Economie

Business France : cap vers les startups

Fort de 16 personnes, le bureau de Hong-Kong de l’organisme « Business France » est aujourd’hui le lien privilégié pour les entreprises françaises désireuses de s’implanter dans l’ancienne colonie britannique. Ce sont environ 400 entreprises qui sont ainsi accompagnées chaque année. Une des tâches de Business France reste la gestion des entreprises qui entrent à Hong-Kong pour cibler le marché local mais aussi pour celles s’orientant vers un marché plus axé vers la Chine continentale.

Six antennes sont installées en Chine dont celle de Hong-Kong, dirigée par Mélanie Gaudin, également en charge du pôle « art de vivre-santé-cométiques » pour l’ensemble de la Chine.

Organisés sous le même système que le réseau diplomatique français, Business France reste en lien permanent avec les services des consulats.

Rencontre avec une directrice dynamique au service des affaires économiques et commerciales françaises.

Propos recueillis par Catya Martin

Trait d’Union : Quels sont les principaux besoins des entreprises ?

Mélanie Gaudin : La grande majorité des entreprises sont intéressées par Hong-Kong comme porte d’entrée sur la Chine ou sur l’ASEAN. 15 % des entreprises accompagnées par Business France HK cherchent à se développer exclusivement sur le marché hongkongais. Nous sommes donc amenés à travailler avec la Chine, Singapour ou encore Tokyo et la Corée et à accompagner les entreprises sur des logiques de développement régional, en coordination avec les autres bureaux Business France de la zone.

Combien d’entreprises accompagnez-vous ?

Environ 400 entreprises sont accompagnées par an par le bureau de Hong-Kong sur des problématiques classiques, présences à des salons, missions collectives ou encore accompagnement individuel.

Sur les 400 entreprises accompagnées par Business France, quasiment aucune n’a d’implantation à Hong-Kong.

Ce sont essentiellement des demandes de recherches de partenaires, de distributeurs et de plus en plus des recherches d’investisseurs pour leur développement en Asie.

La fusion avec « Invest in France » est donc très importante pour nous car la mise en commun de nos compétences et réseaux de contacts locaux nous permet de déployer un accompagnement des entreprises beaucoup plus complet.

Une entreprise française ou dirigée par des Français, implantée à Hong-Kong peut-elle vous contacter ?

Si demain une entreprise montée par des Français ici et n’ayant pas d’implantation en France, voulait y installer un bureau, rechercher une équipe de R&D, nous pouvons les accompagner et rechercher des partenaires. Par contre, si elle n’a aucune implantation en France, il nous est difficile de l’accompagner sur le volet « Export ».

Notre mission est d’être présent en amont, c’est à dire au moment de la phase de développement de l’opportunité d’affaires.

Une fois que l’entreprise est en phase d’ouverture d’une structure ici et se retrouve plus avec des problématiques d’implantation, les Chambres de commerces prennent logiquement le relais.

Sur quel secteur d’activité Business France travaille-t-il le plus ?

Cela dépend, si on regarde le nombre d’entreprises accompagnées, tout ce qui touche aujourd’hui le « food and beverage » et les biens de consommation liés à la mode, au luxe et à la cosmétique représente au moins les deux tiers de nos accompagnements en terme d’activité. La demande est très liée au tissu économique local.

Depuis peu, nous constatons une montée en puissance de la demande des entreprises sur les problématiques d’environnement, d’infrastructures, plus généralement « smart city ». Pour cela, nous avons créé un poste entièrement dédié à ce secteur, il y a un an et demi.

Ensuite, le secteur en pleine expansion est celui des nouvelles technologies. L’activité a quasiment doublée en un an et demi.

C’est une des raisons qui nous a amenée, avec le service économique, à nous lancer dans la labellisation de Hong-Kong pour la « French Tech Hub ».

Comment avez-vous procédé ?

Nous avons d’abord monté un dossier de labellisation en référençant et en essayant d’identifier les startups françaises présentes ici.

La première chose à faire était déjà de justifier la demande de labellisation à Hong-Kong. Cette demande avait du sens ici par rapport à un écosystème local.

La grosse partie la première année était donc ce référencement qui n’est pas exhaustif puisqu’il se fait sur la base du volontariat. Nous sommes allés à leur rencontre, dans les accélérateurs, les incubateurs, co-working space et nous avons découvert un nombre impressionnant de Français. Presque tous étaient intéressés d’être sous la bannière de la « French Tech ».

Ensuite, nous rencontrons d’éventuels investisseurs, nous leur expliquons que des startups françaises sont maintenant au NASDAQ qu’il y a eu des levées de fonds importantes ces trois dernières années. Mais aussi que nous sommes forts sur certains domaines.

C’est un enchaînement de tout. Il nous a fallut également expliquer que la France n’était pas que le luxe, le vin ou la gastronomie mais aussi la technologie.

Dans le retail par exemple, la chute des chiffres d’affaire du commerce traditionnel fait qu’aujourd’hui les grands acteurs réfléchissent au moyen de faire revenir leurs clients, comment les attirer, comment faire une offre qui va les différencier des voisins. Les startups ont une place à prendre.

Un grand nombre de ces startups sont aussi dans la partie des  « fintech » (technologie financière), on remarque que les grandes banques étrangères et chinoises ont une vraie appétence pour trouver des solutions innovantes apportées par des startups.

Il y a également de plus en plus de startups qui sont dans le « smart city », avec des transports intelligents, bâtiments intelligents. Hong-Kong veut aussi être une vitrine sur les problématiques environnementales.

Qu’a apporté la French Tech de concret ?

La French Tech a trois missions : fédérer, promouvoir et renforcer l’attractivité du territoire français.

• Fédérer les initiatives locales et rendre visibles des entrepreneurs Français présents à Hong-Kong et développer des synergies entre eux.

• Promouvoir, communiquer en faisant aussi comprendre aux autorités que la French Tech aujourd’hui est quelque chose de très innovant, qu’ils sont nombreux et que nous apportons de vraies solutions par rapport aux problématiques locales.

• Faire venir des investisseurs hongkongais en France et des startups étrangères pour se développer en France.

Avez-vous déjà d’éventuels investisseurs intéressés ?

Il y a aujourd’hui des investisseurs qui s’interrogent, qui nous demandent d’identifier pour eux des startups dans différents domaines, et qui sont même intéressés par des voyages d’affaires en France afin de se rendre compte de l’existant.

C’est ainsi que le premier investissement d’un fonds hongkongais dans une startup française a eu lieu cette année. A la suite d’une sélection que nous avons réalisée pour le fonds appartenant à Li Ka Shing ce dernier à investit 3,5 millions d’Euros dans la startup française : Algama.

Pensez-vous à terme vous associer à l’événement « So French So innovative » ?

Oui, c’est en projet. Nous souhaiterions ensemble avec le Service Economique et les Conseillers du Commerce Extérieur (qui sont à l’origine du projet) que « So french So innovative » soit également un porte-drapeau de la French Tech, avec le soutien des startups par les grands groupes.

Il était important pour nous d’avoir de grands groupes ambassadeurs de startups.

Deux groupes le sont aujourd’hui avec Schneider et Cap Gemini et c’est très intéressant car les grands groupes sont à la recherche d’innovation, de solutions développées par des startups permettant d’enrichir leurs offres, et à l’inverse les startups ont besoin des grandes entreprises pour se développer.

C’est ainsi que certains de ces groupes commencent soient à développer des incubateurs soit à mettre en place des fonds d’investissement dédié. Si « So French, So Innovative » arrive à porter ce projet, ce serait une belle innovation et une belle opération. Cela n’existe pas ailleurs.

Quelles sont les prochaines étapes pour Business France ?

Malgré notre très forte activité dans le secteur de l’agro-alimentaire, il y a encore toute une montée en puissance à faire sur la partie « food ».

Il faut renforcer nos actions dans la partie commerce de détail. C’est un gros sujet. Nous sommes bien placés sur les importateurs qui distribuent des produits haut de gamme dans les restaurants, et nous essayons de travailler de plus en plus avec des acteurs importants de la grande distribution en France.

Il y a aussi tout ce qui est autour des « smart city ». Transport électrique, solutions environnementales, gestion des déchets, Hong-Kong ne peut plus fermer les yeux et cela va être un grand sujet pour nous.

L’autre grand enjeu est de continuer notre cartographie des investisseurs qui potentiellement pourrait investir en France et/ou au capital de certaines entreprises françaises qui voudraient se développer en Asie.

Le dernier sujet est sur la partie des bio-tech, des med-tech, innovation dans les dispositifs médicaux et de la food tech, qui sont des secteurs dans lesquels la France dispose d’une très belle offre innovante qui intéresse de plus en plus le marché asiatique, à la fois en termes de développement de marché que d’investissement.