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Demain j’arrête

Quel est le point commun entre la rhinite vasomotrice sévère de Pinocchio (qui dure quand même depuis 1883), l’acquisition de la tour Eiffel par André Poisson (en 1925) et la procédure de destitution de Bill Clinton en 1988 ? A part qu’il s’agit de machins plus ou moins longs et rigides … 

Le bobard, la carabistouille, les craques, les salades, les menteries, fables, affabulations, impostures, parjures, bref les mensonges en tous genres. 

Par Stéphanie Delacroix

L’acquisition de la capacité à mentir se fait vers 3 ans, et c’est parait-il une compétence sociale capitale.

En moyenne nous mentons une à deux fois par JOUR. Je vous laisse cinq minutes pour passer votre journée en revue pour voir si vous êtes sous, dans ou au-dessus de la moyenne.

Saviez-vous qu’il existe sept types de mensonges (erreur, omission, minimisation, exagération, fabrication, recontextualisation) et cinq motivations pour mentir (valoriser son image, éviter un conflit, protéger son interlocuteur, persuader son interlocuteur, justifier ou dissimuler une action « fautive » ou un manquement) ? Sans oublier, un 8em type, le mensonge le plus dangereux, pas le parjure, le mensonge que l’on se fait à soi-même.

Enfin bon, du côté de chez Sam, le parjure (mensonge sous serment) est assez dangereux quand même puisqu’il peut entrainer la destitution du Président et en Californie comme dans l’Idaho, lorsque le parjure entraîne l’exécution d’un condamné à mort, il peut valoir au menteur d’être lui-même condamné à …mort. 

Côté étymologie le mensonge n’a rien à voir avec la menthe ou le songe, mais tout à voir avec « mention » via le latin mentionem…

Le mensonge a toujours été populaire : dans les Fables de la Fontaine au programme du Bac de français une sur quatre environ comporte au moins une référence explicite au mensonge, sans parler des contes de Perrault. Les bobards ont pris du galon récemment pour devenir, sous l’égide du Président américain numéro 45, une…vérité alternative (ou un fait alternatif) attrayante et distrayante. Mark Twain a bien résumé pourquoi : A lie can travel half way around the world while the truth is putting on its shoes. Justement en anglais on fera attention aux homophones lie (être allongé) / lie (mentir).

I went to the beach and lied there all day a un sens assez différent de I went to the beach and lay there all day. Le passé de lie « mentir » est bien lied alors que celui de lie « être allongé » est lay. Lay (transitif) c’est aussi poser quelque chose mais au passé dans ce cas c’est laid …oui c’est moche mais c’est comme ça.

En indonésien des bobards sont des bohon, des bohongan, en japonais 嘘 うそ,uso, et c’est pas simple 14 traits, la bouche 口 + 11 autres : le haut de tigre 虎 et le bas de la rangée 並.

Pas simple à tracer mais assez simple à mémoriser : celui qui dit qu’il a le haut d’un tigre dans la rangée du bas de son étagère ment probablement.

Il existe des moyens – plus ou moins fiables – de savoir si quelqu’un.e ment…

Le Polygraphe, mais comme il mesure le stress davantage que le mensonge ça marche mal, c’est aussi le cas quand quelqu’un.e se touche le visage, transpire, respire ou change son débit verbale…

Lui faire dire « Croix de bois, croix de fer si je mens je vais en enfer » (ou cross my heart and hope to die) : si elle ou il refuse c’est mauvais signe.

Lui demander ses papiers pour vérifier son âge, si c’est un.e enfant il ou elle dit la vérité, puisque « La vérité sort de la bouche des enfants ».

Demander à gouter son sang car, c’est bien connu, « bon sang ne saurait mentir ».

Lui injecter du C11H18N2O2S, Thiopental Sodium, le Penthotal, qui a l’origine est un anesthésiant…une petite piqure et hop voilà la vérité qui pointe son nez dans les 30 à 40 secondes qui suivent et ce pour une dizaine de minutes.

Lui faire passer une IRM. 

Pratique non ? Et, je vous promets que je n’ai pas menti dans cette chronique…et pourtant je mens tout le temps.