ChroniqueRegardsTranche de vie

Décembre, le mois que j’adore

Le mois de décembre est l’un de mes mois préférés de l’année depuis que je suis Maman. Et pour cause, à partir de la naissance de notre aîné, nous avons constitué la collection des ornements, et chaque petit objet me rappelle de bons moments.

Par Perrine Tavernier

Je me souviens que pour son premier Noël, nous vivions en France, le sapin était un vrai qui avait poussé dans les forêts du Morvan, il était décoré d’une guirlande lumineuse et de quatre boules en velours. Nous n’avons pas de chat à la maison, mais on a un fils qui n’était pas mauvais pour dézinguer un conifère : au revoir boules en verre soufflé et flocons de neige en céramique…

Aujourd’hui, notre fils aîné a neuf ans, un petit frère de six ans à qui il a transmis les bonnes pratiques pour dégommer le sapin, mais la déco a un peu changé. Après six années passées en Asie, dans notre sapin, on a un dragon qui pendouille, deux golden fish, un panier vapeur et cela va sans dire, l’arbre est en plastique venu tout droit de Chine. Je me suis d’ailleurs trompée lors de la commande, on en a un digne d’un centre commercial : il mesure 2,30 m de haut.

Le premier week-end de décembre, je suis dans les starting-blocks pour sortir toute la décoration de Noël et le sapin géant planqué sous notre lit.

En Corée du Sud, les appartements ont les plafonds bas, alors l’étoile à la cime de l’épicéa chinois est un peu penchée… Qu’à cela ne tienne, c’est la fête quand même !

L’année dernière, à la même époque, nous venions d’emménager dans notre appartement à Séoul. J’étais transcendée de froid, je n’avais envie de voir personne et dans ma tête, je me répétais : « 2 ans » c’est la durée du contrat de mon mari ici à Séoul. Tel l’ours des Pyrénées, feu Cannelle, lorsque le thermomètre passait sous les 10 degrés Celsius, j’entrais en hivernation.

Aujourd’hui, à -5 degrés Celsius, je trouve qu’il fait bon.

Quant aux rencontres, j’avais en tête des conversations eues lors de notre précédente expatriation. Ce n’est pas le cas de tout le monde et cela dépend du pays où on est localisé mais, il arrive que l’expatriation s’accompagne d’un changement de train de vie et donc, de comportement. Et parfois, certains expatriés deviennent très axés sur leur égo, avec une volonté de se hisser socialement, de trainer avec les bonnes personnes… Sortir de cela en arrivant à Séoul et se retrouver plongé dans un environnement dans lequel tout le monde se fiche de ton existence, ça a quelque chose de très agréable et de reposant pour l’esprit.

On va dire qu’ici, les expatriés qui pètent plus haut que leur derrière, ou les vieux briscards qui ont oublié qu’ils étaient, eux aussi, expatriés, sont noyés dans la masse de gens plutôt sympas. Et puis quand on accepte une expatriation en Corée du Sud, on sait que l’adaptation va être coton et ça, c’est le meilleur moyen de faire fuir les péteux.

Évidemment, Radio Ragot, dont l’antenne est située au parc du Dragon de Seorae Maeul, fonctionne à plein tube. Tout se sait pour le meilleur et pour le pire !

Sur le volet gastronomique coréen, j’ai aussi progressé. Beaucoup parlent de la K-Food avec délice, mais moi, je trouvais cela immonde. Leur mélange sucré-salé me soulève le cœur et c’est très souvent gras. Sans compter qu’il y a très peu de produits importés en Corée du Sud et que les douanes coréennes sont terribles en ne laissant presque rien passer. Tant est si bien que l’année dernière, j’étais à l’agonie du saucisson.

Pour Noël, mes beaux-parents nous envoient un colis. L’un de mes fils voulait des rollers particuliers trouvés en France qui ont fait le voyage jusqu’à Séoul. En ouvrant le carton, mon beau-père m’a dit : « regarde dans les rollers ». Dans chaque patin, il y avait un saucisson, deux superbes Jésus de Lyon arrivés à point nommé.

Cette année, j’étais à deux doigts de sortir le kimchi sur la table des fêtes (j’avoue qu’il y avait aussi un petit foie gras illégal).

Je me suis mis à boulotter des dumplings avec joie, je cherche les camions de bungeoppang ces gaufres en forme de poisson fourrées à la pâte de haricots rouges. La texture est proche de la crème de marron, en meilleure, et bien moins lourde que du chocolat.

Et puis ce que j’aime le plus, c’est dénicher des petits restaurants qui ne paient pas de mine. La salle est souvent rudimentaire et le service rondement mené par des ajummas, ces femmes de caractère qui ont un certain âge. Ces restaurants sont des institutions ouvertes depuis plusieurs décennies, la recette d’un plat unique est transmise de génération en génération et gardée comme celle des druides.

Dans ces restaurants, il est donc inutile de parler coréen, on entre, on suit l’ajumma qui nous place à une table. Une fois installé, il faut ouvrir un tiroir pour trouver des couverts et servir son eau dans la montagne de verres en plastique à disposition et on attend son plat servi en un temps record et que l’on dévore !!

Quand on est expatrié, on sait quand on arrive, mais jamais vraiment quand on part. Je ne sais pas ce qu’il adviendra à la suite du contrat de mon mari, mais aujourd’hui, dans ma tête, je me dis : « 1 an déjà… »