinture murale, quand ce n’est pas l’étal d’un magasin ou d’une échoppe, tout ici semble appartenir à un autre monde empli de fascinations multiples. Florence se vit au jour le jour. La cité n’est pas destinée aux seules visites touristiques. Il faut savoir prendre le temps de la regarder, de la découvrir et de l’aimer progressivement à la folie.
Le texte proposé se contentera donc d’effleurer l’inspiration générée par les lieux célèbres, au fil des sensations provoquées par l’âme florentine.
Florence dans l’Histoire
Le passé de la cité explique sans doute la magie ambiante. Fondée par les Romains sous le nom de Florentia en 59 av. J.-C., elle ne voit son essor économique et artistique émerger qu’entre le XIIe et le XVIe siècle. Firenze partage avec Sienne, sa voisine toscane, le monopole des premières banques du continent européen à tel point qu’en 1252, la principale monnaie au Moyen Âge s’appelle le florin ! De prestigieuses familles bourgeoises façonnent alors l’histoire florentine : les Bargello, les Bartolini, les Pitti, les Strozzi; elles érigent des palais et commencent à faire appel à des artistes célèbres. En 1434, les Médicis deviennent les maîtres de la ville. Jamais aucune autre famille ne jouera un rôle aussi important qu’eux au fil des siècles.
Patrie d’hommes célèbres comme Dante Alighieri (1265-1321), Nicolas Machiavel (1469-1527), Galilée (1564-1642), Florence engendre également des artistes prestigieux comme Fra Angelico (1395-1455), Sandro Botticelli (1445-1510), Léonard de Vinci (1452-1519), Michel-Ange (1475-1564) ; mais aussi une foule d’autres artistes appartenant à l’école florentine. La période de la Renaissance voit véritablement le jour ici. Tant et si bien, qu’au cours des guerres italiennes, François Ier découvre émerveillé toutes ces splendeurs artistiques qu’il décide d’importer dans le royaume de France. Ainsi, Léonard de Vinci finira-t-il ses jours au Clos Lucé près de la cour royale d’Amboise.
Firenze deviendra vite un pôle artistique qui influencera toute l’Europe et dont elle garde un souvenir impérissable.
La beauté artistique de la cité
Car Florence est bel et bien une ville-musée ou l’Art sous toutes ses formes semble avoir gardé une empreinte immuable.
Les rives de l’Arno divisent la cité en deux parties. Le célèbre Ponte Vecchio, datant de 1345, est une vitrine médiévale de bijouteries. Une des deux rangées de boutiques supporte le corridor de Vasari. Ce passage secret, évoqué dans l’Inferno de Dan Brown et dans Le Lys rouge d’Anatole France, servait aux Médicis. Il permettait de se rendre en toute sécurité du palais Pitti aux Offices et au Palazzo Vecchio. Le palais Pitti (Palazzo Pitti) est construit à partir de 1458 par l’artiste florentin Luca Francelli (1430-1494), élève de Filippo Brunelleschi (1377-1446), pour le banquier Luca Pitti (1398-1472). C’est le plus grand palais de la ville. Racheté en 1560 par les Médicis, il abrite aujourd’hui la galerie Palatine (Galleria Palatina), les appartements royaux et la galerie d’Art moderne. La galerie Palatine comporte notamment un ensemble exceptionnel du peintre Raphaël (Raffaelo Sanzio, 1483-1520). Adjacent au palais Pitti, le jardin de Boboli (Giardino di Boboli) est célèbre pour ses statues. Dans le roman de Dan Brown, il donne lieu à une folle poursuite révélant quelques-uns de ses secrets. Le Vieux Palais (Palazzo Vecchio) du XIIIe est flanqué d’une tour haute de 94m (Torre di Arnollo). Devenu l’hôtel de ville, il domine la belle place de la Seigneurie (Piazza della Signoria) avec la fontaine de Neptune (Fontana del Nettuno) du XVIe de Bartomoleo Ammannati. C’est ici également que se dressent la réplique en marbre du David de Michel-Ange (XVIe) et la statue monumentale d’Hercule et Cacus (XVIe) de Baccio Bandinelli. Le véritable David de Michel-Ange se trouve, quant à lui, à la Galerie de l’Académie (Galleria dell’Accademia). La loge des Lansquenets (Loggia dei Lanzi) se trouve à la droite du Palazzo Vecchio et abrite les statues représentant ‘Persée’ de Cellini, ‘l’Enlèvement des Sabines’ et ‘Hercule luttant avec le Centaure’ de l’artiste flamand Giambologna, ainsi que le ‘Viol de Polyxène’ de Pio Fedi. Tout à côté, on trouve également la galerie des Offices (Galleria degli Uffizi), le plus beau musée de peintures du XVIe de l’Italie. Parmi les œuvres d’art, on y admire en particulier ‘La Naissance de Vénus’ et ‘Le Printemps’ de Botticelli, ‘L’Annonciation’ de Léonard de Vinci, ou encore ‘La Vénus d’Urbin’ du Titien. Le passage entre la Piazza della Signoria et la rive de l’Arno, est connue sous le nom de la Piazzalle des Offices : c’est une galerie à ciel ouvert où figurent des grands hommes toscans.
L’un des endroits-clés de Florence demeure toutefois celui de la cathédrale (Duomo) qui comporte trois éléments majeurs. Tout d’abord, la cathédrale Sainte-Marie-de-la-Fleur (Santa Maria del Flore). Avec 45,5m de diamètre, le dôme du XVe du Florentin Filippo Brunelleschi (1377-1446), est le plus grand édifice architectural de ce type au monde. À l’intérieur du sanctuaire, les fresques sont de Giorgio Vasari et le tableau du ‘Jugement dernier’(Giudizio Universale) est l’œuvre de Federico Zuccaro. Le campanile a été conçu par un autre Florentin, Giotto (1276-1337). Haut de 85m, il comporte 414 marches permettant d’accéder au clocher offrant une vue panoramique. Le troisième édifice notoire est le baptistère Saint-Jean (Battistero di San Giovanni), devant la façade de la cathédrale. Les portes de bronze (1330) d’Andrea Pisano retracent la vie de saint Jean. Sa forme octogonale a inspiré Dan Brown qui mentionne que dans le symbolisme du christianisme, le nombre huit représente une renaissance et une re-création (« In Christianity, the number eight represented rebirth and re-creation.The octagon served as a visual reminder of the six days of God’s creation of heaven and earth, the one day of Sabbath, and the eighth day upon which Christians were ‘reborn’ or ‘re-created’ through baptism (4) ».)
La richesse artistique de Florence ne se limite pas à ces seuls édifices. Il y a d’autres palais comme le Bargello (Palazzo Bargello) datant de 1255, avec une tour de 60m, devenu un musée national depuis 1859. On y trouve des peintures de Donatello ou de Michel-Ange. Il y également le palais Bartoloni (Palazzo Bartolini) construit en 1386 ou encore le très beau palais Strozzi du XVe. Les édifices religieux sont tout autant nombreux. La basilique de la Sainte-Croix (Basilica di Santa Croce) est la plus grande église franciscaine du monde. Elle sert de panthéon à Michel-Ange, Machiavel ou Galilée. Le musée du couvent de San Marco renferme des œuvres de Fra Angelico. L’une des plus belles églises demeure celle de Santa Maria Novella, une basilique dominicaine du XIIIe avec une façade de marbre du XVe.
Depuis le belvédère de l’esplanade Michel-Ange (Piazzale Michelanglo), on jouit d’un beau panorama sur la ville. On ne s’étonnera pas d’apprendre que le centre historique de Florence est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
Une immuable élégance italienne
Pourtant, il ne faudrait pas penser que Florence n’est rien d’autre qu’une ville-musée de par sa richesse artistique et culturelle. Elle recèle aussi un charme italien façonné par un style de vie qui lui est propre. Il fait bon parcourir ses rues le matin ou le soir quand les hordes de touristes ont disparu. On retrouve alors toute l’atmosphère florentine composée de mille et un détails, qui font la joie des curieux à la recherche de l’âme italienne. Il faut s’asseoir à la terrasse du café Rivoire sur la Piazza della Signoria pour s’imprégner du spectacle. Célèbre pour son chocolat chaud et ses pâtisseries, cet endroit est une institution. De même, du côté opposé de la place, il fait bon prendre un verre au Gucci Museo Caffé. On peut encore choisir la terrasse de l’hôtel Ferragamo Continentale (‘La Terrazza’) afin d’avoir une vue plongeante sur le Ponte Vecchio, les collines et l’Arno.
La table n’est pas de reste à Florence. On y trouve des établissements de caractère offrant des mets raffinés de la cuisine italienne, sans oublier le Chianti, ce vin toscan devenu célèbre.
Si Milan est devenue la capitale italienne de la mode dans les années 70, il ne faut pas oublier que Florence l’était avant. Certains grands noms de la mode italienne appartiennent à Florence comme la Maison Gucci ou celle du couturier Salvatore Ferragamo. Comme à Paris, il y a ici une rue de la mode : la via de’ Tornabuoni.
La ville de Florence compte aujourd’hui environ 380 000 habitants ; plus avec l’agglomération urbaine (1.500.000 ha). C’est l’un des lieux d’Italie les plus visités dans le monde. L’écrivain britannique E.M. Forster (1879-1970) en a fait le cadre d’un roman célèbre, “Avec vue sur l’Arno” (A Room with a View) en 1908 et le cinéaste Anglais James Ivory l’a adapté à l’écran en 1985. En 1894, Anatole France, avec “Le Lys rouge”, symbolisant la ville de Florence, y dépeint un tableau de mœurs à travers l’art. Plus récemment, l’Américain Dan Brown utilise Florence pour le cadre principal d’un de ses romans à succès “Inferno”.
Le prestige de Florence ne tarit pas, ce qui rend sa visite moins aisée vu le nombre considérable de visiteurs qui s’y pressent. Il faut donc prévoir quelques jours pour pouvoir la visiter à un rythme plus personnel. Car Florence appartient à ces lieux qu’il faut avoir vu au moins une fois dans son existence.
Liens
fr.wikipedia.org
Le quartier de la mode: https://www.azurever.com/italie/mags/florence/quartier-mode.php3
Bibliographie
Florence & Tuscany, Pocket Lonely Planet, Virginia Maxwell & Nicola Williams, 2014, ISBN 978-1-74220-2105
A Room with a View, E.M. Forster, 1908
Le Lys rouge, Anatole France, Presses Pocket.
Inferno, Dan Brown, Corgi Book, London, 2013
- Trait d’Union Magazine nº79, octobre 2016
- Trait d’Union Magazine nº87, juin 2017
- Trait d’Union Magazine nº74, mars 2016
- Inferno, Dan Brown, Ch.53, p.304-305