Tranche de vie

Et bonne santé

2021, nous t’attendions tous comme le messie, comme si du jour au lendemain, 2020 serait un lointain souvenir enfoui avec ce satané virus. Mais à l’heure où j’écris, nous sommes à quelques jours du 1er janvier et la nouvelle vient de tomber : la saloperie a muté ! Pour compléter le dossier 2020, la quarantaine est passée à 21 jours voire 28 pour les arrivées à Hong-Kong… 

Par Perrine Tavernier

 

Adeptes de scénario catastrophe, passez votre chemin, cet article n’est pas pour vous. Je ne sombrerai pas dans les perspectives sanitaires, économiques et sociales que nous réserve cette crise sans précèdent et je me consacrerai aux seules choses épargnées par cette période : les futilités. 

Assise dans mon lit, je m’attèle à rédiger mon article du mois de janvier 2021 pour Trait d’Union magazine quand mon inspiration se heurte aux effluves qui règnent dans notre appartement depuis plusieurs jours. 

Le sapin à 200 euros trône dans le salon et nous l’arrosons religieusement pour maintenir sa superbe. Au fur et à mesure que le mois de décembre est passé, une ambiance olfactive proche de celle de la gare du Nord s’est installée chez nous. La première année à Hong-Kong, Noël est tombé durant la transition couche / WC de mon fils aîné. L’odeur était si forte que j’ai pensé qu’il s’était soulagé dans le conifère signant le démarrage du fameux « pipi dans la nature » tant apprécié de la gent masculine. A bout, j’ai brisé le silence en avouant l’inavouable à une amie : « Ça sent le pipi chez moi ! ».

A son tour, elle m’a confessé avoir le même fumet dans sa maison et avoir accusé son chat d’avoir fait dans le sapin. Après avoir cherché la golden source de l’odeur avec la tête dans le « tree stand », nous avons conclu que l’odeur provenait de l’arbre, lui-même. 

Quand je pense au prix que peut atteindre un sapin à Hong-Kong, jusqu’à 800 euros pour un cyprès, tout cela pour finir avec une odeur de pipi dans le salon.

A Hong-Kong, bien des questions resteront à jamais sans réponse : quelle est cette obsession du coupe-ongle dégainé à chaque coin de rue au point d’en trouver même en format porte-clefs, pourquoi les sapins sentent-il le pipi ? On ne sait pas et je n’ai qu’un souhait : ne jamais savoir.

Ces derniers jours, j’ai beaucoup entendu parler de la « variante ». Je regarde sans trop me pencher les articles relayant le peu d’informations sur le sujet et je désespère quand même un peu. Plus contagieux, c’est possible ça ? On est quand même « pied au plancher » niveau geste barrières avec le gel hydroalcoolique et le masque. A ce rythme-là, je crains que le port obligatoire de la visière nous pende au nez à Hong-Kong.

Et là, je l’annonce, au-delà de la potentielle éradication du virus, une chose est certaine : c’est la fin du peu de sex-appeal qui restait à l’être humain. Je sais bien qu’à Hong-Kong, le look n’est pas une priorité pour tous, notamment pour ces hommes qui remontent leur tee-shirt à mi-hauteur sur leur ventre durant les fortes chaleurs, mais enfin tout de même. Tout comme les chaussettes dans les sandales me soulèvent le cœur, je souhaite que la visière reste au domaine de l’inenvisageable.

Pour écrire cet article, j’aurai dû me projeter après les fêtes, soit dans trois jours tout au plus. Mais se projeter est un concept que plus personne n’utilise depuis 2020. En revanche, il y a une chose dont je suis sûre : lundi 4 janvier, 8h30 précise, je serai assise à côté de mon fils pour la reprise de l’école en ligne. 

Il me tarde de retrouver le flegme des professeurs face au spectacle qu’offrent les rendez-vous connectés. En grande section maternelle, les visios nécessitent une assistance pour la connexion des enfants. Le plus souvent, ce sont les parents qui s’y collent. Au début, tout se passait bien : les arrières plans étaient rangés et seule la tête de nos chérubins trônait en plein écran. Puis les semaines ont passé et les appartements témoins ont laissé place aux chantiers où l’école en ligne côtoie le quotidien de chacun. Ainsi, nous avons aperçu un soutien-gorge posé sur le dossier de la chaise d’un élève, un homme en pyjama traversant son salon à quatre pattes pour échapper au champ de la caméra. Et un jour, on a touché au sublime lorsqu’un autre père de famille est apparu torse nu à l’écran. Ce jour-là, j’ai croisé les doigts pour qu’il ait le bas.

Je ne sais pas ce que réserve cette nouvelle année mais quoi qu’il arrive, je nous souhaite d’être patients face à une attente certaine que nous réserve 2021.

Bonne année à tous !

 

Ma playlist

Titre : Cœur poids plume

Album : Hyper

Artiste : Hervé