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Alain Li : « Être à l’écoute de nos membres »

Alain Li, Directeur général Asie-Pacifique du groupe de luxe « Richemont », a été élu Président de la Chambre de commerce française de Hong-Kong le 29 septembre. Chargé de superviser et de cultiver la présence et le développement de certaines des marques de luxe les plus convoitées au monde dans la région, Alain Li a décidé de mettre son expérience et son expertise au service de la communauté d’affaires française. Il a accepté de répondre à nos questions. 

Propos recueillis par Catya Martin

Le nouveau président de la « French Chamber », Alain Li a décidé de prendre d’ici quelques mois sa retraite au sein du groupe de luxe « Richemont » et se consacrera pleinement au développement de la Chambre française. Découvrir les membres, favoriser les relations franco-hongkongaises, être à l’écoute des besoins des membres, accueillir une nouvelle génération d’entrepreneurs, voir si les comités répondent bien aux besoins ou encore impliquer l’ensemble des intervenants institutionnels pour soutenir les actions de la Chambre, sont inscrits dans sa feuille de route. « Avec le soutien du Comité exécutif et de l’équipe dévouée de la Chambre, je ferai tout mon possible pour sauvegarder les intérêts de nos membres et pour promouvoir des opportunités continues de croissance et de collaboration dans le cadre d’un écosystème local et d’un réseau international de Chambres françaises (CCIFI) », a déclaré Alain Li à la suite de son élection.

Trait d’union : Vous avez participé à la présence des plus grandes marques de luxe dans la région. Quel est votre regard sur le marché du luxe après la crise sanitaire ?

Alain Li : Le marché du luxe global se porte toujours bien et a continué à croitre, et ce même durant la crise, ce qui peut être une surprise pour beaucoup. Nous avons au sein du groupe des « maisons » qui ont plus de 200 ans d’histoire et qui ont donc eu à vivre d’autres crises.

Qu’est-ce qui vous guide dans votre parcours professionnel ?

J’ai une formation d’expert-comptable et ai la chance d’avoir travaillé dans différentes industries. J’ai eu beaucoup de chance dans l’évolution de ma carrière, jusqu’à ce stade et, dans la vie, il faut toujours reconnaître quand on a de la chance.

En 2001 j’ai eu l’opportunité de revenir à Hong-Kong, c’était vraiment le bon moment pour moi au niveau professionnel. C’était dans l’électronique avec un entrepreneur hongkongais qui avait trois sociétés du groupe cotées en bourse, deux à Singapour et une à Hong-Kong. J’ai beaucoup appris de cette expérience et toujours par chance, en 2006, Richemont cherchait quelqu’un pour prendre le poste de directeur général pour la région, au moment où Richemont Chine a été créée. Bien que ne venant pas du milieu du luxe, le fait d’avoir développé des marques, avec la société hongkongaise, m’a donné une expérience, aussi bien dans le retail que la distribution, et une expertise qui correspondaient aux besoins de Richemont.

Pourquoi avoir décidé, maintenant, de vous engager plus fortement, au sein de la Chambre de commerce française ?

Je suis de nationalité française, ma mère est française et mon père chinois hongkongais, et j’ai donc un réel attachement avec les deux cultures. J’ai toujours été proche de la communauté française ici à Hong-Kong.

Personnellement, très attaché à ces deux cultures, j’ai sponsorisé, il y a 10 ans, un livre sur les 150 ans des relations entre la France et Hong-Kong. J’ai aussi une expérience professionnelle avec les deux continents, l’Asie et l’Europe. Je pense donc pouvoir servir la communauté française ici à Hong-Kong, et aussi faire le lien avec la communauté hongkongaise.

De plus, à titre personnel, je vais prendre d’ici quelques mois ma retraite au sein du groupe Richemont, donc lorsque l’on m’a approché pour la présidence de la French Chamber, j’ai d’abord été très flatté et puis très motivé pour me consacrer à la communauté d’affaires françaises en tant que président.

Quelle est votre feuille de route pour la French Chamber ?

D’abord découvrir et être à l’écoute de nos membres. 

Nous avons dû faire face à beaucoup de changements ces dernières années avec des départs mais aussi, et heureusement, des arrivées.

Donc ma priorité est de comprendre les attentes et les besoins des membres et aussi de revoir si les 17 comités de la Chambre ont tout ce qu’il faut pour pouvoir agir efficacement et servir les membres. Entre les grandes sociétés que l’on connaît et les entrepreneurs qui sont de plus en plus importants, les besoins ne sont pas forcément les mêmes.

Autre priorité, communiquer avec les autorités de Hong-Kong et la communauté hongkongaise sur ce que les entreprises françaises peuvent offrir et connaître aussi les attentes des sociétés pour pouvoir se développer.

Être un pont entre la communauté française d’affaires et la communauté hongkongaise ?

Oui absolument

Justement, comment allez-vous travailler avec les autorités locales d’une part et consulaires de l’autre ?

Un des avantages de Hong-Kong est que les personnes de tous niveaux sont très ouvertes et il est facile d’organiser des rencontres de qualité et fréquentes. 

J’ai déjà reçu beaucoup d’invitation à participer à des forums et des discussions. J’espère vraiment être à l’écoute et ensuite rencontrer tout cet écosystème, pouvoir transmettre les messages nécessaires soulevés par nos membres et aussi donner des opinions à ce nouveau gouvernement de Hong-Kong.

Et qu’en est-il des intervenants institutionnels français (business France, les CCE, le service éco du consulat, …) ?

Je suis membre des CCE depuis 18 mois et ai donc beaucoup appris de cette organisation et nous accueillons une nouvelle consule générale, qui parle couramment le mandarin et a passé plusieurs années à Pékin, je pense donc qu’il y a beaucoup d’échanges très riches qui vont se présenter et en plus nous avons la chance au sein de la Chambre d’avoir une gouvernance de qualité avec nos 40 conseillers élus dont la moitié sont nouveaux. 

Nous avons donc tous cet optimisme pour travailler sur le développement et la prochaine étape du développement de Hong-Kong allant au-delà avec la GBA mais aussi l’Asie pacifique avec un grand nombre de siège régional basés à Hong-Kong qui jouent donc un rôle très important au niveau de la Chine mais aussi de la région.

Programme ambitieux et donc à long terme.

Oui, je n’ai pas l’intention de quitter Hong-Kong. Mes deux filles sont là et depuis un an j’ai une petite fille et un petit-fils qui va arriver bientôt, je n’ai donc pas l’intention de partir.

Vous avez autour de vous une équipe assez jeune, est-ce une volonté ?

C’est plus le fait d’avoir une représentation de ce qu’est la communauté d’affaires ici à Hong-Kong. Il y a beaucoup de jeunes entrepreneurs aujourd’hui à Hong-Kong. Certains sont là depuis une vingtaine d’année et d’autre depuis moins de 10 ans. Je veux leur donner la possibilité de s’exprimer et de s’impliquer au sein de la Chambre. C’est vraiment important d’être à l’écoute de cette génération qui représente l’avenir.

Comment voyez-vous votre rôle de président ?

Apporter une expérience et une expertise à l’équipe, placée sous la direction de Stéphanie Dodin, la nouvelle directrice générale.

Avec le Comex, mettre en place les ressources nécessaires pour accompagner nos comités et l’équipe de la Chambre et ainsi pouvoir porter les messages clés qui viennent de nos membres aux autorités que j’espère pouvoir influencer sur certaines décisions importantes pour nos membres.

Il y a d’un côté le travail plus opérationnel au quotidien avec le soutien apporté aux membres, et de l’autre, un aspect plus stratégique pour la Chambre avec les messages forts à faire passer.

Justement, avez-vous un message pour la communauté d’affaires française présente à Hong-Kong ?

D’abord je souhaite remercier la communauté française pour sa solidarité, surtout avec cette crise. La contribution de la communauté est très large à Hong-Kong, entre la finance, le luxe, l’hôtellerie, la Tech ou encore l’éducation. Notre communauté peut être très fière de ce qu’elle fait aujourd’hui à Hong-Kong.

Solidarité aussi que j’ai trouvé au niveau de la Chambre et de nos membres lors des différentes rencontres effectuées depuis que j’ai pris la présidence.

Mon message est de dire qu’il faut garder cet optimisme sur l’avenir de Hong-Kong, en tant que président, je suis à leur écoute et à leur service, il ne faut donc pas hésiter à frapper à la porte. La Chambre est au service de ses membres et totalement dédiée à cette tâche.

Le comité exécutif : 

Vice-président : Bruno Le Saint (Natixis) 

Vice-président : Edouard O’Neill (Crédit Agricole Corporate 

and Investment Bank) 

Secrétaire Général : Nicolas Vanderchmitt (LPA-CGR Avocats) 

Trésorier : Laurent Clouté (Saint Laurent)

Président de la Fondation de la Chambre de Commerce Française : Luc Moulin (Accenture) 

Membres exécutifs : 

Mary Chiu (Blackhorn Wealth Management) 

Laurent Doucet (Roland Berger) 

Julien-Loïc Garin (Le Cercle Limited) 

Eva Yu (L’Oréal Hong-Kong) 

Hacène Taibi (BistroChat) 

Paul Yang (BNP Paribas)