Evasion

Dubrovnik : trésor artistique de l’Adriatique

Dubrovnik compte parmi les plus belles villes d’Europe en raison de sa richesse artistique et culturelle. Or ce n’est pas seulement une cité historique. C’est aussi un port naturel dont l’anse est protégée par une presqu’île, au pied d’une chaîne côtière connue sous le nom de ‘Riviera de Dubrovnik’. Au large, un chapelet d’îles abrite l’accès à son chenal naturel.

Par Christian Sorand

Comme dans toutes les villes de la côte dalmate, une histoire mouvementée et multiculturelle a forgé le passé depuis  la fondation de la cité. La dernière guerre des Balkans n’a pas épargné la ville. Fort heureusement depuis, ł’UNESCO est venue à son secours en la classant au patrimoine mondial de l’humanité. Or parfois un maux en cache un autre. Les bateaux de croisière entravent son port par leurs tailles disproportionnées. Des hordes de touristes, toutes nationalités confondues, envahissent en masse les ruelles de la vieille  ville, du moins pendant la belle saison.

Un passé glorieux sous influence

Cavtat, sur la côte sud de Dubrovnik, est aujourd’hui une agréable petite station balnéaire. Ce petit port de pêcheurs a été fondé par des Grecs au IVe av.J-C. Ils appelèrent la colonie ‘Epidauros’ en l’honneur de la ville du Péloponèse dont ils étaient originaires. Quand la région fut colonisée par les Romains en 228 av.J-C, le port prit le nom romanisé d’Epidaurum. Puis au VIIe siècle de notre ère la colonie fut saccagée et détruite à plusieurs reprises par les Avars et les Slaves. Fatigués par toutes ces invasions, les habitants décidèrent de trouver un site mieux protégé. Quelques kilomètres plus loin, ils choisirent une île baptisée ‘Lausa’ (du grec λασ : ‘rocher’). Le nom latin, puis italien, dérivé du grec devint alors ‘Ragusium’ / ‘Ragusa’. Cavtat est d’ailleurs un mot composé du latin ‘Civitas Vetus’ (‘vieille ville’). C’est ainsi que fut fondée Dubrovnik dans la première moitié du VIIIe siècle.
L’UNESCO inscrit Dubrovnik au patrimoine mondial de l’humanité en 1979. Le 1er juillet 2013 la Croatie est intégrée à l’Union Européenne. Dubrovnik renaît de ses cendres et devient la ville-musée d’aujourd’hui, héritière des vicissitudes d’un passé agité.

Une cité à l’architecture unique

L’histoire a donc forgé une empreinte de styles architecturaux multiples. Un legs qui révèle surtout les oscillations entre les intérêts de la Sérénissime et ceux des Ottomans. Or c’est précisément ce qui en fait sa beauté et son intérêt.

La ville ancienne est assez compacte, sise à l’intérieur d’une ceinture d’impressionnants remparts datant principalement du XVIe. C’est d’ailleurs ce qui en fait l’un des atouts majeurs pour les visiteurs. Depuis le chemin de ronde, on jouit d’un point de vue idéal pour contempler à la fois, la cité et ses monuments, mais également la vue imprenable sur les falaises rocheuses de l’Adriatique, son petit port et même la chaîne côtière. Le tour des remparts est long de deux kilomètres. Si l’effort a sa récompense, il faut savoir tout de même, qu’il vaut mieux être en bonne condition physique en évitant de préférence les heures les plus chaudes l’été venu.

Communément, on accède à la vieille ville par la Porte Pile. On acquiert ainsi une bonne idée sur la puissance des fortifications. Puis, on arrive sur une petite place, au centre de laquelle se dresse un joli monument circulaire : la fontaine d’Onofrio. Il faut savoir que Dubrovnik a hérité d’un savant réseau de canalisations, alimenté par des sources de la montagne voisine et aussi par les eaux de pluie se déversant dans un réservoir souterrain. L’église Saint-Sauveur (1520) se trouve sur cette placette, ainsi que le monastère des franciscains (XIVe-XVe) ou le couvent Sainte-Claire (XIIIe) qui lui fait face.

On emprunte alors Placa, une large artère toute blanche et patinée par les ans, qui traverse la vieille ville jusqu’à son port historique, bordée de magasins surtout destinés aux touristes. On se souvient que lorsque Raguse fut fondée, c’était une île. Placa recouvre en fait le vieux chenal qui séparait l’île de la côte.

En cette partie est de Dubrovnik, on arrive alors au cœur historique. Il y a d’abord la colonne de Roland (1418) surmontée d’un étendard où est écrite la devise de la cité « Libertas ». Le preux chevalier du Moyen-Âge aurait débarrassé la ville des pirates arabes au VIIIe. Une légende qui définit la volonté tenace de la ville liguée contre ses multiples assaillants. Le superbe palais Sponza est un édifice de la Renaissance. La tour de l’Horloge domine la cité du haut de ses 31mètres. L’édifice actuel élevé en 1929 remplace la tour originale (1444). L’église Saint-Blaise, de style vénitien du XVIIIe, est dédiée au saint-patron de la ville depuis l’an 972 pour la protéger de la peste. Le palais des Recteurs, édifié au XIIIe, offre une magnifique façade du XVe. Il demeure l’un des plus beaux édifices de la cité. La place Zelena, toute proche, abrite un petit marché quotidien fort intéressant. De là, on accède à la Cathédrale par une série d’escaliers menant au parvis. Hormis son trésor, l’édifice de style baroque offre assez peu d’intérêt. Le tremblement de terre de 1667 a détruit l’église d’origine construite à la demande de Richard Cœur de Lion. De retour de Palestine en 1192, il fut sauvé de la tempête qui avait fait échouer son bateau. Il fit édifier l’église en remerciement.

La vieille ville offre bien d’autres attraits historiques et architecturaux : le couvent des dominicains (XIVe-XVIe) ou la synagogue (XVe). Toutefois, le charme de Dubrovnik réside surtout dans le dédale de toutes ses ruelles. On peut en savourer l’atmosphère en se perdant à pied au gré de son humeur et de son intérêt.

Un espace naturel exceptionnel

On pourrait donc penser que le seul intérêt de Dubrovnik (environ 43.000 habitants) incomberait à son héritage historique et culturel. En fait, le site offre bien plus encore, n’en déplaise aux croisiéristes d’un jour qui y viennent.

La vieille ville est située sur un éperon rocheux de la côte dalmate. La ville moderne s’est ensuite développée à l’ouest autour de la presqu’île de Lapad dont la partie orientale abrite le port moderne de Gruz. Ce quartier de Dubrovnik a aussi son charme. On y trouve notamment quelques vieilles demeures bourgeoises blotties au fond de jardins aux essences méditerranéennes. Le soir venu, le quartier nord, au-dessus de Lapad et du port de Gruz, offre de superbes couchers de soleil sur les échancrures de la côte et les îles toutes proches. On peut également songer à s’échapper vers Lokrum, l’île la plus proche. Le mont Srdj quant à lui, s’élève à 405 mètres au-dessus du niveau de la mer. On y accède par un téléphérique au pied des remparts de la vieille ville. On jouit ainsi d’un beau panorama sur la ville ancienne, la côte dalmate et les îles Élaphites.

Il existe de surcroît d’autres possibilités de découvertes proches. La route côtière du sud, baptisée ‘Riviera de Dubrovnik’, offre quelques points de vue spectaculaires. La voie est d’ailleurs jalonnée de quelques aires permettant un arrêt. On notera aussi les beaux villages marins se trouvant sur cet itinéraire. Tout d’abord Srebreno et Mlili blottis dans une baie au cadre enchanteur. Si les plages sont petites et couvertes de galets, l’eau y est d’une transparence inouïe. On peut très bien aller d’un village à l’autre en empruntant un sentier aménagé au dessus des rochers et traversant une jolie pinède. Il ne faut surtout pas manquer la petite station balnéaire de Cavtat déjà évoquée dans l’histoire de Dubrovnik. Ce charmant petit port offre une topographie assez semblable à celle de Dubrovnik par la presqu’île sur laquelle il se trouve. Le front de mer est particulièrement agréable et son vieux quartier conserve un intérêt historique fort intéressant.

Enfin, au départ de Dubrovnik, on peut envisager quelques excursions plus lointaines comme le site de Mostar, classé par L’UNESCO, en Bosnie-Herzégovine, ou bien encore la Baie de Kotor, au Monténégro, site naturel de l’UNESCO. Ce lieu est d’une telle beauté qu’il serait vraiment dommage d’en négliger la visite.

Ainsi, on constate comment l’Histoire a pu forger la façade des monuments de Dubrovnik de l’époque médiévale à la Renaissance jusqu’au baroque. Cette ville-musée porte davantage encore l’empreinte de Venise. Cet héritage glorieux a son revers. A la belle saison, la vieille ville est submergée par les vagues de touristes encombrant son espace de dix heures du matin à la fin de l’après-midi. Les prix ont grimpé depuis cet afflux. Tant et si bien que beaucoup d’habitants ont choisi de se loger extra-muros. Le soir venu portant, Dubrovnik conserve son charme désuet. On peut très bien choisir de visiter la ville au petit matin, à l’ouverture officielle des visites. C’est d’ailleurs un bon moment pour faire le tour de ses remparts ; à moins d’opter pour la lumière des fins d’après-midi. Quoi qu’il en soit, la découverte de Dubrovnik reste un moment d’exception inoubliable.

Liens : (wikipedia, unesco.org, wikitravel, cosmovisions.com, virtualtourist.com, dubrovnik-travel-experience.com)