Evasion

A déguster sans modération

Producteur de fromages depuis plus de 30 ans, Pascal Beillevaire a su développer son activité et importer son savoir-faire à travers le monde.

Madrid s’étend langoureusement au centre géographique de la péninsule ibérique. Située au cœur des plaines centrales, au climat continental, elle est froide l’hiver et écrasée de chaleur quand viennent les beaux jours. Loin des mers, aucun fleuve majeur ne la traverse. Ceci explique peut-être son isolement relatif. Or, pour celui qui prend le temps d’y venir et de l’explorer, on y découvre une face cachée et une âme que l’on aurait pu croire fière et froide, mais qui, tout au contraire, se révèle être chaleureuse, attachante et surtout si vigoureusement hispanique. Voici donc l’histoire d’une redécouverte.

Une première apparence trompeuse

La première impression est celle d’une ville monumentale, à l’architecture classique un peu lourde, majestueuse pourtant. Celle d’une capitale royale, qui a longtemps régné sur un empire colonial et linguistique. Le gigantesque palais royal (1) du XVIIIème siècle et sa cathédrale (2) sont les témoins de ses racines politiques et religieuses. De grands parcs, de larges avenues, des arches, un superbe paseo ombragé, surnommé ‘Paseo del Arte’ (promenade de l’art). Cette élégante promenade va de la Plaza de Cybèle (3) dominée par le palais des communications  (4), jusqu’à l’imposante gare Atocha (5), en passant devant le musée national du Prado (6), lieu incontournable de l’art ibérique : Goya, El Gréco, Velázquez… Madrid a, sans conteste, des allures de capitale. Hormis le Prado, la culture y tient une place prépondérante comme dans beaucoup de villes européennes. Le musée Thyssen (7), face au Prado, est le siège d’expositions internationales majeures. Le musée de la reine Sofia (8) est tout aussi extraordinaire, rappelant un tant soit peu, le centre Pompidou de Paris. Temple incontesté de l’art moderne, à l’intérieur d’un ancien couvent, on y trouve des Picasso – dont le célèbre Guernica – , mais aussi des Miró, des Dali, des Max Ernst, des sculptures de Calder et de Dubuffet, et puis une collection impressionnante de photographies des premiers grands maîtres : Ansel Adams, Cartier-Bresson, Brassaï, Robert Doisneau et bien d’autres encore.

Une ville de squares et de places

Or, tout ceci n’est qu’un vernis pour celui qui y débarque. Madrid, c’est bien plus que cela. Son cœur véritable est à l’intérieur de la vieille ville. Concentrique, resserrée, c’est un véritable labyrinthe de petites rues ombragées, presque entièrement dépourvues de circulation automobile. On y découvre d’élégantes constructions qui sentent bon l’Espagne profonde. 

Voilà pour ce qu’il en est d’une deuxième impression ! Il y a mieux encore. On s’aperçoit ensuite que les devantures de magasins, de cafés, de restaurants, ont un caractère suranné bien caractéristique. S’ils datent d’une autre ère, ils n’en demeurent pas moins joliment préservés. Tant et si bien que l’on se pose alors la question de savoir à quelle époque on peut bien être. Ou bien, si l’on est pas entré tout à coup dans un lieu exotique et lointain. Attendez, ce n’est pas fini ! Bien sûr, il y a aussi toutes ces faïences murales qui font office d’enseignes. Et puis surtout, on s’aperçoit vite que l’on évolue de placettes en places, dans une succession jamais rencontrée auparavant. Force alors de constater que c’est justement ce qui donne à cette ville son charme fou !

Jalonnons-en le parcours. Il y a tout d’abord de grandes et de petites places monumentales. La place Mayor (9) est la plus célèbre avec ses arcades, ses peintures murales et une architecture bien définie. Alors, c’est peut-être le moment de s’asseoir à la terrasse d’un de ses nombreux cafés : « Señor por favor, une bière bien fraîche » ! A moins que ce soit encore le matin ou en milieu d’après-midi. L’heure d’y déguster un chocolat chaud accompagné de churros, ces délicieux beignets longs au sucre. En allant un peu plus loin, en direction du palais royal, il y a une ravissante petite place baroque : la Plaza de la Villa (10). Faisant face au palais (Palacio Real), la place d’Orient (11) (Plaza de Oriente) est un jardin à la française, inspiré par Joseph Bonaparte et entouré d’élégantes constructions bourgeoises. Il y a aussi l’imposante place d’Espagne (12) (Plaza de España) ou bien encore l’incontournable Plaza de la Puerta del Sol (13). Pourtant l’une des places des plus vibrantes demeure, sans nul doute, la Plaza Santa Anna (14), au cœur de la vieille ville. C’est ici qu’il faut venir à toute heure de la journée ou de la nuit pour y prendre un verre ou bien manger des tapas. Or ce vieux quartier madrilène de Huertas où elle se trouve, n’est qu’une succession de ruelles et de mini squares, tous aussi charmants, les uns que les autres.

Un charme fou et tellement latin

Assurément, la capitale espagnole a un charme extravagant et tant pis si vous pensiez que seule Barcelone en avait la primeur !

Car le soir venu, on croirait la ville en fête ! Bars et restaurants s’animent. Il y a foule dans ce quartier de Santa Anna / Huertas et on se sent soudain envahi par cette ambiance de fiesta latine. C’est l’heure des tapas et de la sangria. Entrons dans cet énigmatique « Museo del Jamon »’ (littéralement, « le musée du jambon ») pour y découvrir sa collection de jambons crus exposés au dessus d’un bar, bruyant, plein à craquer, et où l’on vient consommer du vin, accompagné de tapas, dans une ambiance chaude et sympathique. Comme dans la chanson d’Edith Piaf, laissez-vous alors emporter par la foule, et naviguez de bars en bars. Nul n’est besoin d’y entrer. Errez dans ces ruelles animées pour en admirer l’agitation nocturne et la devanture de ses établissements. Madre mia ! Madrid est une véritable ensorceleuse ! 

Boire et manger espagnol, on peut également le faire de manière agréable dans la journée en allant au marché San Miguel (15) (Mercado de San Miguel). Situé tout à côté de la Plaza Mayor, ce marché couvert, entièrement restauré de neuf, est devenu une vitrine touristique certes, mais tellement authentique qu’on lui pardonne sa popularité. Alors, si vous n’aviez pas encore mangé de paella, ou de tapas arrosés d’une sangria ou d’un verre de vin d’Espagne, c’est assurément le lieu où venir à midi ou le soir à l’heure de l’apéritif. Hombre, salud !

Ainsi donc, cette ville que l’on aurait crue altière tout d’abord, se révèle charmeuse et avenante. Elle offre tout ce que l’Espagne éternelle recèle, de la table à la culture. Qui aurait pensé qu’au cœur géographique de la péninsule ibérique, il y aurait cette belle ensorceleuse qui pourrait faire vibrer toutes nos cordes sensibles ! Certes, la Castille n’est pas la Catalogne, langage mis à part. Barcelone a certes un charme qui en fait une des plus belles villes d’Europe. Il faut rendre à César ce qui est à César et réhabiliter toute image erronée : Madrid est une cité tout aussi vibrante. Viva España !

1.    http://www.spain.info/fr/quequieres/arte/monumentos/madrid/palacio_real.html
2.    http://www.tomadrid.com/fr/guide_madrid/meilleurs_monuments_madrid/cathedrale_de_la_almudena_a_madrid
3.    http://www.spain.info/fr/lugares-interes/madrid/plaza_de_cibeles.html
4.    http://fr.wikipedia.org/wiki/Palais_des_Communications
5.    http://leportailferroviaire.free.fr/tgv/atocha.htm
6.    https://www.museodelprado.es/en/
7.    http://www.museothyssen.org/en/thyssen/home
8.    http://www.museoreinasofia.es/en#
9.    http://www.spain.info/fr/que-quieres/arte/monumentos/madrid/plaza_mayor.html
10.    http://www.linternaute.com/voyage/espagne/madrid/monument/la-plaza-de-la-villa/
11.    http://www.spain.info/fr/que-quieres/arte/monumentos/madrid/plaza_de_oriente.html
12.    http://fr.wikipedia.org/wiki/Plaza_de_España_(Madrid)
13.    http://www.spain.info/fr/quequieres/arte/monumentos/madrid/puerta_del_sol.html
14.    http://www.cityzeum.com/plaza-de-santa-ana
15.    http://www.spain.info/fr/lugares-interes/madrid/mercado_de_san_miguel.html