2017 : année des femmes en Asie-Pacifique ?
2017 pourrait être une année importante pour les femmes au niveau de la région Asie-Pacifique. Une raison à cela, depuis 2013 une politique régionale visant à développer l’impact et l’influence des micros, petites et moyennes entreprises est mise en place avec, comme aspect important, une reconnaissance accrue du rôle des femmes dans le développement économique de la région.
Par Dr Antoine Martin*
La région Asie-Pacifique par l’intermédiaire de l’APEC (Asia-Pacific Economic Cooperation) conduit en ce moment des politiques de plus en plus volontaristes et progressistes visant à accentuer le développement des micros, petites et moyennes entreprises (SMEs) dans la région, ainsi que l’influence des femmes sur ce développement.
En 2017, en particulier, la synergie entre SMEs et femmes est devenue politiquement criante, avec plusieurs constats maintenant formulés par les leaders régionaux.
D’une part, les SMEs sont l’un des acteurs économiques majeurs de la région. Selon les chiffres de l’APEC, ces dernières représenteraient jusqu’à 97 % des entreprises régionales. Elles emploieraient plus de la moitié de la force de travail active et d’une manière plus générale, généreraient entre 20 % et 50 % du PIB des pays membres – avec évidement des écarts plus ou moins importants d’un pays à l’autre.
D’autre part, l’APEC souligne le rôle important que les femmes jouent dans le développement économique de la région.
Un groupe de travail a été créé spécifiquement au niveau de l’organisation, avec pour mission principale la mise en place d’un plan de travail étalé entre 2017 et 2020 afin de promouvoir le développement du tissu économique des SMEs.
Au programme, un certain nombre d’efforts et de politiques de développement en lien avec l’entrepreneuriat, l’innovation, l’accès au financement des entreprises, le développement de leur capacité productive, un meilleur accès aux marchés régionaux et la promotion d’un écosystème propice. Point significatif de cet écosystème: la reconnaissance du rôle économique des femmes et un travail particulier sur la mise en place d’opérations de sensibilisation à l’entrepreneuriat au féminin.
Ce travail n’a rien d’original. Au contraire, il est en parfaite continuité avec plusieurs initiatives conduites depuis 2013, quand avait été rédigée la première déclaration commune des représentants de l’APEC sur les problématiques concernant femmes et SMEs.
Simplement, les leaders régionaux se sont accordés sur l’idée que la contribution des femmes au développement de l’économie régionale ne pouvait plus être ignorée. Cette contribution a donc été identifiée, caractérisée de remarquable, comme participant à l’amélioration de l’emploi d’une manière générale et comme étant nécessaire à l’innovation et au développement des communautés locales.
Les leaders se sont également accordés sur la nécessité de mettre au point une synergie (comprendre une action coordonnée) afin de promouvoir une culture d’entreprise plus progressiste et de donner aux femmes le pouvoir économique dont elles ont besoin.
Depuis 2014, un travail important a par ailleurs été effectué – avec le soutien financier de l’Australie – pour identifier les différentes barrières susceptibles d’empêcher ou de diminuer l’implication des femmes dans le tissu et le développement économique des pays membres de l’APEC.
Depuis 2016, de nouvelles actions sont donc élaborées pour réagir et adresser les différents points identifiés.
En Mars de cette année à Sydney, les représentants régionaux discutaient notamment l’augmentation des efforts relatifs à l’éducation et à la formation de la société civile et des régulateurs chargés de réformer les systèmes, afin de faciliter l’élaboration de règles du jeu plus favorables aux femmes.
Cela pourrait passer, par exemple, par une réforme des droits du travail nationaux potentiellement discriminatoires, par l’amélioration des dispositifs relatifs à la garde et à l’éducation des enfants, à la création de méthodes éducatives pour les femmes, ou encore au fait de faciliter l’accès de ces dernières aux marchés à une échelle plus large.
Concrètement, les efforts pourraient porter aussi bien sur des entreprises produisant du tissu dans des villages aux Philippines que sur des entreprises technologiques dirigées par des femmes au Pérou. En Novembre prochain, un forum pour l’entrepreneuriat féminin (l’APEC Women Business Leaders Forum) aura d’ailleurs lieu en Corée.
Reste à savoir dans quelle mesure ces efforts auront un impact concret et mesurable. D’un point de vue politique, en revanche, l’effort est suffisamment majeur pour être souligné. Affaire à suivre…
* Universitaire (The Chinese University of Hong-Kong), spécialiste des sujets de mondialisation et de négociations commerciales internationales.
Antoine Martin dirige par ailleurs ‘The Asia-Pacific Circle’, un groupe de réflexion spécialisé dans le suivi des tendances touchant la région Asie-Pacifique. Pour plus d’informations: www.asiapacificcircle.org