Economie

Une décoration d’intérieur durable, c’est possible !

Arrivée à Hong-Kong il y a trois ans, Charlotte Gavelle, n’avait pas prévu d’y rester. Après une tentative d’installation en Nouvelle-Zélande et dix années passées en Angleterre, l’ancienne colonie britannique devient donc son port d’attache mais sans véritabe passion. Après une transition difficile, la jeune française se sent enfin chez elle dans le port aux parfums et décide de se lancer dans l’entreprenariat. Diplômée de l’Insight School of Interior Design et forte de deux ans d’expérience, elle crée sa société et enchaîne les rénovations d’appartements. Nous avons rencontré cette jeune décoratrice d’intérieur qui nous parle de son métier et de ses passions. 

Par Catya Martin

 

Trait d’union : Quelle est votre spécialité ?

Charlotte Gavelle : Mes points forts sont la conceptualisation ainsi qu’une forte affinité pour les couleurs, le design des meubles et les matériaux naturels. Les éléments clés de mes créations sont la fluidité et le confort pour les habitants de la maison. J’aime aussi mélanger l’ancien et le nouveau pour créer des intérieurs intemporels qui dureront.

Ayant mené la vie d’une expatriée à Londres, en Nouvelle-Zélande et à Hong-Kong, je sais que Hong-Kong peut être un endroit intimidant, je pense donc pouvoir aider à naviguer dans la ville et permettre de trouver exactement ce que mes clients cherchent. 

Je travaille avec une équipe de spécialistes et d’artisans locaux pour répondre aux besoins des clients : ébénistes, tapissiers, en passant par la conception de meubles personnalisés. 

 

Pourquoi ce choix de devenir entrepreneur ?

Je suis une de ces “trailing spouses” qui ont saisi l’opportunité donnée par la ville de suivre leurs rêves et de créer leur propre entreprise. Parmi les entrepreneurs locaux, il y a une solidarité et la sensation d’apprendre tous ensemble, une véritable entraide, car tout le monde repart à zéro. Il y a aussi une flexibilité que le travail en studio ne permet pas. Avec la pandémie, je dois souvent travailler le soir plutôt que le matin! C’est cette combinaison de facteurs qui m’ont permis de me lancer à la poursuite de ce rêve d’enfance! Bien que réticente au départ, aujourd’hui j’ai conscience qu’Hong-Kong m’a notamment permis d’étendre ma perception de l’esthétique, beaucoup de la beauté de la ville est précisément dans sa décrépitude et son exotisme. M’ouvrir à ces inspirations m’a énormément apporté en tant que designer et photographe amateur. 

 

Le travail de design ici est-il différent de l’Europe ?

Hong-Kong est un animal à part. L’esthétique, du moins telle qu’on la conçoit en tant qu’Européen, n’est pas forcément au cœur de la vie. Il y a très peu de stocks de mobilier, pas de grands magasins de bricolage, pas ou peu de boutiques de décoration, encore moins dans les styles européens/français. Il faut savoir explorer la ville, découvrir les artisans, rentrer dans les échoppes, fouiller dans des allées remplies de bric-à-brac pour en dénicher les trésors. En revanche, il est plus facile d’y faire faire des meubles ou des draperies sur mesure… C’est aussi une opportunité de chiner des antiquités chinoises qui seront autant de pièces uniques au moment du retour.

 

Que proposez-vous de différent ?

Dans le climat actuel de prise de conscience autour du réchauffement climatique, mon approche est de proposer des intérieurs durables avec des meubles qui pourront être conservés ou qui ont été recyclés, j’utilise aussi de la peinture non nocive, des textiles les plus naturels possible. 

Réduire son impact n’est pas chose aisée, quand on considère tout ce qu’il faut prendre en compte, de la production, en passant par la manufacture, la durée de vie et le transport, mais ma mission est d’aider mes clients à y voir plus clair et à consommer autrement.

 

 

Depuis le lancement de votre activité, quelle est votre plus grande fierté ?

Mon activité est encore récente, mais le sentiment de livraison du produit fini est incomparable. Savoir que mes clients ont reçu des compliments sur leur nouvel intérieur est extrêmement gratifiant. Il s’agit d’améliorer le quotidien des gens, de leur permettre de se sentir bien chez eux, même s’ils vivent très loin de leur pays d’origine. Je suis aussi particulièrement fière d’avoir été choisie, parmi les étudiants de ma promotion, par une ancienne professeure d’Insight pour collaborer avec elle.

 

Quels sont les projets que vous avez en cours ?

Je viens de finir un projet de Penthouse “Exotique à la française” à Pacific View pour un couple amoureux d’art et de couleurs et je vais commencer une collaboration sur deux projets résidentiels dans le Southside de Hong-Kong Island.

 

Quel est votre rêve de “designer” ?

Je suis passionnée par la biophilie et le biomimétisme appliqués aux domaines de l’architecture et du développement de nouveaux matériaux. Mon rêve est de réussir à intégrer ces aspects dans mes projets. La pandémie nous force à repenser nos liens et notre dépendance vis-à-vis de notre environnement, cet extérieur dont nous avons été privés et qui nous a si cruellement manqué. Parce que nous transformons ce que nous utilisons, nous avons oublié que la nature est notre habitat originel et à quel point nous en sommes dépendants. Mais les éléments du design, les matériaux, la lumière, les plantes sont autant de choses par lesquelles la nature rentre chez nous!