Événement

Boris Vian à l’honneur de la cuvée 2020 du concours de poésie

Par la Rédaction

 

Organisé par le magazine Sauvés par le Kong, ce concours invite à l’invention poétique. « Il s’adresse à tous les amoureux de la langue, où qu’ils soient dans le monde, aux férus du genre à la plume aiguisée comme aux jeunes poètes à la métaphore instinctive. L’objectif est de promouvoir la langue française à Hong-Kong, faire phosphorer les imaginations les plus folles et célébrer la trouvaille poétique, la rime et la musique ! Apres Rimbaud, Prévert, Apollinaire, Jacques Brel l’an passé on avait décidé de mettre à l’honneur un ecrivain de génie, un trompinettiste poétique et jazzy en diable : Boris Vian. Quant au thème du courage, avec l’épreuve que le monde traverse aujourd’hui, il etait tout tout trouvé, tout idoine, on en a bien besoin. Merci à toutes les belles plumes qui ont participé cette année et rendez-vous l’an prochain », explique Matthieu Motte qui organise le concours depuis 2016.

 

Retour sur les lauréats

« Courage, cours encore à l’orage […]

j’ai reçu la poésie comme une blessure,

Que le soleil ne peut parfaire »

 

Ces quelques vers du poème « Le Courage » de Laëtitia Riss, prix d’excellence 2020 ont trouvé une résonance toute particulière aux oreilles d’un jury unanime. En cette période de confinement, sombre, où les décomptes macabres se succèdent aux craintes de récession, il fallait trouver les bons mots, les mots justes, les « mots bleus » pour offrir un ciel de lecture à l’avenant, le temps d’un poème.

« Qu’est-ce donc le courage ? » nous interpelle Lilly Bayle-Cursoux, hôtesse de l’air sur British Airways depuis 20 ans à Hong-Kong, toute « sonnée » par son prix de l’originalité, « si ce n’est s’enhardir pour sortir du cadrage ? ».

On peut sans doute lui faire confiance pour prendre de la hauteur ces derniers temps. Et puis, tout en restant chez soi, sortir de la torpeur, de la « solitude » avec le poème du même nom, écrit par Mak Sui Hin  麥瑞顯 , architecte, et dont la musicalité des nymphéas « seuls dans la foule » nous a charmé.

Pourquoi ne pas se retrancher dans une « cavité indestructible » pour mieux se préparer au combat ? A l’instar de Sarah Ben Tkhayet en seconde B au Lycée Francais International (qui avait déjà remporté le prix l’an passé) dans un texte truffé de références mythologiques où l’on suit des Ajax et des Hercule, au courage trempé dans l’iridium, tenter de pourfendre « avec une rage de Cerbère » une molécule maudite : la peur ! Il faudrait pour cela savoir raison garder à l’image du « Descartes » de Gary Lai, prix de l’Alliance française qui nous emporte dans sa méditation métaphysico-poétique et dans une langue impeccable : « S’il y a une vérité absolue, c’est que je suis un chose qui pense. Je suis un prisonnier de cet univers, mais j’ai un esprit indépendant qui me permet d’explorer courageusement »

Bravo à tous les lauréats et à tous les participants qui ont su tremper dans l’encrier du talent, un courage tout en mots.

 

Prix d’excellence : poème « Le Courage«

de Laëtitia Riss

 

17 votes au total toutes catégories confondues dont 8 dans l’excellence.

 

Le Courage

 

J’ai reçu la poésie comme une blessure

que le soleil ne peut guérir

plaie ouverte sur l’avenir

comme une griffure sur l’azur

 

à mesure qu’elle perdure

coeur brûlant, coeur d’armure

et toujours un murmure

dans le bruit des courants

une voix chante l’homme vivant

passe aux allures des vents

lacère l’air de ses ailes de sang

 

l’urgence a cessé d’attendre

ses signes noirs aux passants

elle cherche la poudrière l’encre

pour la dire : elle brûle la main

elle s’excuse mais déjà demain

recommence il mise sur l’usure

lâches sont les armes du temps

 

courage cours encore à l’orage

et ta douleur au creux des nuages

sera ta douceur, règne du saccage

souveraine des furieux outrages

un sourire d’abîme contre la peine

et les grandes marées humaines

où des larmes naissent les sirènes

 

j’ai reçu la poésie comme une blessure

que le soleil ne peut parfaire

empreinte boréale de l’éclair

comme la lumière des nuits polaires