Château Phélan Segur : « Premium prêt-à-porter des grands vins de Bordeaux… »
Longtemps propriétaire des maisons de champagne Lanson et Pommery, Xavier Gardinier acquiert le Château Phélan Ségur en 1985 et tombe immédiatement amoureux de ce domaine. Il lui redonne du souffle et apporte une impulsion nouvelle qui puise dans l’excellence et la rigueur des méthodes champenoises. À la suite des travaux qu’il réalise pour améliorer l’outil de production et des innovations développées pour exprimer de façon franche la typicité de leurs terroirs, les vins du Château Phélan Ségur retrouvent un style classique, précis, élégant. Au début des années 90, Thierry, l’aîné de ses trois fils, reprend les rênes du vignoble avec le soutien sans faille de ses frères Stéphane et Laurent. Les frères Gardinier développent par ailleurs leurs activités dans l’hôtellerie et la restauration avec le Domaine des Crayères en Champagne et Le Taillevent à Paris au sein du Groupe Gardinier et Fils. Pour célébrer le trentième anniversaire de l’acquisition du Château Phélan Ségur, Thierry Gardinier s’est rendu en 2015 au quatre coins du monde pour rencontrer personnellement, autour d’une dégustation verticale de quinze millésimes en petit comité, distributeurs, professionnels de l’hôtellerie et de la restauration ainsi qu’amateurs fidèles de son vin. Le 24 novembre dernier à Hong-Kong, il s’est entretenu avec Trait d’Union. Propos recueillis par Philippe Dova
Trait d’Union : Pourquoi avoir choisi Hong-Kong en Asie pour célébrer les trente ans de l’acquisition du Château Phélan Ségur ?
Thierry Gardinier : Ces vingt-cinq dernières années Hong-Kong a été la ville où il fallait être, c’est l’une des villes les plus importantes d’Asie pour le marché du vin. Je me suis rendu à Tokyo en mars dernier il était naturel que je vienne à Hong-Kong pour cet anniversaire.
Pourquoi avoir investi il y a trente ans dans le Bordelais ?
Nous sommes des émigrés à Bordeaux, nos racines viticoles sont champenoises depuis soixante-dix ans ! Aussi loin que je me souvienne mon père avait toujours rêvé d’acquérir une terre à Bordeaux et plus particulièrement en Médoc. C’était le terroir de ses vins favoris. Il y voyait l’opportunité d’être totalement maître de sa matière première, contrairement à la Champagne où, à la tête des maisons Pommery et Lanson, il devait composer avec la production d’autres récoltants. Enfin, le site même de Phélan Ségur compte parmi les plus beaux des bords de Gironde. Il associe à la qualité des sols, celle d’un patrimoine immobilier exceptionnel. Ce n’est pas un château métaphorique, comme il en existe tant dans le Bordelais, mais une propriété d’âme qui incarne la vision progressiste de ses fondateurs Bernard et Frank Phélan.
Votre famille possède également Le Taillevent, l’un des fleurons de la gastronomie parisienne. Un restaurant que vous pourriez un jour exporter à l’étranger ?
C’est un restaurant historique à Paris avec deux étoiles au Guide Michelin et lorsque nous avons acheté le groupe Taillevent il y quatre ans, nous savions que le restaurant était unique. Mais nous savions également que la marque bénéficiait d’une grande reconnaissance à l’international. C’est pour cette raison que nous avons décidé de la décliner en plusieurs concepts dans l’esprit de Taillevent.
Quel est cet esprit ?
L’association harmonieuse de la gastronomie et du vin. Taillevent a toujours eu l’une des plus belles caves du monde avec notamment d’excellents vins de Bourgogne, de Bordeaux, des côtes du Rhône s’alliant parfaitement avec l’excellence de la cuisine traditionnelle française. C’est l’esprit de la maison ! Dans cet esprit, nous avons créé un concept de brasserie œnologique à Paris « Les 110 de Taillevent ».
Quel est ce concept ?
C’est une brasserie que nous avons ouverte en 2012 où il est possible de très bien manger à des prix plus accessibles. Cent dix vins au verre sont proposés pour s’accorder avec les plats et un plat peut être associé avec quatre vins de 2 à 100 euros le verre. Nous avons ouvert à Londres fin octobre et, si le succès que nous connaissons outre-Manche se confirme, nous ouvrirons une deuxième enseigne outre-Atlantique, à New York puis une troisième à l’étranger, à Tokyo.
Des ouvertures sont-elles prévues à Hong-Kong et en Chine continentale ?
Si nous devons ouvrir en Chine continentale, ce sera certainement à Shanghai. Mais auparavant, nous pourrions ouvrir à Hong-Kong.
Pour revenir au vin, la lutte contre la corruption en Chine a eu un impact direct sur les exportations de vins en particulier sur celles des grands châteaux bordelais. Est-ce un problème pour vous ?
Nous ne nous classons pas dans cette catégorie de vins de Bordeaux très chers, nous sommes un peu dans le « prêt-à-porter » des grands vins de Bordeaux !
Premium prêt-à-porter mais pas haute couture ! Nous devons éduquer les consommateurs chinois, les convaincre que le prêt-à-porter peut être accessible et très bon !