Chronique

Au mois de mai, fais ce qu’il te plait !

Hong-Kong se réveille jour après jour, encouragée par la levée progressive des restrictions sanitaires. Le mois de Mai tombe à pic et il ne tient qu’à chacun d’en profiter ! Pour ma part, entre plaisirs gustatifs et artistiques, j’ai continué à déambuler dans cette belle ville et j’y ai fait d’autres découvertes.

Par Anne Suquet

Le roi et la reine des fruits : le durian et le mangoustan

A Hong-Kong, la « saison durian » bat son plein. Depuis quelques semaines, nul ne peut manquer le « roi des fruits » tant son odeur est omniprésente sur les étals des marchés. Pour ceux qui ne le connaissent pas, il peut être considéré comme étrange et exotique par son apparence, son odeur et son goût.

Ce fruit rond et épineux attend patiemment sa maturité pour, un jour, tomber de son arbre qui peut parfois atteindre 40 mètres de hauteur. On raconte que le durian a des yeux et qu’il veille à ne pas tomber aux heures où les gens pourraient être ses victimes. Malgré tout, il vaut mieux rester prudent !

L’utilisation la plus courante du durian est la consommation directe de la pulpe molle qui enveloppe les graines, connue sous le nom d’arille. Pour les occidentaux, déguster ce fruit est comme un test ultime, celui qui oblige à un certain courage voire de la témérité.

Certains disent qu’il faut en manger 7 fois, et qu’ensuite on est prêt à percevoir sa délicatesse et sa subtilité. Pour ma part, je pense que l’on n’est pas tous égaux en matière de goût et que l’appréciation des arômes dépend du bagage culturel de chacun.

J’ai pu, à l’occasion, goûter ses arilles charnus de couleur crème et j’en garde plutôt un bon souvenir : le goût d’une riche crème pâtissière au parfum d’amande, un goût de « reviens-y ». Mais je suis toujours autant surprise par son odeur lorsque je la devine au détour d’une rue !

Plus discret, son petit frère, le mangoustan n’est pas en reste ! La Reine Victoria d’Angleterre en avait fait son fruit favori, offrant même le titre de chevalier à quiconque pouvait lui en assurer un approvisionnement régulier. Il pousse également dans des zones chaudes et humides. De forme arrondie et de la taille d’une petite orange, il ne faut pas se laisser impressionner par son épaisse peau, nommée péricarpe qui prend la couleur violette quand le mangoustan est mûr.

Du bout des doigts, une simple pression de chaque côté suffit à l’ouvrir comme un écrin protégeant sa chair désaltérante, blanche nacrée, juteuse, exquise, sucrée mais légèrement acide. Lorsque je le déguste, j’y décèle un parfum de pêche tandis que d’autres y trouvent le goût d’ananas ou de framboise.

J’ai découvert combien ces deux fruits sont aussi d’excellents alicaments. Alors que le « roi des fruits » est considéré comme « réchauffant » en raison de sa saveur riche et lourde, sa consommation augmentant la température corporelle, au contraire, la « reine des fruits » possède des propriétés « refroidissantes ».

Tandis que le durian contient un nombre impressionnant de vitamines et de minéraux, le mangoustan possède une haute teneur en xanthones et de puissants antioxydants naturels. A l’occasion de leur consommation, le durian peut aider à améliorer le processus de digestion tandis que le mangoustan à ralentir le vieillissement de la peau et à redonner du tonus en cas de fatigue. Il ne faut donc pas s’en priver !

Hong-Kong, une ville d’art.

J’ai reçu une invitation pour le vernissage de l’exposition collective « Contrasting Confluences » organisée à la Whitestone Gallery, située dans le quartier central de Hong-Kong ! En mai et juin, la galerie présente deux artistes français Clément Denis et Fabien Verschaere, à travers une sélection de leurs œuvres à l’acrylique, à l’huile et à l’aquarelle, allant de l’abstraction à la figuration. Une belle occasion de sortie !

L’oeuvre de Clément Denis m’a questionnée. Sa peinture de l’écoulement de l’eau, ses portraits d’oiseaux pendant le confinement dû à la pandémie m’ont aussi beaucoup émue. Sa réflexion sur le changement climatique implacable, ses conséquences sur la nature, et sur la place de l’homme face à cette réalité, a su rencontrer ma propre réflexion. De son côté, Fabien Verschaere a stimulé mon imagination. Il invite les visiteurs à découvrir son monde abstrait fait de rêves et de cauchemars, faisant appel au monde du cirque, de contes de fées, de la bande dessinée et de ses propres fantasmes. Belle découverte que ces deux artistes de mon pays et satisfaction de voir leur succès auprès du public hongkongais.

Mais, mon expérience d’immersion artistique ne s’arrête pas là car j’ai pu également admirer d’autres œuvres venant du monde entier à « Art Central », le grand salon d’art annuel de printemps organisé en même temps qu’Art Basel. Créé en 2014 pour présenter l’art asiatique des XXe et XXIe siècles, ce rendez-vous est devenu incontournable car il comprend d’ordinaire plus de 100 galeries. Des œuvres d’artistes jeunes et dynamiques y côtoient celles de noms mieux établis. J’y ai fait la rencontre de Joe Li.

Joe est un sculpteur contemporain qui souhaite insuffler son expérience de vie dans ses créations dans une approche sensible et expressive. Il encourage le public à considérer ses œuvres comme ce qu’elles sont simplement, et à y projeter sa propre expérience de vie.

C’est ce qui m’est arrivée en voyant cette sculpture « d’arbre maison » faite de racines et de branches aussi longues les unes que les autres. Emotions, souvenirs ont envahi mon esprit. Magique Monsieur Joe !

A l’occasion de cet événement, j’ai pu mesurer combien Hong-Kong joue un rôle de passeur et constitue un véritable pont entre la Chine et l’Occident y compris dans le domaine de l’art. J’ai été surprise par le pouvoir d’attraction de l’art et par la jeunesse des amateurs et acheteurs d’art asiatiques.

Entre expériences gustative et artistique, le mois de mai m’aura donc comblée !