Economie

Emmanuel f. : un entrepreneur citoyen

Avec plus de 35 ans d’expérience, Emmanuel Faipoux a mis au centre de ses préoccupations la défense de l’environnement. C’est à la suite d’un cancer qu’Emmanuel a décidé de réévaluer les produits chimiques potentiellement toxiques auxquels il avait été exposé après des années dans le secteur de la coiffure et de la beauté. Créé en 2003, son salon de coiffure à Hong-Kong a connu un tournant en 2008, avec la création du premier concept, unique, de coiffure et de beauté certifiées biologiques à Hong-Kong. 

L’environnement est devenu un élément incontournable de sa philosophie et fait partie intégrante de son fonctionnement de tous les jours. 

Sa philosophie : un salon de coiffure de confiance avec la garantie pour toute la clientèle de n’utiliser que des produits les plus naturels possible et certifiés bio. Rencontre avec un entrepreneur engagé.

Propos recueillis par Catya Martin

 

Trait d’union : Quel est votre parcours ?

Emmanuel Faipoux : L’expérience international a commencé quand j’avais 29 ans. D’abord en France puis j’ai voyagé dans le monde pour des ouvertures de salons, Taiwan mais aussi les États-Unis, aujourd’hui cela représente plus de 30 années d’expérience.

 

Pourquoi ce tournant et cet engagement environnemental ?

C’est à Taiwan ou ma vie à pris un tournant. J’ai été diagnostiqué avec un cancer et ai donc dû rentrer en France pour avoir les soins nécessaires. Je venais d’avoir 30 ans.

A partir de ce moment, toute ma vie était remise en question. Tout d’abord la peur de la mort. Il y a plus de 25 ans, l’évocation du mot cancer faisait peur. Il n’y avait pas les mêmes traitements qu’aujourd’hui.

J’étais jeune et avoir un cancer était un véritable électrochoc, à 30 ans on pense avoir la vie devant avec des projets et une évolution de carrière, ce qui était mon cas.

J’ai beaucoup réfléchi. J’avais des choses à changer dans ma vie, mes habitudes ou encore mes croyances.

Penser que la vie peut s’arrêter d’un coup permet de réfléchir à ce que l’on veut vraiment faire. Ça a été une sorte de seconde chance pour moi.

Je me suis intéressé à une médecine plus alternative, j’ai rencontré des naturopathes, modifié mes habitudes alimentaires autour de produits frais, plus naturels et bio, sans traitement chimiques.

 

Et pour l’appliquer dans votre profession comment avez-vous fait ?

Il y a eu cette première phase avec la sortie du cancer où après mon traitement tout allait bien. Dans le même temps je lisais beaucoup sur ces sujets de santé naturel, j’essayais de voir ce qu’il m’était possible de faire pour me maintenir en bonne santé.

J’ai donc commencé à appliquer ce mode vie dans mon quotidien puis dans la famille en sensibilisant mes enfants. Après quelques années nous sommes repartis à l’étranger et avons ouvert notre premier salon à Hong-Kong en 2003.

Tout se passait très bien mais j’avais toujours au fond de moi ce besoin de changer des choses dans mon travail.

J’ai donc cherché ce que je pouvais concrètement faire pour avoir un salon qui soit comme chez moi, plus sain, un salon qui adopte ma philosophie.

 

Démarche compliquée dans un univers où les produits chimiques sont au cœur de votre métier ?

Oui, ce n’était pas simple on utilise effectivement beaucoup de produits chimiques pour pouvoir faire les couleurs, les permanentes ou encore tous les services liés à la coiffure.

A ma connaissance personne n’avait encore proposé des produits sains. Rien n’existait.

 

Vous avez donc décidé de trouver « ces » produits ?

Oui je voulais des produits plus respectueux de l’environnement.

Quand vous commencez à respecter votre corps et votre santé, respecter l’environnement devient tout aussi important. On ne peut pas penser à sa santé personnelle sans penser à l’environnement et à la planète.

Il ne faut pas oublier que toute notre formation professionnelle se fait sur ces produits nocifs. Changer de produit c’est aussi accepter de se former à nouveau et donc se remettre en question. D’une démarche très personnelle qui était liée à mon cancer, c’est devenu un combat.

 

Comment avez-vous fait ?

J’avais envie de travailler dans un environnement plus sain j’ai trouvé une marque qui correspondait à mes attentes. Je suis allé avec mon épouse Séverine en Angleterre pour en savoir plus, voir les usines, mais aussi tester les produits en salon. En une semaine nous avons pu voir tout ce qu’il était possible de faire avec ces produits-là.

Le test a été plutôt convaincant et je savais que je pouvais utiliser cette marque pour remplacer mes produits chimiques. J’ai donc dès, 2008, rendu tous les produits que j’avais pour n’utiliser plus que ces produits naturels. Les clients nous ont fait confiance et nous ont suivi dans nos choix.

 

Vous êtes plus engagé dans une démarche civique ?

Oui, c’était suffisamment fort en moi pour prendre ce risque.

J’ai voulu maintenir un niveau de qualité pour mon salon en amenant un nouveau concept avec de nouveaux produits. Il a juste fallu accepter de s’adapter et se reformer, nous l’avons fait.

 

Votre motto est : “when luxury meets nature”, expliquez-nous ?

J’ai communiqué avec ce motto pour bien expliquer qu’utiliser des produits bio et donc non chimique n’enlevait rien à la qualité du service et au résultat final. Il était important de le rappeler.

 

Vous avez réussi à retourner chaque difficulté en positif. C’est ce qui fait votre force aujourd’hui ?

Si vous restez négatif, vous vous écroulez et n’êtes plus un entrepreneur. Les qualités d’un entrepreneur sont de rebondir, d’apprécier quand les choses vont bien et de savoir agir et réagir quand c’est plus compliqué.

Avec la crise sanitaire nous avons pris la décision de nous recentrer sur la coiffure en supprimant le spa. Nous avons donc pris un salon plus raisonnable qui nous permet d’être mieux armé pour passer cette période. Nous avons anticipé suffisamment pour ne pas, avoir à nous reposer la question dans un an.

 

Quel message voudriez-vous transmettre ?

Être entrepreneur et avoir une philosophie autour de l’environnement et du développement durable c’est possible, c’est une question de volonté.

En tant que coiffeur il faut savoir se remettre en question continuellement. Mon message pourrait être en direction des coiffeurs qui craindraient de se lancer avec des produits naturels. Nous sommes tous dans une certaine zone de confort mais à un moment il faut aussi savoir si on a envie de continuer à se remettre en question ou juste vivre sur nos acquis. Ça ne parle pas forcément à tout le monde mais c’est possible.

La défense de notre environnement et donc de notre santé ne doit pas être un handicap. Il faut apporter toutes les nouveautés possibles, ça prend du temps. 

Aujourd’hui je me sens en harmonie avec moi-même.

 

Informations :

« emmanuel f. »

176 Wellington Street, Central, Hong-Kong

https://www.emmanuelf.com/