Tranche de vie

Caca boudin

Fin octobre, début novembre c’est la période caca boudin. En France, c’est le moment où il commence à faire vraiment froid, que la rentrée est bien installée et que les vacances d’été te paraissent loin. C’est aussi le moment de l’année où quand tu te réveilles il fait nuit, quand tu rentres chez toi il fait nuit et le coup de grâce c’est le changement d’heure.

A Hong-Kong, la période caca boudin est un peu différente. Tu sais que tu es expatrié(e) à Hong-Kong quand tu fais mettre la combinaison intégrale, en néoprène, à ton fils parce que l’eau de la piscine est à 28 degrés…

Par Perrine Tavernier

 

La première année à Hong-Kong à cette même période, le doorman de notre immeuble, me voyant sortir en tee-shirt, m’avait dit : « Carefull ! Very cold outside ». Ce jour-là, il faisait 25 degrés.

A cette époque, je regardais les boutiques de doudounes avec stupéfaction pensant qu’elles devaient être utiles pour des vacances d’hiver au Japon.

Prenez-la même, quatre ans après, quand le Hong-Kong Observatory a annoncé qu’on allait perdre 9 degrés en une journée, j’ai sorti les pulls et les écharpes. Je ne me l’explique pas vraiment mais aujourd’hui, mon ressenti des 20 degrés à Hong-Kong est le même avec un froid de canard en France. Ce qui est très bizarre aussi c’est que l’arrivée des « grands froids » de Hong-Kong me réjouisse. Surexcitée à l’idée de porter des bottines et un petit col en moumoute durant quelques jours. C’est certainement ce « durant quelques jours » qui me fait aimer cette période parce qu’on a tous en tête que ça ne va pas durer et que, comme chaque année, on devra arroser notre sapin de Noël en décembre pour qu’il ne crève pas à cause de la chaleur. Mais, d’après certains briscards de Hong-Kong i.e. les expats de plus de 10 ans sur place, les températures auraient déjà avoisiné les 0 degrés en hiver… Et là, sans chauffage dans les immeubles, c’est la combinaison de ski qui nous attend à l’appartement.

Pour les enfants aussi, c’est la période caca boudin : l’effet nouveauté de la rentrée laisse place aux habitudes. Les profs ne sont plus si nouveaux et les copains non plus.  En France, les premières vacances scolaires tombent à la Toussaint. J’ai des souvenirs de messes dans des églises glacées où on finissait au cimetière pour fleurir les tombes de la famille avec un moral au top !

A Hong-Kong c’est encore très différent. Ici, on fête Halloween, fête qui passe pratiquement inaperçu de mes souvenirs en France. A l’époque, je me disais que c’était une fête américaine donc une fête pour les beaufs, vous noterez l’état d’esprit…

Je n’ai pas changé d’avis sur les déguisements horribles et blagues débiles de la période. Pas plus tard que la semaine dernière, j’ai sursauté au supermarché parce qu’en choisissant mes avocats j’ai trouvé une main coupée en plastique… Non mais franchement.

Donc autant les déguisements avec têtes coupées, œil crevé et sang dégoulinant me révulsent autant la chasse aux bonbons des enfants me plaît.

Et tant pis si les déguisements ne font pas peur. L’année dernière mon cadet est arrivé déguiser en carotte, on a dit qu’elle était magique et c’est passé impeccable pour le « trick or treat ».

Quant à mon grand, cette année il a eu la possibilité de se déguiser pour le dernier jour d’école avant les vacances. Naturellement, de nombreux enfants étaient costumés ainsi que les maitresses. Mon fils est du genre à poser des questions surtout quand il ne comprend pas quelque chose. Ainsi, il m’a dit : « Tu sais Maman, je n’ai pas compris le déguisement de la maîtresse alors je lui ai demandé pourquoi elle s’était déguisée en poubelle ? ». Note à moi-même : évincer cela de ma mémoire avant la prochaine rencontre individuelle parents prof prévue d’ici décembre.

Enfin novembre, c’est le mois où j’ai une pensée pour ma helper parce que novembre c’est l’ouverture de la saison de la raclette.

La première fois qu’elle a ouvert le colis de fromage, elle m’a demandé « Maaaam, what is it ? », je n’ai pas osé lui répondre « ton pire cauchemar ». Je l’ai vu tourner de l’œil à l’ouverture du frigo quand les effluves du tombereau de fromage entamé se répandent dans la cuisine. Je l’ai même vu me regarder d’un air suspect pensant que j’avais… je ne vous fais pas de dessin.

Et, après la première soirée raclette, elle a compris. Alors, pour la préserver, on a décidé que la raclette à la maison serait le dimanche avec toutes les fenêtres de l’appartement ouvertes.

Bref, vivement décembre !

 

Ma playlist

Artiste : Philippe Katerine
Album : Katerine
Titre : La banâne